Le Brexit, cette aberration du peuple britannique consistant à vouloir quitter le Vaisseau Europe après avoir écouté les sirènes fallacieuses de l’ancien parti présidé par Nigel Farage, YUKIP, le Brexit a touché coulé Theresa May, cette fille de pasteur persuadée que « where there’s a will, there’s a way ».
Mais la volonté de l’inflexible May n’a pas suffi, cette affaire de Brexit est ingérable, notamment en raison de l’épineuse question de la frontière qui sépare l’Ulster (l’Irlande du Nord) de l’Eire (la République d’Irlande), une question susceptible de raviver les tensions entre les communautés catholiques et protestantes et de mettre à mal les accords historiques de 1998 en Irlande du Nord obtenus de haute lutte après des décennies de conflit.
Le Brexit est une bombe à retardement susceptible de faire exploser l’union du Royaume dit Uni. Le trait d’union de Royaume-Uni n’a d’ailleurs jamais autant ressemblé à une ligne discontinue permettant son dépassement qu’à un trait digne de ce nom entre les diverses entités constituant le royaume britannique. D’autant que l’Écosse, pro-européenne, menace aussi de quitter le Royaume, plus désuni que jamais. Outre la menace d’implosion du royaume, le Brexit vient de révéler en quelques années l’écart considérable qu’il y a entre le peuple britannique et ses représentants au parlement de Westminster dont les partis traditionnels, dans l’état actuel de leur appareil politique, sont tout simplement incapables de coïncider avec la volonté populaire. Oui, c’est un divorce sans précédent que révèle le Brexit entre le peuple et ses responsables politiques.
Brexit, un terme abominable de bric et de broc pour parler du retrait de l’Europe du peuple sans doute le plus inventif de ce continent, le premier peuple à avoir introduit le parlementarisme en Europe, comme dans l’Antiquité la Grèce antique fut le premier peuple à avoir inventé la démocratie. Robert Graves, auteur britannique des Mythes grecs et des mythes celtes (La déesse Blanche), était d’ailleurs convaincu que les Brittoniques (les anciens celtes présents en Grande-Bretagne avant l’invasion saxonne) descendaient des Pélasges (nom donné par les Grecs anciens aux premiers habitants de la Grèce).
Le Brexit, une initiative périlleuse qui, loin de montrer la voie aux candidats de l’Union européenne à faire sécession, loin de battre en brèche l’espace constitué par l’Union européenne, le Brexit montre à quel point il est plus facile de tenir un discours sur une prétendue sortie de l’Europe que de mettre en œuvre un retrait effectif de l’Europe. Et pourtant, la Grande-Bretagne n’a jamais pleinement intégré l’Europe, elle a toujours tenu à garder sa monnaie, la livre britannique, pourtant, la Grande-Bretagne a toujours conservé la singularité de son insularité.
Marine le Pen, qui voyait dans le Brexit un exemple à suivre pour les autres États membres de l’Union européenne a peut-être fini par mesurer qu’il y avait loin de la coupe aux lèvres — si tant est que Madame le Pen mesure quoi que ce soit en réalité, qu’elle ait véritablement conscience de la chose politique en tant que levier sur les peuples et la constructions des espaces qui leur sont propres, qui constituent des pays, des États, dont les destins sont liés dans l’espace européen, quand elle, n’y voit qu’un jeu de pouvoirs et un échiquier politique où se constituent les nationalismes, qui je jaugent, s’affrontent et se défient lors de perpétuelles joutes.
Quant à Nigel Farage, un opportuniste irresponsable qui devrait être poursuivi pour allégations mensongères, lui, vient de fonder le parti du Brexit pour poursuivre son travail de sape contre l’Europe. Un parti qui devrait remporter haut la main les élections européennes organisées en Grande-Bretagne et permettre d’envoyer au parlement de Strasbourg le plus d’Europhobes britanniques possible. Un comble quand on y pense : le parlement européen devenu le siège de ceux qui oeuvrent contre l’Europe même.
Alex Taylor, journaliste d’origine britannique qui fait des émissions sur l’Europe, lui, vient d’acquérir la nationalité française il y a quelques jours, sans doute pour se prémunir des effets désastreux du Brexit qu’encourent tous les sujets de sa Majesté restés sur le continent européen.
Theresa May, en annonçant sa future démission, décidément, fait mentir le vieil adage qui dit « en mai, fais ce qu’il te plaît ». Mais tout fout le camp, les saisons qui ne ressemblent plus à rien depuis que se confirme le désordre climatique en cours (avec les saisons qui jouent au jeu des chaises musicales depuis qu’on assiste à l’arrivée impromptue du printemps en plein hiver et qu’on voit l’automne prendre la place du printemps), et la Grande-Bretagne qui prend l’eau de toutes parts en tentant de s’arracher au continent européen, même si le « Chunnel », le tunnel sous la Manche la rive inexorablement depuis vingt ans déjà au continent européen, comme le cordon ombilical entre l’enfant et sa mère.
Long live Great Britain !