On se souvient que NicolasSarkozy qualifiait naguère de « fable » l’idée selon laquelle l’attentat de Karachi en 2002, qui a valu la mort à onze employés français de la Direction des constructions navales, aurait été une réponse à des rétrocommissions occultes sur des contrats d’armement avec le Pakistan, rétrocommissions qui auraient alimenté la campagne d’Edouard Balladur en 1995 (alors candidat aux élections présidentielles). Apparemment, il y a de fortes chances que la « fable » selon NicolasSarkozy n’en soit pas une : le juge Renaud Van Ruymbeke a fait le lien entre les rétrocommissions et un contrat avec un politologue américain, Paul Manafort, auteur d’études pour évaluer les chances de réussite d’Édouard Balladur aux élections, un contrat s’élevant à 52 000 dollars. Le juge français a découvert que cette somme a été débitée le 22 mai 1995 d’un compte suisse appartenant à l’associé de Ziad Takkiedine (l’intermédiaire pour les rétrocommissions), Abdul Rahman El Assir.
Rappelons que dans le cadre de cette ténébreuse affaire, Ziad Takieddine,NicolasBazir ancien directeur de cabinet d’Edouard Balladur), Thierry Gaubert (ancien adjoint deNicolasBazire à Bercy) et Renaud Donnedieu de Vabres (ancien chargé de mission auprès de François Léotard, ministre de la défense en 1995) ont été mis en examen à la fin 2011.
Pour l’instant, rien ne prouve queNicolasSarkozy, alors porte-parole de la campagne de Balladur, soit impliqué dans cette collecte de fonds occulte. Mais quand on sait que pour sa propre campagne (lors des élections présidentielles) en 2007,NicolasSarkozy a très vraisemblablement bénéficié d’un soutien financier libyen (par les bons soins du colonel Kadhafi), ce sur quoi le juge Van Ruymbeke enquête, on se dit qu’il y a de forte chances pour queNicolasSarkozy ait participé aux agissements de la campagne balladurienne.
Heureusement qu’il existe en France des limiers tenaces de la trempe de Renaud Van Ruymbeke, sinon, rien de tout cela n’aurait jamais pu remonter des fonds boueux de la politique française. Et quand on pense que NicolasSarkozy, un des hussards noirs de la République française, se faisait passer naguère pour le chantre d’une « République irréprochable », on est pris de nausée.