Je ne peux que conseiller ce dernier livre de Me Soulez-Larivière "Anatomie d'un fiasco judiciaire - L'affaire AZF" qui décrit le montage progressif de la thèse officielle de l'accident chimique par les principaux experts judiciaires, juges d'instruction et juges de procès, à coup d'affirmations sans preuve, d'erreurs techniques grossières, de reniements multiples non avoués et d'hypothèses invraisemblables imposées comme vérités judiciaires avalées bien trop facilement lors des procès. A ce niveau Me Soulez-Larivière remet en place l'honneur des employés et du directeur de cette usine accusés à tort via un scénario chimique impossible qui voulait limiter dès les premiers jours de la flagrance les causes de la catastrophe au seul hangar 221.
Le tir n°24 et les deux scientifiques du CEA...
Me Soulez-Larivière évoque dans plusieurs passages de son livre le moment important de l'enquête, lorsque le juge Thierry Perriquet a décidé de clôturer cette enquête quelques mois après l'apparition du tir n°24, tir explosif d'un sandwich NA Sec/DCCNa/NA humide créé et effectué au centre militaire de Gramat de la DGA par les experts judiciaires le 8 avril 2005. Me Soulez-Larivière limite dans son livre cette conviction du juge Perriquet au seul tir n°24 mais il oublie dans son livre une partie importante de ce qu'a exactement dit le juge Thierry Perriquet lors du procès de 2009 lorsqu'il a été interrogé par l'avocat Me Jean-Luc Forget sur les motifs qui l'ont convaincu d'arrêter l'enquête et d'ordonner le renvoi.
extrait des notes d'audience du 24 mars 2009 :
Me Forget : "à partir de quel moment vous refermez le dossier et quel est l'élément qui fait que vous organisez l'ordonnance que vous allez rendre ? A quel moment vous vous dites 'on ne peut pas en faire plus' ?"
Le juge Perriquet : "... Le tir numéro 24 dont on a beaucoup fait état est un tournant. Les travaux de Messieurs LEROY et DUFORT qui se prononcent sur la thèse proposée par les experts avec beaucoup de compétence. On imagine que ces personnes ne peuvent avoir que de la hauteur. C'est à ce moment là, entre le tir 24 et l'intervention de ces deux scientifiques, que l'on peut voir le tournant que vous évoquez."

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Me Soulez-Larivière a eu raison de dénoncer le rôle de ce tir n°24, qui est censé avoir reproduit le processus chimique de l'explosion spontanée du tas de Nitrate d'Ammonium le 21 septembre 2001 alors qu'il est très loin des conditions réelles de fonctionnement du site chimique. Ce tir n° 24 a été le motif principal de l'ordonnance de renvoi du juge Perriquet, et pourtant il a été complètement rejeté par leurs auteurs eux-mêmes lors du dernier procès de 2017 devant son invraisemblance (versement trié des produits impossible, hygrométrie impossible, temps de réaction incompatible, montage de sandwich impossible, absence de preuve de l’existence du DCCNa etc...).
Mais comme le montre cette note d'audience, Me Soulez-Larivière oublie le rôle essentiel aux yeux du juge Thierry Perriquet de deux personnages qui ont été très peu cités par les média : Maurice LEROY et surtout Serge DUFORT et qui ont été primordiaux dans la démarche du juge d'arrêter l'enquête.
Qui sont ces deux scientifiques qui "ne peuvent avoir que de la hauteur" selon le juge Perriquet ?
Maurice LEROY, professeur émérite à l'Université de Strasbourg, était en 2004 directeur scientifique auprès du Haut-Commissaire à l'Energie Atomique qui représente l'oreille du Président de la République et du gouvernement dans les enjeux énergétiques menés par le Commissariat à l'Energie Atomique.
Serge DUFORT était en 2004 chef du Département des Explosifs au Commissariat à l'Energie Atomique du centre Ripault au sein de la Direction des Applications Militaires (CEA-DAM).
Le CEA militaire dirige l'enquête dès le début !
Et oui... le CEA et notamment le CEA Militaire a eu un rôle primordial pour le juge Perriquet. En fait depuis le début de l'enquête de flagrance, le CEA s'est invité discrètement, puis progressivement en force, dans tous les domaines techniques essentiels qui concernaient l'affaire AZF....
Le CEA militaire dispose de la batterie la plus complète des sismogrammes captés ce jour du 21 septembre 2001 mais il ne les a pas communiqués au SRPJ de Toulouse et n'informera pas la justice de ses possibilités de calcul très précis des effets sismiques. Seul le groupe TOTAL a réussi à disposer de ses sismogrammes du CEA à travers un envoi à Eric de Bazelaire mais, à part un tout petit bout de 10 secondes pour la station MTLF, aucun sismogramme ne sera montré de manière lisible et exploité pleinement dans les rapports du groupe TOTAL et des experts judiciaires.
En revanche, le CEA militaire a été le pourvoyeur immédiat de la thèse du "bang sismique" inventée en plein accord avec la petite équipe de sismologues de l'Observatoire Midi-Pyrénées de Toulouse (OMP) dès le 26 septembre 2001 pour faire croire que le bruit d'une première explosion était celui du son de la grosse explosion de l'usine AZF voyageant à 2,4 km/s dans les sous-sol et ressortant tel un bang du mur du son aux oreilles de centaines de Toulousains une dizaine de secondes avant le son aérien de la même explosion voyageant à 340 m/s. Cette théorie du "bang sismique" ne repose sur rien car les vrais bruits sismiques de tremblement de terre sont sourds ou très graves.

