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Billet de blog 25 mars 2010

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NON A L’IMPUNITE D’HIER ET D’AUJOURD’HUI

NON A L’IMPUNITE D’HIER ET D’AUJOURD’HUIComment se fait le consensus mou, le politiquement correct, comment exclure les paroles dissidentes ?La responsabilité des correspondants informels ou officiels des media français est engagée pour administrer une vision mondialiste des événements historiques.Lamia Oualalou nous fait un compte rendu axé sur un mouvement des réseaux sociaux qui transforme les anonymes des réseaux en individus sans visage. Pourquoi pas, si cela peut faire réagir les jeunes qui sourient en voyant le visage de ceux qui étaient contemporains de leurs mères, de leurs pères, de leurs grand mères ou de leurs grand pères et qui avaient un « look vintage » avec des coiffures, des pattes d’eph et des grosses lunettes mais qui surtout étaient militants, syndicalistes, ouvriers, étudiants, ont été torturés sauvagement et liquidé littéralement avec les méthodes élaborées dans tous les régimes totalitaires dictatoriaux.

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NON A L’IMPUNITE D’HIER ET D’AUJOURD’HUI

Comment se fait le consensus mou, le politiquement correct, comment exclure les paroles dissidentes ?

La responsabilité des correspondants informels ou officiels des media français est engagée pour administrer une vision mondialiste des événements historiques.

Lamia Oualalou nous fait un compte rendu axé sur un mouvement des réseaux sociaux qui transforme les anonymes des réseaux en individus sans visage. Pourquoi pas, si cela peut faire réagir les jeunes qui sourient en voyant le visage de ceux qui étaient contemporains de leurs mères, de leurs pères, de leurs grand mères ou de leurs grand pères et qui avaient un « look vintage » avec des coiffures, des pattes d’eph et des grosses lunettes mais qui surtout étaient militants, syndicalistes, ouvriers, étudiants, ont été torturés sauvagement et liquidé littéralement avec les méthodes élaborées dans tous les régimes totalitaires dictatoriaux.


La remise de prix aux pères de disparus par le couple Kirchner au pouvoir en Argentine glorifie, selon Lamia, l’instinct paternel comme ressort de la rébellion contre la barbarie. Les Kirchner qui tentent une incroyable récupération politique de la lutte pour la mémoire et la justice contre les tortionnaires cherchent à prendre le peuple argentin par les sentiments familiaux. Ils ont accaparé les Mères de la Place de Mai qui après leurs luttes tenaces pour la vérité et la justice sont devenues des relais du gouvernement en échange de quelques réouvertures de procès intentés aux militaires et de moyens de réaliser des projets sociaux et universitaires dans les quartiers populaires. Mais H.I.J.O.S, les enfants de disparus, des parents et des grand parents ne souhaitent pas s’associer systématiquement au gouvernement Kirchner et plus de 300 organisations, partis politiques, syndicats, piqueteros, assemblées de quartiers se sont regroupées dans le mouvement Encuentro Memoria Justicia y Verdad qui appelle à manifester tous les 24 mars voir (http://www.30anios.org.ar/). Il faut rappeler que l'association des ex prisonniers et disparus de la dictature qui ont été les acteurs politique de la résistance à la junte militaire participent au rassemblement de Encuentro Memoria Justicia y Verdad.

Il ne faut jamais laisser au pouvoir en place le monopole de l’histoire et des mouvements populaires. En cette année de bicentenaire de l’Indépendance qui a commencé par une révolution inspirée par les idéaux des Lumières et qui s’est terminée par l’avènement d’une République qui a tardé à abolir l’esclavage et qui a lancé la conquête du désert pour exterminer les peuples autochtones qui avaient résisté à la colonisation espagnole, la mémoire ne doit pas être confisquée par quelque gouvernement qu’il soit.

L’attribution de médailles aux pères de disparus et les ouvertures de procès par la justice du gouvernement Kirchner ne justifieront jamais que Lamia puisse qualifier de « bêtes reprises à l’étranger des critiques de la droite anti kirchneriste » les mouvements de solidarité avec les luttes du peuple argentin.
Le 24 Mars 2010 a été l’occasion d’une énorme mobilisation de plusieurs dizaines de milliers d’argentins qui exigent que leur pays n’enterre pas la mémoire des disparus de la dictature. Même un journal comme La Nacion est capable de rendre compte de la multiplicité des mémoires et des luttes.(voir http://www.lanacion.com.ar/nota.asp?nota_id=1247078). Les alliances politiques, les convergences qui sont porteuses de vrais transformations sociales et révolutionnaires sont le résultat de longs combats alors que les idolâtres du consensus se contentent des offres manipulatrices des pouvoirs en place.
Adolfo Perez Esquivel, le prix Nobel de la Paix et militant pour les droits de l’homme a déclaré que les Kirchner n’étaient pas les seuls propriétaires des droits de l’homme en Argentine.

