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Billet de blog 30 juin 2013

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Carte noire

Depuis qu’Omar Sy a décroché en 2012 le César du meilleur acteur pour le film Intouchables, sorti à la fin de l’année précédente, c’est curieux comme le noir a subitement gagné en visibilité à la télévision, c’est l’effet Omar Sy. Jadis, à l’époque de la télévision en noir et blanc, il y avait surtout des blancs et peu de noirs à l’écran. 

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Depuis qu’Omar Sy a décroché en 2012 le César du meilleur acteur pour le film Intouchables, sorti à la fin de l’année précédente, c’est curieux comme le noir a subitement gagné en visibilité à la télévision, c’est l’effet Omar Sy. Jadis, à l’époque de la télévision en noir et blanc, il y avait surtout des blancs et peu de noirs à l’écran.  Il a fallu attendre que la télévision prenne des couleurs, il a fallu attendre l’année 2012, pour que, enfin, Omar Sy lui apporte sa  couleur. De façon manifeste, non plus seulement en rasant les coins, dans l’ombre des blancs. (…)  Zut, j’ai un blanc.

En France, il y avait une sorte d’apartheid visuel qui ne disait pas son nom, il faut croire, au vu de la faible représentation des autres couleurs nationales (le brun d’Arabie, le noir d’Afrique, le jaune d’Asie). Le noir passait mal à l’image, cela devait être une question technique, sans nul doute, une histoire de contraste. Le noir devait faire tache, comme une tache d’encre sur une page blanche. Mais depuis qu’Omar Sy a remporté son César, le noir a fait une entrée remarquée sur le petit écran. Il n’a échappé à personne (détenteur d’une télévision, et par conséquent, étant exposé au bombardement inévitable de la publicité) que depuis quelque temps, la publicité joue la carte noire à la télévision.

Si « Car glass répare, Car glass remplace », Car glass expose aussi Frédéric, un noir plein de bonhomie, qui fait l’éloge des services de l’entreprise Car glass au petit écran (« Car glass répare, Car glass remplace », le slogan a une telle qualité sonore qu’on ne peut s’empêcher de le décliner, même dans le silence de l’estran numérique). C’est l’effet Omar Sy, Omar par-ci, Omar par-là. La chance sourit au noir, le noir sourit donc aux téléspectateurs-consommateurs  par une espèce de fondu enchaîné dont la société marchande a le secret, un fondu au noir : et Frédéric de Car glass, avec cette chaleur enveloppante, qui proposait naguère la pose gratuite d’une paire d’essuie-glace Bosch pour tout changement de pare-brise, avec l’arrivée des beaux jours, propose désormais une paire de lunettes de soleil Krys avec des verres polarisants, des verres noirs.

« Car glass répare, car glass remplace », ce slogan décidément est entêtant, c’est le slogan parfait, qui cogne dans le cerveau comme le vers d’un poème contre le tympan de la mémoire, un slogan comme un éclat de verre, un pur éclair verbal à travers le brouhaha babélien qui émane de la télévision. Maintenant, Car glass se pare de verres de Krys, le verre noir polarise le sourire de Frédéric, quelle classe !

« Car glass répare, Car glass remplace », le soleil chante, l’éblouissement d’une glace qui fond dans la bouche !  C’est cela, l’effet Omar Sy, c’est ce qui donne envie de décerner le César de la bonhomie à Frédéric de Car glass. Et ce n’est pas Aimé Césaire, chantre de la négritude, qui trouverait à y redire. Après nous, nous venons tous d’Afrique. Et cette belle couleur noire, c’est la couleur primordiale de l’Homme que les Africains ont gardée, par fidélité aux origines de l’Humanité.

« Car glass répare, Car glass remplace », ce slogan est décidément obsédant…

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