
Agrandissement : Illustration 1

Le programme de dépollution des ballastières n°1 à n°4 remplies de nitrocellulose explosible depuis le début des années 1920 vient d'être repris lors d'un point étape du Ministère de la Défense et de Toulouse Métropole (Article de La Dépêche du Midi du 12 juillet 2022).
On ne parle que de 5000 tonnes à extraire et traiter alors que ces ballastières contiennent en réalité bien plus de tonnages et des explosifs non contrôlés.
A la fin de la première guerre mondiale, des dizaines de milliers de tonnes de nitrocellulose extraites de l'intérieur des obus non utilisés ont été immergées dans les 4 ballastières des terrains militaires de Braqueville au Sud de Toulouse en bord de Garonne. En septembre 1918 un plan des archives militaires montre déjà les 3 ballastières n°1 à n°3.

Agrandissement : Illustration 2

La revue Archistra publiait une des premières photos de ces ballastières en 1921. Le Ministère des Armées a autorisé les journalistes à visiter les abords de la ballastières n°3 vue de l'Ouest en direction des coteaux de Pech David. On peut y voir les rails posés sur les étages de caisses qui affleuraient sur une très grande surface.

Agrandissement : Illustration 3

Dès 1923, le ministère des Armées avait promis de dépolluer ce site mais rien n'a été fait durant 65 ans. En juin 1924 on s’impatientait déjà...

Agrandissement : Illustration 4

De 1970 à 1973, la société ETSM a été missionné par la DGA pour relancer ce programme de dépollution. Après une étude sur le terrain de plusieurs mois, elle a évalué le volume de poudres enfouies à plus de 56000 m3 représentant bien plus de 50000 tonnes de poudres.

Agrandissement : Illustration 5

Jusqu'en 1973, cette société a réussi à ne retirer et traiter que 1000 tonnes. Elle abandonna sa mission devant la difficulté de l'extraction et le traitement beaucoup trop long et "fumant". Il restait donc bien plus de 45000 tonnes en 1973 dans ces ballastières.
En 2000, les démineurs de Montpellier ont à nouveau confirmé plus de 46000 tonnes de nitrocellulose dans ces 4 ballastières pour le compte de la Préfecture de Haute-Garonne. C'est bien ce chiffre que le Préfet Hubert Fournier annonce lors du débat parlementaire sur l'affaire AZF-Toulouse.

Agrandissement : Illustration 6

Suite à l'explosion d'AZF du 21 septembre 2001, un premier bilan sur le secteur des ballastières a été évoqué le 18 juin 2002 et reprend les chiffres de 45000 tonnes.

Agrandissement : Illustration 7

En 2003, il a été décidé de créer le pôle de santé du Cancéropole appelé "Oncopole". Dès 2005, avant le réaménagement de tout le site militaire de la Grande Poudrerie Nationale de Toulouse, la DGA a dû à nouveau mesurer ce tonnage de nitrocellulose. Oh miracle ! Selon le rapport du 17 octobre 2007 de la DGA, seules 4500 tonnes de nitrocellulose demeurent au fond de ces ballastières et 500 tonnes peupleraient les rives. (Rapport final de la DGA du 17 octobre 2007).

Agrandissement : Illustration 8

Ce rapport de la DGA est en contradiction avec les évaluations militaires de 1970-73 effectuée par ETSM. Les plans et chiffres détaillées de ETSM ne sont absolument pas mentionnés par la DGA qui ignore donc l'état du site 30 ans avant. La DGA affirme que leurs recherches ont montré que les caisses de nitrocellulose étaient sur un seul niveau et espacées de 50 cm au fond des ballastières.

Agrandissement : Illustration 9


Agrandissement : Illustration 10

Or les travaux précis d'ETSM montrent plusieurs étages compacts de ces caisses et des volumes dépassant au total les 56000 m3, bien au delà des tonnages de 5000 tonnes.