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Pourquoi cette théorie du "bang sismique" en toute urgence ? En fait le matin du lundi 24 septembre 2001, le préfet de Haute-Garonne est alerté de l'existence d'un enregistrement sonore situé à 4 km d'AZF par le DRH d'Air France Industries de Montaudran. On entend dessus distinctement une première explosion que les témoins de l'enregistrement nomment "mur du son" et une dizaine de secondes plus tard l'impact violent du blast d'AZF. De nombreux témoins toulousains ont perçu deux bruits d'explosions espacés de 5 à 10 secondes même dans des endroits à moins de 500 m du cratère. A l'arrivée de cet enregistrement sonore les autorités ont paniqué car la préexistence d'une forte explosion perçue à 4 km du cratère d'AZF montrait qu'un premier phénomène important et inconnu avait eu lieu avant l'explosion d'AZF.

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Contrairement à Me Soulez-Larivière qui n'a aucune connaissance en sismologie, le CEA militaire sait depuis les premières heures après l'explosion d'AZF que la magnitude de 3.4 mesurée par les réseaux nationaux ne peut provenir de l'explosion au sol de 300 tonnes de Nitrate d'Ammonium qui a laissé un cratère beaucoup trop petit pour une telle magnitude et qui a essentiellement eu son énergie développée en aérien. Le tas de Nitrate d'Ammonium était de plus sur le terrain alluvionnaire sablonneux du lit de la Garonne peu propice à la transmission d'ondes sismiques. En l'absence d'une trace au sol très marquante de ce premier bruit d'explosion, des enquêteurs honnêtes allaient nécessairement trouver une explosion d'origine souterraine pour expliquer ce premier bruit et cette forte magnitude, survenus une dizaine de secondes avant l'explosion du hangar 221.
Alors, au lieu d'étudier finement les données sismiques des réseaux nationaux et au lieu de rechercher activement d'autres enregistrements sonores et vidéos et d'autres témoignages, les autorités judiciaires et, en première ligne, le Procureur Michel Bréard ont très vite adopté la thèse inédite du "bang sismique" de l'OMP et du CEA militaire. A partir du 24 septembre 2001, la thèse officielle sera qu'il n'y a eu qu'une explosion, celle du hangar 221, et qu'elle est à l'origine de tout.
Ni l'OMP, ni le CEA militaire n'ont vérifié l'épicentre du séisme principal et ils ont tous les deux affirmé péremptoirement dans leurs premières rapports que le séisme exceptionnel de magnitude 3.4 était issu d'AZF.
Me Soulez-Larivière reprend judicieusement dans son livre le récent cas de l'explosion de Nitrate d'Ammonium du port de Beyrouth au Liban qui a eu lieu le 4 août 2020. Me Soulez-Larivière ne précise cependant pas qu'aucun enregistrement de Beyrouth, même à plus de 2 km, n'a montré la présence sonore d'un bang sismique...
Me Soulez-Larivière n'a pas vu non plus qu'avec 20 fois moins de Nitrate d'Ammonium qu'à Beyrouth (2750 tonnes), AZF a provoqué avec ses 120 tonnes détonantes un cratère au moins 20 fois plus petit que celui du Liban mais aurait provoqué quasiment la même magnitude sismique de 3.3 qu'au Liban.

