On assiste depuis quelque temps à un déferlement déraisonnable d’hostilités à l’égard du ministre de l’intérieur auquel on prête des intentions contraires à l’éthique républicaine, qui iraient à l’encontre des Roms. Je constate que Mediapart sert de relais à ce qui semble relever d’un défoulement collectif à l’égard de Manuel Valls (cf. le billet Haro sur les Roms, ce sera sans nous).
Il serait bon qu’en la circonstance les gens de gauche (ceux en tout cas qui sont hostiles à Manuel Valls) sachent raison garder, comme l’a déclaré Ségolène Royale. On se demande d’ailleurs comment cette histoire de Leonarda, élève d’un établissement de Pontarlier, dans le Doubs, avant d’être expulsée pour le Kosovo, née en Italie d’un père Kosovar, qui a menti sur tout ou presque, a pu prendre pareille ampleur, alors que tout la situation de cette famille est montée de toutes pièces : même le certificat de mariage du père de Leonarda serait un faux.
Certes, la police a sans doute manqué de tact en appréhendant la jeune Leonarda à l’occasion d’une sortie scolaire, pour autant, la procédure était régulière, comme vient de le confirmer l’Inspection générale de l’Administration. Mais que juge-t-on ici ? Le fond ou la forme ? On dirait que la forme a pris le pas sur le fond, à l’allure où vont les choses. La République française est ce qu’elle est, elle a ses règles, ses lois, et quand des gens contreviennent à ses règles, qu’ils sont hors la loi, on les renvoie à leur pays d’origine. Comment faire autrement ?
Les lycéens ont sans doute les meilleures intentions du monde quand ils proclament que l’éducation ne devrait pas dépendre de pareils critères et que tout le monde devrait avoir droit à l’instruction, certes, mais la France est bien forcée de réguler (voire d’endiguer) son immigration, à plus forte raison quand elle est clandestine, sinon, c’est l’implosion du système, à plus forte raison quand le système est déjà en crise, qu’il est déjà au bord de la rupture. S’y refuser ou faire la politique de l’autruche, c’est faire le lit des extrêmes, dont le FN.
On dirait que certains veulent faire de l’affaire Leonarda une affaire de principes. Alors tenons-nous-en aux principes : Leonarda et sa famille sont des immigrés illégaux, qui ont menti sur leur état civil, et qui ont regagné le Kosovo, conformément au droit français. Manuel Valls n’a fait qu’appliquer la loi française, et la police que se conformer au droit, même si, elle aurait été plus inspirée de ne pas intervenir dans le cadre scolaire. Que l’école soit sanctuarisée ? Quel est donc ce concept sans fondement ? Comme si l’école, comme jadis l’enceinte d’une église, pouvait, de part son statut, abriter et protéger des enfants qui n’ont rien à faire en France ? On le sent bien, cette affaire n’a aucun rapport avec le droit, elle agite les passions, comme d’autres agitent le chiffon rouge devant le taureau. Certes, Manuel Valls est d’origine espagnole, mais la France n’est pas une arène, ni la politique une corrida, ni Manuel Valls un taureau. On se trompe de combat en l’espèce. Manuel Valls n’est pas antirépublicain, il est ministre de l’intérieur, et à ce titre se doit d’appliquer certaines règles et de faire respecter les lois, sinon, c’est la porte ouverte à n’importe quoi. Avoir le cœur à gauche, cela ne veut pas dire que la raison n’a plus ses droits, même si, comme chacun sait « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ». Manuel Valls n’est pas ministre du coeur, ce qui ne veut pas dire qu’il n’en ait pas, mais ministre de l’intérieur. Et dans les entrailles d’un pays comme la France, on trouve toujours quelque part un cœur qui bat.