Agrandissement : Illustration 11


Agrandissement : Illustration 12

Au total, malgré les deux premières évaluations concordantes de 1973 et 2000, le tonnage auraient donc été divisé par 10 en moins de 5 ans ! La DGA refuse de s'expliquer auprès des riverains sur ces contradictions et, de plus, refuse de communiquer aux comités de riverains le rapport de 2000 des démineurs de Montpellier sur lequel elle mentionne très peu d'informations.
La préfecture de Haute-Garonne ne répond pas aux questionnements des associations de riverains sur ces aspects de tonnages et fait entièrement confiance aux travaux de la DGA. La présence de dix fois plus de nitrocellulose dans les ballastières multiplierait par dix les difficultés de dépollution et aurait donc probablement poser un très gros problème pour autoriser la construction du Cancéropole de Toulouse dont la Clinique du Cancer situé à quelques dizaines de mètres des ballastières.
Mais d'autres éléments sur ces ballastières demeurent encore secrets et n'obtiennent aucune réponse de la part de la préfecture et du Ministère de la défense.
En effet, une autre ballastière, dit "ballastière n°0" a existé juste au Nord de la ballastière n°1 à la fin des années 1920. Le fond cartographique du BRGM de 1928 la mentionne sur ses cartes historiques.

Agrandissement : Illustration 13

Des photographies aériennes des années 1930 montrent également cette ballastière :

Agrandissement : Illustration 14

Elle aurait été comblée au début des années 1940 et recouverte par un terrassement visible sur les photographies aériennes de 1941.

Agrandissement : Illustration 15

Les photographies militaires de la Royale Air Force de 1944 montrent également ces terrains couvrant la ballastière n°0.

Agrandissement : Illustration 16

Mais les archives militaires de Châtellerault détiennent deux autres photographies montrant un aménagement particulier de ce secteur de la ballastière n°0 dans les années 1950.

Agrandissement : Illustration 17

Une photographie infra-rouge de l'Inventaire Forestier National de 1984 montre un bois artificiel aux arbres très bien alignés sur l'empreinte exacte de cette ballastière 0.

Agrandissement : Illustration 18

Le téléphérique actuel passe depuis le printemps 2022 juste au-dessus de ce bois de peupliers qui recouvrent cette ballastière n°0 depuis les années 1970-80. Là encore la question de cette ballastière n°0 a été posée par les associations de riverains lors de l'enquête publique en 2019 et n'a eu en réponse qu'un silence assourdissant.

Agrandissement : Illustration 19

Cet aménagement militaire de 1950 de la ballastière n°0 a-t-il eu un lien avec l'usine d'armement chimique de Braqueville construite juste à côté en 1958, productrice d'arme chimique de gaz sarin et tabun durant des années ?
Article du nouvel Obs : La France a testé des armes chimiques près de Paris.pdf
Cette usine a arrêté ses activités en 1976 mais elle ne fut rasée qu'en 1998. Le secteur à l'Est de l'usine la séparant de la ballastière n°0 était le secteur de déversements des polluants de l'usine. Il n'a jamais été dépollué bien qu'il se trouve à côté du parking du téléphérique.

Agrandissement : Illustration 20

En mars 2014, des documentaristes auteurs du film "1914-18, un scandale enterré" ont découvert que la ballastière n°2 contenait des obus de 75 mm remplis de petits cylindres de nitrocellulose. Cette nitrocellulose n'est donc pas uniquement sous forme de bandelettes et de petits cylindres stockés dans des caisses après traitement des obus. Ces éléments sont complètement absents de tous les rapports militaires et mériteraient également des réponses de la préfecture.

Agrandissement : Illustration 21


Agrandissement : Illustration 22

Enfin, les autorités affirment que la nitrocellulose ne dépasse pas le cadre des rives de ces 4 ballastières, or des riverains peuvent sans problème en trouver en dehors des terrains militaires !

Agrandissement : Illustration 23


Agrandissement : Illustration 24

Les bandelettes et surtout les petits cylindres de nitrocellulose sont arrachés des ballastières lors des crues et passent sans problème les grillages militaires bas de gamme construits par la DGA.

Agrandissement : Illustration 25

Ceci a été signalé en 2014 aux autorités lors des enquêtes publiques mais celles-ci ne répondent toujours pas sur ce point.
Le comité de quartier de La Croix de Pierre a fourni en 2019 dans le cadre de l'enquête publique sur la construction du téléphérique des questionnements importants sur une grande partie de ces points ( 2019-03-12 EP Ballastieres - Comite de quartier Croix de Pierre.pdf ).
La préfecture de Haute-Garonne a tout esquivé et semble ignorer de nombreux éléments rendant beaucoup plus difficile que prévu la dépollution de ces ballastières.