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Billet de blog 29 mars 2014

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Crime et crânement

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

À ceux qui auraient la mémoire courte, et qui auraient oublié les méfaits dont Moscou s’est rendu coupable, je ne peux que leur conseiller de regarder le film en trois épisodes d’Agnieszka Holland, Sacrifice (2013). La cinéaste polonaise, qui a notamment réalisé Rimbaud Verlaine, en 1995 (où s’illustre Leonard DiCaprio), y rappelle les agissements de l’appareil d’État tchèque sous la coupe soviétique, juste après le Printemps de Prague, en 1968. Elle dépeint avec une grande finesse cette atmosphère irrespirable de suspicion, d’intimidation, de pression, de manipulation, qui était la marque de l’appareil soviétique, où le mensonge avait force de loi. Car, comme le déclare un député et apparatchik tchèque corrompu, qui a vendu son âme au KGB, l’action politique consiste à présenter au peuple une vérité des faits adaptée à ses besoins, pour son bien. Saint Clément d’Alexandrie, père de l’Église préromaine, ne disait par autre chose, qui écrivait vers 195 : « Car toutes les choses vraies ne sont pas à dire aux hommes. »

Ce film, sur l’histoire vraie d’un jeune étudiant tchèque qui s’est immolé par le feu pour protester contre l’invasion soviétique, n’est pas sans rappeler certains romans de Milan Kundera, tout particulièrement L’insoutenable légèreté de l’être (1984), porté à l’écran par Philip Kaufman (1988), où l’histoire d’un couple, formé par Tomas et Tereza, se trouve mêlée à la Grande Histoire et en butte aux tribulations que lui fait subir un État corrompu par la tutelle de Moscou. Sacrifice fait immanquablement penser à l’actualité, à l’annexion de la Crimée, qui porte l’empreinte soviétique. Vladimir Poutine, ancien lieutenant-colonel du KGB, est un pur produit soviétique. Sous sa férule, la Russie renoue avec ce passé liberticide. La démocratie, en Russie, est un décor, qui rappelle cette mise en scène que l’administration russe déployait au passage de la Grande Catherine, quand elle traversait le pays, pour lui faire croire aux progrès de la condition des Russes. Mais Catherine II de Russie avait ce panache que n’a pas Poutine, qui rêve d’étendre sur la Russie et plus encore, si affinités, ce glacis cher à ceux dont l’âme est de glace.

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