
Un cri pour la dignité sous nos yeux
Z'ont probablement d'autres chats à fouetter que de s'occuper de ce qui se passe, ça et là, et, partout, dans leur tout petit pays, mité de part et d'autre, d’îlots de pauvreté, pauvreté invraisemblable pour une contrée d'Europe, de l'ouest-qui-plus-est, îlots qui s'étendent, qui gagnent, la capitale, Bruxelles n'y échappe pas, plus, elle est touchée, sabordée, la ville, et comme ce n'est pas un navire, elle n'est pas échouée, mais c'est tout comme, une ville, capitale Européenne, avec 40% de chômage chez les jeunes et une pauvreté absolument hallucinante pour peu, que l'on sache faire, et peu y excelle, pour peu, donc, que l'on fasse abstraction de la puissance de représentation de ces bataillons, qui, par milliers, et leurs escortes diverses, de fonctionnaires européens, et, où autres " expats " français, en brouillent l'image, l'image d'une réalité plutôt sordide, où, entre cars bondés de touristes asiatiques - et autres - qui viennent se déverser sur les grands-places principales, et aux abords des immédiats alentours, et courent en rang d'oignons, en file indienne, tels des vers gigantesques, vibrionnants et colorés, filent se gaver de confiseries-et-autres-cochonneries-et- chocolats-contrefaits et fabriqués dans leurs pays-même d'origine, et peut-être même venus dans le même avion, et, pauvreté absolue de groupes entiers de population très malmenées et jetées régulièrement - terrible cauchemar - à la rue hivernale, ils finiront, c'est tout-déjà-cousu du fil noir qui fait les révoltes et du fil rouge des larmes qui, comme on boit à une source pour s'abreuver et tromper sa faim, ont appelé le sang à la rescousse, un beau jour qui vient à grands pas de loup, furtif et terriblement carnassier, par tous se ramifier, ces îlots, et, une fois tissés les liens indéfectibles entre pauvres, pauvres de toutes les pauvretés - il en est tant, tant et tant - et exploités, exploités et reniés, qu'on ne pourra plus monter les uns contre les autres, qui finiront par faire voler en éclat, ce parangon de l'ignominie que représente ce gouvernement imperméable à la souffrance et à la tragédie qui couve en permanence et à cet enkystement de la puissance financière européenne au beau milieu de leur pays, tout petit-pays, qui part en charpies.
Anissa en est à 22 jours de grève de la faim. 22 jours de la grève de la faim. Et les conséquences de cette mise en danger de soi pour aider cet autrui, cet autrui qui est toujours autre, puisque ce n'est pas soi, cet autrui qui nous gâche tellement le plaisir d'être soi qu'on l'enverrait volontiers valser loin, le plus loin possible au beau milieu et devant un peloton d'exécution, les conséquences se font ressentir.
Sont visibles, se font visibles, les conséquences de ces violences continues exercées par l’État belge sur les communautés, parce qu'elles fragiliseraient le maintien au pouvoir de ceux qui l'exercent, qu'il exècre, qu'ils vouent aux gémonies, à la mort, à la disparition. Anissa s'est chargée de rendre visible par tous, et par ceux qui l'exercent leur violence, étatique et inique.
" C'est vous M. Picasso qui avait fait cette toile " demande, devant une photographie de Guernica, un officier allemand nazi.
" Non ... Vous ! " réponds le peintre catalan.
La conséquence de cette violence sur son visage, de ce viol continu de l'humain par ceux qui en ont la charge, par ceux qui en ont voulu, ardemment désiré la charge, les traces de ce viol sur ce visage de jeune femme terriblement courageuse, sur son visage et celui de ses compagnons d'infortune.
Pour soutenir les Afghans: " J'irai jusqu'au bout ".
Cette phrase, si elle n'est pas entendue, sonnera le glas d'une classe politique. Dans un temps qu'il faudra au temps pour le faire sien. Un temps nécessaire à cette phrase de saper nette toutes les illusoires fortifications narratives des discours des tenants du pouvoir. Tout se paie. Tôt ou tard. Mais plus tard, c'est plus cher. C'est ainsi. Avec le temps, ça se paie juste plus cher. C'est la valeur ajoutée à l'ignominie. L'ignominie de la violence de cette caste gouvernementale sur le voile du regard de la jeune femme.
« La guerre d'Espagne est la bataille de la réaction contre le peuple, contre la liberté. Toute ma vie d'artiste n'a été qu'une lutte continuelle contre la réaction et la mort de l'art.
Dans le panneau auquel je travaille et que j'appellerai Guernica et dans toutes mes œuvres récentes, j'exprime clairement mon horreur de la caste militaire qui a fait sombrer l'Espagne dans un océan de douleur et de mort. » Picasso, mai 1937
« La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements, c'est un instrument de guerre offensif et défensif contre l'ennemi. » Picasso
Aux visiteurs allemands des années 1940, il distribuait des photos de Guernica, les narguant d'un « Emportez-les. Souvenirs, souvenirs ! »
Anissa est une jeune femme déterminée dans la cause qu'elle défend. Celle des familles d'Afghans qui occupent l'Eglise Saint-Jean-Baptise-Au Béguinage depuis trois semaines. Malgré les difficultés, elle en est à son 22 ème jour de grève de la faim.
" Je crois que 19 jours ... de grève de la faim, c'est beaucoup et qu'il serait temps que les médias se penchent sur la problématique et aussi sur le sort des grévistes" disait Joëlle.
Joëlle, Joelle Dulcy, est membre du comité de soutien aux Afghans qui occupent l'Église Saint-Jean-Baptise-au-Béguinage à Bruxelles depuis trois semaines. Elle a souhaité attirer notre attention sur la problématique via notre page Alertez-nous.