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Le cas AZF est une anomalie unique au monde dans la sismologie pour cet impact sismique d'une explosion au sol... La seule explication sismique du 21 septembre 2001 est souterraine !
La grosse tricherie du CEA militaire en 2005...
Le CEA militaire a fourni fin 2005 la date ultra-précise de 10h17'55.45 de l'explosion du hangar 221 grâce à des tirs de 35 kg de TNT enterrées à 20 m de profondeur à côté du cratère et en reproduisant les premières ondes sismiques Pg et Pn vers les deux plus proches sismographes du CEA codés MTLF et EPF au Sud-Est et au Sud-Ouest de Toulouse pour faire la comparaison entre le séisme du 21 septembre 2001 et les tirs de septembre 2004...
Les ondes Pg ne voyagent que dans la croûte terrestre à une vitesse d'environ 6 km/s, les ondes Pn se réfractent en partie sur la couche profonde de Moho qui sépare la croute du manteau terrestre et peuvent profiter d'une vitesse de 8 km/s sur cette couche.

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C'est pourquoi, à plus de 150 km de distance entre la source sismique et le sismographe, les ondes Pn arrivent avant les onde Pg. Mais pour les deux premières stations MTLF et EPF, la distance au cratère est de 70 km et de 106 km. Les ondes Pg arrivent avant les ondes Pn. Cet ordre d'arrivées d'ondes Pg avant Pn a bien été mentionnés dans les rapports de l'OMP (D1965) et du CEA militaire (D3101) de mars 2002.

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Mais dans son rapport de décembre 2005, le responsable du département sismologie du CEA militaire, Bruno Feignier, va affirmer dès la page 2, que les ondes Pn arrivent avant les ondes Pg sur la seconde station EPF, contredisant ainsi les propres rapports du CEA militaire de 2002. Et grâce à cette tricherie grossière il trouve miraculeusement que le séisme de septembre 2001 est bien dans la zone du cratère. Il fournit alors la date ultra-précise de 10h17'55.45 malgré des arrivées d'ondes annoncées en 2001 au 1/10ème de seconde, se basant sur une mystérieuse méthode de Poupinet, sans aucune documentation, pour affiner la date au 1/100ème de seconde.

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Le collège Lacoume, chargé des tests sismo-acoustiques concernant les enregistrements sonores et un petit sismogramme d'un appareil au rebut de l'OMP de Toulouse, ne va rien voir ! L'expert judiciaire Jean-Louis Lacoume va même exiger une aide informatique d'un doctorant de l'université de Grenoble en la personne d'Olivier Sèbe pour traiter les données de ses tests sismo-acoustiques. Mais M. Lacoume ne dira pas immédiatement au juge Perriquet que ce doctorant travaille en fait depuis quelques mois pour le CEA militaire.

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Les ingénieurs géophysiciens du groupe TOTAL ne verront pas non plus la tricherie d'inversion des ondes Pg et Pn de Bruno Feignier pendant des années. J'ai alerté par mails le juge Thierry Perriquet en 2007 et il n'a pas bronché. Il en a été de même du CEA-DAM qui a refusé de me répondre. Il a fallu alerter à plusieurs reprises depuis 2009 un des ingénieurs de la Commission d'Enquête Interne du groupe TOTAL pour qu'il daigne enfin regarder en mai 2017..., après la fin du dernier procès, le problème de l'inversion des ondes Pg et Pn et obtenir de Bruno Feignier la reconnaissance de sa tricherie dans un mail du 22 mai 2017. Ce dernier va avouer dans son mail que les tirs d'explosifs enterrés de 2004 n'étaient pas assez puissants pour que les ondes Pg soient visibles à la seconde station EPF. Cette aveu "sismique" du CEA militaire ne semble pas avoir remonté jusqu'aux oreilles de Me Soulez-Larivière.