Le gouvernement avait organisé avec l’appui d’une des Associations des Mères de la Place de Mai un festival sur la Place de Mai, l’espace qui accueille chaque année la manifestation des 300 organisations de Encuentro Memoria Verdad y Justicia. Le festival était prévu à 17 heures, exactement à l’heure ou la manifestation devait déboucher sur la Place de Mai pour confisquer ce lieu de lutte et de mémoire au profit du gouvernement.
L’opération politique n’a pas atteint son objectif d’exclusion des mouvements sociaux, la foule, la multitude du cortège de Encuentro Memoria Verdad y Justicia s’est frayée une voie d’accès à la place et a ouvert un espace de parole pour clamer son manifeste. Un texte précis et argumenté recense les exigences des 300 organisations qui ont réussi à adopter cette position commune. Ils ont affirmé que le jugement des 64 génocidaires de la dictature est le produit d’une lutte du peuple pendant 30 ans contre l’impunité. Ils ont dénoncé que 10 % des génocidaires ont été acquitté, que 39 d’entre eux ont échappé à la justice en « disparaissant dans la nature », que des prisons de luxe ont été aménagées pour ces tortionnaires et que certains ont été remis en liberté ou sont seulement en résidence surveillée à leur domicile privé. L’ouverture des archives de la répression n’est pas suffisante puisque 5500 agents de la dictature ont été « découverts » en activité et qu’ils continuent à infiltrer les mouvements populaires pour organiser leur répression. Ils ont dénoncé la politique de la « gâchette facile » qui provoque les assassinats de militants, la criminalisation des luttes avec les 4000 militants impliqués dans des actions judicaires.

Ils ont rappelé que Julio Lopez incarne dans sa chair l’impunité d’hier et d’aujourd’hui. Il a été enlevé et a disparu depuis trois ans et demi alors qu’il était appelé à témoigné dans le procès d’un génocidaire. Le gouvernement n’a jamais diligenté d’enquêtes susceptibles d’identifier les responsables de cette disparition.
Ils ont exigé le non payement de la dette externe illégitime et fabriquée depuis l’époque de la dictature contre le peuple. Ils ont aussi exigé du travail pour les chômeurs sans clientélisme, des augmentations de salaires, l’arrêt du saccage des ressources naturelles et des budgets pour le logement, la santé et l’éducation.

A Neuquen, en Patagonie où les mouvements sociaux sont très actifs autour des compagnies pétrolières, de Zanon, l’entreprise sans patron et de al lutte du peuple Mapuche, le rassemblement a été sévèrement réprimé. A Neuquen, il n’y avait pas d’événement officialiste soutenu par le gouvernement. La manifestation a réuni plus de 12000 personnes derrière l’appel des Mères de la Place de Mai de Neuqen et Alto Valle de H.I.J.O.S de Corriente de Militantes por los Derechos Humanos, Zainuco y CeProDH, soutenu par de nombreux partis, syndicats et organisations piqueteras. Le cortège a été encerclé par les forces de police qui ont commencé à tirer des gaz lacrymogènes. Sur la place San Martin, la répression s’est accentuée et la police a essayé d’empecher les prises de parole. Les Mères de la Place de Mai ont crié « Ils ne nous font pas peur, les rues sont à nous » et elles ont demandé à la foule de rester sur place. Un cordon de sécurité s’est mis en place pour permettre la prise de parole. A la fin du rassemblement, une véritable chasse aux militants a été lancée par des agents en civils dans des voitures sans plaque d’immatriculation. 6 mineurs et 20 adultes sont détenus au commissariat qui est entouré par un cordon de sécurité qui empêche les organisations de s’informer sur le sort de leurs camarades.
A Paris, comme chaque année, un rassemblement a été organisé devant l’Ambassade Argentine par la coordination de soutien à la lutte du peuple argentin soutenu par le Nouveau Parti Anticapitaliste, Lutte Ouvrière et le Groupe socialiste Internationaliste et des associations latino américaines en appui à Encuentro Memoria Verdad y Justicia. Au même moment, à côté du pont Mirabeau, dans le jardin des Mères et Grands Mères de la Place de Mai, inauguré il y a deux ans par Christina Kirchner, se tenait un autre rassemblement soutenu par l’Ambassade argentine, la Mairie de Paris et le Maire UMP Philippe Goujon.
La droite française n’a jamais reconnu l’aide du gouvernement giscardien à la dictature argentine de 1976. Les tortionnaires ont été formés par des conseillers militaires français, les ventes d’armes ont continué, les dirigeants des entreprises françaises installées en Argentine ont dénoncé des syndicalistes qui ont disparu. Le centre clandestin de Paris était couvert par les services français et le tortionnaire Astiz pouvait tranquillement infiltrer les organisations de solidarité françaises.

La lutte pour la Justice, la Mémoire et la Vérité ne peut pas se mener dans la confusion mémorielle.

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