Eveline Charmeux poursuit inlassablement le combat nécessaire pour la vérité, pour la réussite scolaire de tous, pour un apprentissage intelligent de la lecture. Voir son blog http://www.charmeux.fr/blog/index.php et mon commentaire:
Ces affirmations réitérées par des personnalités qui se prétendent des experts en apprentissage scolaire sans mettre un pied dans une classe depuis qu’ils sont sortis de l’école sont exaspérantes. Et elles sont désespérantes quand elles sont admises et portées par des prétendus progressistes et par des ministres de l’éducation … même de gauche !
Il faudrait rappeler inlassablement des évidences mais des combats de plus de 45 ans pour moi épuisent. Merci à Eveline de les poursuivre.
Rappels :
- Personne ne sait réellement comment il a appris à lire. L’immense majorité des savants qui prétendent avoir appris à lire avec le b-a ba à l’école savaient lire avant l’école, avec un nombre incalculable de stimulations, de rencontres avec l’écrit, de lectures par les adultes, d’observation et de comparaison des mots, etc. Le b-a ba ne leur a été utile que pour mieux structurer l’apprentissage, le plaisir de lire et la compréhension de la fonction des écrits divers étant acquis et garantis ailleurs
- Tout apprentissage efficace exige la mobilisation de l’intelligence. Personne n’en parle. Mais comme dans bien d’autres domaines, on peut enfermer l’apprentissage dans la mécanique en promettant que la compréhension viendra plus tard quand on aura été abruti par la mécanique. Malheureusement, pour trop d’enfants, elle ne viendra jamais. On finira par dire que c’est normal. On remettra de la remédiation de ce qui n’a pas été « médié » pour se donner bonne conscience et les inégalités continueront de croître
- En 30 ans de carrière d’inspecteur, alors que mon intérêt et mon soutien pour des pratiques pédagogiques fondées sur le pari de l’intelligence des élèves étaient connus, je n’ai jamais vu un seul CP où l’on pratiquait cette méthode globale. Je finis par me demander où les « experts » et les journalistes majoritairement conservateurs en la matière, ont pu la débusquer. J’ai par contre vu de très nombreuses classes où l’on pratiquait les mêmes méthodes qu’autrefois en suivant un manuel identique au Rémi et Colette d’antan. Impossible de mettre en cause les enseignants, ils me disaient qu’ils ne sauraient jamais faire ce que je suggérais. La cause des résultats insuffisants de l’école n’est certainement pas là où l’on prétend la voir partout.
- Tous les gens bien intentionnés qui affirment, dédaigneusement pour les pédagogues, qu’ils se placent au-dessus de la mêlée, sont toujours soit des conservateurs patentés soit leurs malins complices. Certains sont certes de bonne foi, faute d’information sérieuse approfondie. Je me souviendrai toujours par exemple de l’admirable Pierre Mauroy qui me disait, au moment de mes conflits avec de Robien : « Mais enfin, Pierre, tu exagères, comment avons-nous appris à lire toi et moi ? Et nous savons lire ! » Lui non plus ne savait pas comment il avait appris à lire, peut-être tout seul, et il oubliait les autres.