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En fait le CEA militaire, sans aucun élément de preuve et avec une grossière tricherie, a fait croire à la justice française que l'épicentre était au niveau du cratère d'AZF alors qu'il était en réalité à plus de 2 km à l'Est-Sud-Est sous l'hôpital militaire Larrey construit sur la colline de Pech David par l'entreprise Bisseuil entre 1982 et 1984.
Un calcul basé sur les arrivées d'ondes Pg des 15 sismographes les plus proches du RéNaSS et du CEA et faisant l'hypothèse que le séisme est profond permet de vérifier qu'une très forte convergence des distances mesurées place l'épicentre entre les deux hôpitaux de Larrey et du CHU de Rangueil.

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La colline de Pech David possède bien des structures souterraines militaires très peu connues des Toulousains. Une entité militaire a fait aménagé en 1991 les galeries souterraines reliant le secteur des réservoirs d'eau du CHU de Rangueil situés sous un ancien bunker allemand de 1943-44, la base souterraine de l'hôpital militaire Larrey accessible en 2001 à partir du 3ème sous-sol, le quartier de Pouvourville et le secteur de l'antenne TV de Ramonville.

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Une étudiante prénommée Fanny de la faculté de médecine situé à moins de 300 m de cet épicentre racontera dans son attestation judiciaire pièce D2895 l'apparition d'un énorme vacarme avec tremblements dans son amphi suivi de 12 à 16 secondes plus tard de l'arrivée du blast de l'explosion du hangar 221. En tenant compte de la vitesse de l'onde aérienne, le délai trop long montre bien une activité sismique de 7 à 11 secondes avant l'explosion de l'usine AZF. On trouve encore ici un écart moyen de 9 secondes entre l'heure du séisme 10h17'56 et l'heure de l'explosion du hangar 221 de 10h18'05.

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Me Soulez-Larivière aurait eu les moyens dès le début de l'année 2006 d'être aussi sévère contre cette tricherie "sismique" du collège des experts judiciaires Jean-Louis Lacoume et Bruno Feignier qu'il l'a été en 2003 contre la tricherie "chimique" du collège des experts judiciaires de François Barat et Daniel Van Schendel.
L'expert judiciaire Barat sauvé par le CEA militaire...
Me Soulez-Larivière a très bien développé tout le passage de l'autre grosse tricherie chimique du collège des experts judiciaires. Le chimiste de la Sécurité Sociale François Barat a divisé par 100 la teneur en Nitrate d'Ammonium pour le remplacer par de l'urée dans ses expériences bricolées qui ont permis de mettre en avant la thèse du mélange explosif de 500 kg de DCCNa avec le tas de Nitrate d'Ammonium et de mettre en examen 13 employés de l'usine AZF en juin 2002 dont le directeur Serge Biechlin. Après la découverte de cette tricherie par l'expert de TOTAL, Gérard Hecquet, tricherie cachée pendant plusieurs mois par les autres experts judiciaires du collège, une reconstitution a été sollicitée par les juges en octobre 2002 et a mis par terre toute la thèse des produits chlorés étant beaucoup trop odorants pour être manipulés en masse sans s'en apercevoir.
Les experts judiciaires pouvaient-ils continuer sur cette seule piste chimique DCCNa - NA, trouvée pour essayer d'imposer l'accident chimique si cher au procureur de la République Michel Bréard dès le 24 septembre 2001 ?
En 2005, le cabinet de Me Soulez-Larivière a failli envoyer au juge Thierry Perriquet un courrier demandant la révocation de tout le collège des 4 experts judiciaires qui avaient tant empoissonné la vie des mis en examen d'AZF. Mais le courrier, pourtant prêt à partir, est resté dans les locaux de TOTAL...

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Le juge d'instruction a mandaté les deux scientifiques liés au CEA militaire, Maurice Leroy et Serge Dufort pour servir d'arbitrage. Et oh miracle... les experts judiciaires du collège de Messieurs Barat et Van Schendel ont assez bien travaillé, M. Barat est à peine critiqué et il leur est conseillé en septembre 2004 par ces deux scientifiques de poursuivre leurs expériences avec le produit chloré DCCNa pour obtenir une vraie détonation...

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Après plusieurs tentatives auprès du juge Perriquet d'essayer de s'adjoindre Serge Dufort du CEA militaire dans leur collège, ces experts judiciaires obtiennent enfin l'accord du juge en mars 2005, après la livraison au juge du rapport de ce même expert arbitral.

