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Billet de blog 21 janvier 2015

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Le franc-parler du pape François

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le pape François, décidément, n’est pas un pape comme les autres. On se souvient que le 22 décembre de l’année dernière, le souverain pontife avait déjà malmené les prélats de la Curie romaine en leur faisant lecture, dans la solennité de la salle Clémentine, au Vatican, de la liste des quinze maux qui, à ses yeux, frappent les dignitaires de l’Église catholique. C’est ainsi que les responsables ecclésiastiques, interdits, s’étaient découverts des pathologies contraires à leur dignité supposée telles que l’Alzheimer spirituel ou encore la schizophrénie existentielle, sans parler d’autres syndromes comme ceux de  la mondanité, des rivalités, des calomnies ou encore de la zizanie.

Il est vrai que le pape François incarne une certaine rupture par rapport à ces prédécesseurs par sa volonté de réformer l’institution romaine, de la rendre plus humaine et plus proche du peuple, notamment des plus démunis. Ainsi le nom de François qu’il choisit, en référence à saint François d’Assise, le saint des pauvres. Et ce n’est pas un vain mot chez lui, car le pape François renonça d’emblée aux riches appartements pontificaux du saint-Siège où résident les papes pour vivre dans un modeste petit appartement au Vatican. Au moins ne pourra-t-on pas reprocher à ce réformateur dans l’âme de ne pas mettre en actes ses paroles.

François incarne aussi cette rupture par sa manière d’être et de parler. Tout récemment, dans l’avion qui le ramenait au Vatican, il eut ainsi cette familiarité étonnante pour un pape en exhortant ses ouailles catholiques à ne pas « se reproduire comme des lapins ». La comparaison n’est pas élogieuse, il va sans dire, et les catholiques confits en dévotion, pour qui tout ce qui tombe du ciel est béni, trouveront la parole quelque peu déroutante, pour ne pas dire offensante. En formulant les choses de la sorte, au risque de choquer la frange catholique la plus traditionaliste, le pape entend frapper les esprits et les sortir de leur léthargie pour les faire  réagir. Est-ce parce qu’il était en plein ciel que le pape prit cette hauteur s’agissant de pratiques humaines plus terre-à-terre ? Quoi qu’il en soit, cette audace langagière est sans pareille dans la bouche d’un souverain pontife, qui, loin de pontifier, n’en est que plus près des réalités du monde, tant il est vrai que la cuniculiculture est loin de la théologie catholique d’habitude plus empesée.

Espérons que la multiplication de ces tirades pontificales, comme celle des petits lapins, finira par ramener le peuple de Dieu dans le droit chemin, dans un cheminement de vie qui fait la part belle à plus de bon sens, à plus de justesse aussi, loin des sphères théoriques et intégristes où certains se complaisent, si loin de la vraie vie. 

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