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Le CEA militaire va participer à la fête ! Et un mois plus tard, le 8 avril 2005, dans le centre militaire de Gramat appartenant à la DGA et rattaché au CEA militaire depuis 2010, le tir n°24 détonnant a été réalisé en petit comité sans la présence du moindre contradictoire technique, logiquement réclamé par la Défense.
Il est clair que le CEA militaire a grandement participé aux étapes cruciales de l'enquête d'AZF.... de mauvaises langues pourraient même suggérer que s'il était à l'origine technique de l'explosion du tas d'ammonitrate, ou, au moins complice du vrai coupable, il avait la meilleure place dès les tous premiers jours de la flagrance pour étouffer l'affaire !
Le groupe TOTAL ignore les données militaires...
Le collège principal des experts judiciaires était déjà composé depuis le 21 septembre 2001, de l'ingénieur détonicien de l'armement Daniel Van Schendel qui travaillait au sein de la société Lacroix-Ruggieri de Muret, spécialiste des leurres militaires et partenaire de l'usine voisine d'AZF, la SNPE (Société Nationale des Poudres et Explosifs). Dès le 12 octobre 2001, l'ingénieur chimiste Didier Bergues, travaillant à Gramat pour la DGA (Délégation Générale de l'Armement) a rejoint le collège des 4 principaux experts et a toujours estampillé ses rapports d'expertises judiciaires au nom de la DGA...
Ça fait beaucoup de militaires au sein des enquêteurs...!
Mais l'usine AZF était déjà connue des militaires depuis longtemps. L'usine AZF, appelée l'ONIA à l'époque, a produit et stocké de l'eau lourde nécessaire aux premiers réacteurs nucléaires entre 1958 et 1963... Une partie de cette production partait directement dans le puits de stockage du camp militaire des Sables d'Auzun situé au Sud du pôle chimique près du coude de la Garonne à Portet. Cet atelier au Sud-Est de l'usine tout près des postes électriques 225 kV était en fait une nouvelle mouture très moderne et électriquement puissante d'un premier projet initié par les allemands dans cette même usine quelques mètres plus au Nord. En effet un document du CEA montre qu'en 1943-44 une usine souterraine de production d'eau lourde a commencé à être construite par les allemands tout près de l'ancien poste 63 kV de l'ONIA. Même s'il n'en parle pas dans son livre, Me Soulez-Larivière connait très bien l'ancien bâtiment de ce secteur nucléaire dès années 50-60 au Sud-Est de l'ONIA car il a été disponible fin 2002 pour la reconstitution judiciaire rocambolesque des pelletés de DCCNa dont parle l'avocat dans son livre.
Me Soulez-Larivière ne semble pas avoir été affecté par cette présence très stratégique des militaires au sein des principaux experts judiciaires et notamment celle du CEA militaire. Peut-être l'habitude... l'avocat défendait les deux époux Turenge de la DGSE dans l'affaire du Rainbow-Warrior de l'association Green Peace qui s'opposait aux essais nucléaires militaires du Pacifique en 1986.
Le dernier livre de Me Soulez-Larivière est complètement étranger à tout aspect militaire du site AZF-Toulouse... et pour cause, aucun membre du groupe TOTAL, aucun scientifique de la Commission d'Enquête Interne du groupe TOTAL dans l'affaire AZF, n'est venu chercher des documents aux Archives militaires de Châtellerault ou celles de Vincennes. Les experts judiciaires n'en ont fait pas plus d'ailleurs, comme si leur statut dépendant de l'armement les dispensait d'un tel travail élémentaire.
Dommage... Me Soulez-Larivière cite le témoignage de Mme R., au rez-de-chaussée du bâtiment de la direction, près de la porte C, qui a perçu, comme M. H. et plusieurs employés d'AZF du bas de ce bâtiment, un premier effet explosif provoquant dégâts et blessures plus d'une dizaine de secondes avant le blast d'AZF.

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Me Soulez-Larivière n'a hélas pas fait le lien avec la présence dès midi sur le site d'AZF de parachutistes du 17ème Régiment de Montauban qui sont venus en urgence constater les dégâts dans leur secteur réservé de ce bâtiment de la Direction de l'usine AZF. Ces militaires ont pu constater que le matériel entreposé en souterrain pour les besoins des plans anti-terroristes avaient sauté avant l'explosion d'AZF, tout comme leur poste électrique militaire (effacé par EDF sur ses plans 20 kV). C'est un des leurs qui a été photographié à 17h30 près du cratère le 21 septembre 2001 par l'anesthésiste réanimateur au Samu Bruno Joly.

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Le groupe TOTAL ignore les données électriques...
La piste électrique a fait peur au groupe TOTAL et à Me Soulez-Larivière dès 2005. Une partie civile en mars 2014 a découvert en allant elle même collecter aux Archives de Châtellerault pendant une semaine, des centaines de documents de la Poudrerie Nationale en lien avec la SNPE et l'ONIA. Elle y trouva un grand plan de 1917 montrant des réseaux mystérieux parcourant tout le site de la Grande Poudrerie, plan qui a mis en difficulté lors du procès de 2017, l'experte judiciaire Valérie Gouetta incapable d'expliquer un extrait de ce plan qu'elle avait mis dans le dossier en consultant uniquement les archives départementales.

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Des plans de 1916 de l'usine militaire retrouvés également par cette partie civile prouvent l'existence du hangar 221 et 223 dès cette époque avec la présence d'un réseau souterrain d'eau et de voie ferrée dans ce secteur et ceci avant 1924, date de création de l'ONIA.

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Ces archives de Châtellerault révèlent en fait la présence souterraine persistante de nombreuses anciennes lignes électriques de 13,5 kV sous le site d'AZF, à deux endroits sous le bras inférieur de la Garonne et sous le site de l'usine voisine SNPE, qui avait encore une partie de ces lignes en activité le 21 septembre 2001 et notamment celle reliant le gros poste 13,5 kV "M" sous l'arbre "roussi" et le poste "F2" du bâtiment n° 317.

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Un expert mandaté par le groupe TOTAL, Jean-Pierre Raponi avait mis en évidence une explosion interne sur ce poste électrique F2 du bâtiment n°317 de la SNPE... et soupçonnait des liaisons électriques non mentionnés par EDF et l'usine SNPE. Mal lui en a pris, le groupe TOTAL et la Défense ont rejeté son rapport et ont rompu tout lien avec lui... on ne badine pas avec les lignes électriques militaires ! La partie civile a tout de même remis ce rapport "interdit" au procès de 2017 en laissant des conclusions qui n'ont pas eu de réponses.
Extrait du Rapport de JP Raponi - Questions à la cour au procès de 2017
Étrangement, Me Soulez-Larivière a vite évacué la piste électrique en dénigrant dans son livre la thèse de l'arc électrique naturel entre AZF et la SNPE mais il a complètement oublié de mentionner la présence de ces réseaux conducteurs souterrains entre AZF et la SNPE et même l'Hôpital militaire Larrey alimenté par le poste EDF de Lafourguette juste au Nord-Ouest de l'usine AZF.

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C'est bête mais le groupe TOTAL et les experts judiciaires ont menti par omission sur la présence de ce réseau militaire électrique souterrain. Ils n'ont pas non plus demandé d'explications sur les anomalies du plan d'EDF du réseau 20 kV fourni en 2002 à la justice où plusieurs effacements de bouts de lignes étaient grossièrement visibles et concernaient en réalité les lignes électriques militaires sous AZF encore en activité.
Me Soulez-Larivière, tout comme l'ensemble du groupe TOTAL, les experts judiciaires, les juges d'instruction, les juges de procès et l'association AZF Mémoire et Solidarité comprise, ont volontairement omis un élément important sous le tas de Nitrate d'Ammonium qui a explosé le 21 septembre 2001. Le plan d'eau brute P16909SF de l'usine montre une conduite d'eau borgne souterraine tout le long de l'axe central du tas de Nitrate d'Ammonium du hangar 221. Elle est reliée au réseau d'eau brute qui finit sa course à l'Est du bâtiment IO, où de nombreux témoignages de phénomènes électriques et électromagnétiques ont été déposés dans le dossier AZF. Ce plan a été fourni au SRPJ de Toulouse (pièce D607) dès le 28 septembre 2001 par la société Saur qui l'avait récupéré en intervenant sur une fuite d'eau à l'Ouest du hangar 221, trois semaines avant.

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C'est étrange omerta collective est peu connue des média qui ont pourtant eu accès au dossier judiciaire depuis 2004 et qui n'étaient pas avares des failles du groupe TOTAL. Elle a été également appliquée par le groupe TOTAL et les experts judiciaires pour la grande trace sombre de 40 mètres de long, légèrement évasée au sol, au Nord-Ouest du cratère et visible sur la vidéo de la gendarmerie de 13h du 21-9-2001.

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L'axe de cette trace prend curieusement naissance au bout de cette conduite d'eau brute.

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En cas de clash du réseau électrique militaire, le réseau d'eau brute souterrain a pu être facilement touché dans les secondes qui ont précédé l'explosion générale et expliquer les nombreux témoignages de phénomènes électriques et électromagnétiques et l'explosion brutale du tas d'ammonitrate dans le secteur du bâtiment IO.
Mais ce clash électrique serait contemporain du premier bruit d'explosion et donc d'une première explosion souterraine qui a signé la magnitude 3.4, plusieurs secondes avant une petite magnitude pour l'explosion hangar 221 d'AZF. Pas évident donc pour le groupe TOTAL et Me Soulez-Larivière de révéler tous ces éléments militaires et tous ces éléments électriques et conducteurs qui dérangent,...
Ils passeront d'ailleurs très vite sur le problème du vol du contenu interne du poste électrique T36 écrasé par l'explosion à l'Est du bâtiment IO, vol survenu avant la mi-novembre 2001quand a été constatée l'absence du transformateur, et dont l'enquête n'a pas abouti... A 100 m du cratère, "scène du crime" du commissaire Saby, surveillée par la police, un élément de près d'une tonne a disparu en quelques semaines avant même que les experts judiciaires électriciens puissent analyser ce poste électrique.
Le groupe TOTAL ignore les données aériennes...
Il existe un autre tabou au sein du groupe TOTAL, tabou très important vécu par plusieurs parties civiles pourtant proches des préoccupations de recherche de vérité des employés de l'usine. Celui de l'avion au dessus du pôle chimique. Bien que des ingénieurs du groupe TOTAL aient récolté beaucoup de données auprès de l'aviation civile de Blagnac, que de nombreux témoignages visuels et sonores d'un hélicoptère et d'un avion présents juste avant et juste après l'explosion d'AZF aient été mentionnés dans leurs rapports, le groupe TOTAL ignore pourtant l'importance d'un témoignage photographique révélé lors de l'appel à témoin de l'association AZF Mémoire et Solidarité en février 2004. Un témoin du quartier de la Faourette a pu photographier à deux reprises un avion arrivant de l'Est de Toulouse entre les deux bruits d'explosion. Alerté par ce premier bruit qu'il croyait venir d'un mur du son, le témoin est immédiatement allé sur sa terrasse, fenêtres ouvertes, et a pu prendre en photo, avec l'appareil jetable qu'il avait préparé pour d'autres photos de l'appartement le matin même, cet avion énorme, du genre cargo, de couleur uniforme.
Sur les deux photographies, il a pu remarquer le début montant d'un panache rouge-orangé dans la direction du hangar 221 entre les deux immeubles d'en face et un autre panache aussi rouge-orangé plus fin et droit sur le côté Sud des immeubles. Il a donné en toute confiance ses 12 photographies papier et négatifs de l'appareil jetable à l'association, en février 2004... Depuis, les responsables de l'association AZF Mémoire et Solidarité accusent sans preuve le SRPJ de Toulouse d'avoir tout perdu alors que le témoin a pu enfin récupérer en 2021 auprès de la Cour d'Appel de Paris les 9 dernières photographies papier couleur sur 12 que l'association avait en réalité remis en juin 2004, comme le PV de réception l'indique.
Voyant que les responsables de l'association AZF Mémoire et Solidarité refusent de lui rendre les trois premières photographies papier et les 12 négatifs qui montreraient la chronologie des photos, le témoin va mener de 2011 à aujourd'hui une action pour récupérer ces documents que le groupe TOTAL connaissait. En effet l'ingénieur Daniel Robert qui a travaillé pour la CEI du groupe, a avoué, lors de sa citation au procès de 2011, avoir eu connaissance de ces photographies et de ne pas avoir mentionné le témoignage du témoin et ses documents dans ses rapports D5258 à D5863 sur les aéronefs sous le prétexte qu'il n'avait pas l'adresse du témoin...!

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Où sont ces photographies... les responsables de l'association, qui avaient promis par écrit en avril 2004 de rendre au témoin les photos, accusent le SRPJ de Toulouse de tout garder et pourtant ils ont été incapables de fournir au témoin la moindre preuve de démarche auprès du SRPJ de Toulouse depuis que le témoin réclame ses photos juste après le premier procès de 2009. Ces mêmes responsables lui avaient écrit en 2004 qu'ils avaient transmis ces photos au groupe Total pour étude justifiant ainsi le retard de la restitution. Daniel Robert a confirmé ce fait mais des membres du groupe TOTAL ont-ils gardé une partie des photographies qui semblaient pourtant ne pas les intéresser au point de ne jamais citer le nom du témoin dans leur rapport, empêchant ainsi les responsables de l'association de révéler le vrai devenir de ces photos manquantes ?
Le PV de réception du SRPJ confirme que seules les 9 dernières photographies papier ont été placées sur une planche dans la pièce D5209, ne parlant nullement des négatifs et des deux premières photographies de l'avion.

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Mais le SRPJ de Toulouse est aujourd'hui embarrassé car, en mai 2004, l'audition du témoin pièce D5195, convoqué sans la présence de ses photographies aux mains de l'association, montre bien qu'il a pris deux photos de l'avion entre les deux explosions et le SRPJ aurait dû ré-interroger le témoin en recevant de l'association en juin 2004, une série incomplète des photos.

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Sur une des 9 photographies papier, quelques dizaines de secondes plus tard, l'avion était encore présent, plus haut et plus petit. Les responsables de l'association et leur avocat ont affirmé devant la cour du procès de 2011 que cet avion était celui qui a décollé en dernier de Blagnac à 10h35 alors que cet avion, selon le rapport de Daniel Robert et les trajectographies de Blagnac avait viré au-dessus de Purpan, bien plus au Nord que sur la photo pour éviter les fumées d'AZF. Des demandes de vérification à ce propos ont été déposées au procès de 2017 par la partie civile Kathleen Baux.

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Bref, la juge Claudine Forkel, sans même vérifier que la base militaire de Francazal avait détruit une bonne partie des traces aériennes du 21-9-2001, affirme dans son arrêt de 2017 qu'il n'y avait aucun aéronef au-dessus du pôle chimique au moment de l'explosion d'AZF. Étrangement, l'avion de ce témoin dérange tous les responsables du groupe TOTAL de la Défense, et de l'association AZF Mémoire et Solidarité... à se demander si le directeur de l'usine, Serge Biechlin, en week-end à l'île de Ré ce vendredi 21 septembre 2001, n'était pas le pilote !

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Trois autres témoins ont décrit cet avion de type militaire venant de l'Est de Toulouse : Mme Mazet habitant à Ramonville (Pièce D6550), Mme Truschinger infirmière à L'Hôpital Marchant (Pièce D4820) et Mme Delmont habitant en haut d'un immeuble à Colomiers (Note d'audience de 2011).

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Mme Truschinger a vu, selon sa déposition un tube sombre tomber de cet avion juste avant de recevoir le blast du hangar 221. Mme Mazet avait même décrit cet avion passant au-dessus de chez elle 30 secondes avant un premier bruit d'explosion, dans une lettre au député-maire Philippe Douste-Blazy le 2 octobre 2001 (pièce D5261 p26-28).

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Un scannage grossissant de la seule photographie papier originale où l'avion est visible, récupérée auprès de la Cour d'Appel de Paris en janvier 2021, montre un avion de type transport lourd, aux ailes basses (sous le fuselage), avec deux réacteurs écartés du fuselage, et des ailes arrières assez longues plutôt compatibles avec un Boeing 767 militaire et non un Airbus.

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N'en déplaise à Me Soulez-Larivière qui croit que seule la CEDH est alertée du problème procédural judiciaire AZF et qui sous-entend que seule la piste des méchants islamistes a été caviardée lors de l'enquête, les autorités judiciaires toulousaines sont encore sollicitées pour la récupération de ces documents originaux volés en 2004 par on ne sait qui....