Sa fille, Anissa, s'est également engagée dans la cause et a été jusqu'à entamer une grève de la faim il y a 19 ... jours pour dénoncer le sort de ces Afghans:
"Ça commence à devenir difficile", admet Anissa, avant de poursuivre: "Je ne m'octroie que de l'eau, du thé et du sucre. J'ai des carences en potassium maintenant et de nombreux vertiges aussi."
Et pourtant, pas question de céder pour cette jeune diplômée en assistance sociale de 23 ans, même si le manque de potassium peut être à l'origine d'un arrêt cardiaque:
"Je ne me fixe pas de limites, j'irai jusqu'au bout.
S'il le faut, je ferai des perfusions de potassium, mais je ne m'alimenterai pas."
Anissa consulte régulièrement un médecin qui vérifie son poids et lui soumet des prises de sang. Elle a déjà perdu 8 kilos depuis le début de sa grève.
" Je l' ai rencontrée hier avec les autres grévistes amoindris mais forts de leur conviction. Ils sont tous bien déterminés et dans une fraternité exemplaire dans cette église où malgré le froid ils s'organisent autour des enfants qui continuent à rire. Une communion réelle entre le comité de soutien et les afghans qui sont acteurs de leur propre combat, les uns relayant les autres démontrent que la solidarité est toujours gagnante. Marwa Mahbub porte parole des afghans, Shafi Samir Mahbub, Omid Nazif se rendaient de leur côté à l' U.L.B. pour continuer les " midi afghans " témoigne Catherine Raffait.
Il faut compter sur eux tous. Ce combat nous devons le suivre et le soutenir si nous voulons sauver les droits de l'' homme. Il est exemplaire de comment la fraternité peut être une arme des plus efficace face aux pouvoirs. " Catherine Raffait
S’il en est un combat qui force l’admiration depuis quelques mois en raison de leur courage, c’est celui des Afghans.

Anissa: des cartes postales vantant le retour volontaire en Afghanistant
Dès 2009, Anissa, à l'époque étudiante, avait été sensibilisée à la cause de réfugiés afghans lors d'une autre occupation, celle du hall des sports de l'ULB. Mais l'élément déclencheur de sa grève de la faim actuelle a été la venue à l'Eglise Saint-Jean-Baptise-au-Béguinage de Freddy Roosemont, le directeur de l'Office des Étrangers qui s'est présenté le mois dernier avec des cartes postales vantant le retour volontaire en Afghanistan alors que le pays est et reste en guerre selon elle.
"Il fallait faire quelque chose", dit-elle qui estime avoir été confrontée à une violence "à la fois institutionnelle, politique et policière."

La carte postale qui vante le retour a tué Aref
1165 demandes d'asile d'Afghans en 2013
Samedi dernier, une délégation de parlementaires Ecolo s'est rendue dans cette église où se sont réfugiées des familles afghanes dans l'attente d'un statut légal. Au total, c'est un peu moins de 200 Afghans qui y sont établis. Comme le rappelle Frederique Mawet du CIRE (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers), en Belgique, ils étaient 2.635 à demander l’asile en 2012, et ils sont 1.165 à le faire cette année.
Un statut temporaire refusé aux réfugiés afghans
Lorsqu'un pays est en guerre ou présente une situation à risque, la Belgique offre à ses ressortissants un statut temporaire. Tous les ans, ce statut est révisé en fonction de l'évolution de la situation dans ce pays. Ce statut temporaire offre la possibilité à ceux qui le détiennent de bénéficier des mêmes droits que tous les citoyens belges – accès aux soins, à l'éducation, au travail, aux aides sociales, etc.
Un statut refusé aux réfugiés afghans de l'église Saint-Jean-Baptise-au-Béguinage. "Nous sommes dans une impasse. Ces familles d'Afghans se retrouvent sans aucun statut. D'un côté, la Belgique ne les expulse pas, car leur pays présente un danger, et d'un autre côté on ne leur accorde pas de statut temporaire, rien. Du coup, ils se retrouvent à la rue ou dans des églises", explique Zoé Genot, députée écolo qui faisait partie de la délégation.
"Refus de dialogue"
Les Verts et les membres du comité de soutien (voir encadré) en appellent au Premier ministre Elio Di Rupo afin qu'il décrète un "moratoire sur les expulsions des Afghans" vu le "refus du dialogue" dans lequel s'est enfermée la secrétaire d'État à l'Asile et aux Migrations, Maggie De Block. "Un moratoire sur les expulsions des Afghans est nécessaire, ainsi que l'application du statut de protection temporaire", estime Zoé Genot.
Elle demande au Premier ministre "de se saisir de ce dossier et de proposer une solution humaine rapidement". Avec cette action, la délégation Ecolo a surtout souhaité dénoncer "l'ineptie de la situation". "On ne peut pas expulser des gens vers un pays en guerre. Un statut de séjour temporaire est légitime", conclut Zoé Genot.
"Il y a un blocage complet de la situation"
Fin novembre, Grégory Meurant, un autre membre du comité avait aussi débuté une grève de la faim. "Il y a une vraie urgence pour les politiques à sortir d'une logique de calendrier électoral et trouver le courage de sortir les Afghans de cette situation indigne d'un état de droit", indique-t-il.
Deux autres personnes se sont jointes à ce mouvement de grévistes de la faim. Parmi elles, Selma Benkhelifa, l'avocate d'une dizaine de familles afghanes:
"Il y a un blocage complet de la situation et on n'obtient rien, pas même le respect du cadre légal. J'ai le sentiment qu'en prévision des prochaines élections législatives fédérales qui se dérouleront en mai prochain, on a instauré un état d'exception et suspendu les règles de droit", a indiqué Selma Benkhelif.
Les quatre souhaits du comité de soutien
Les membres du comité de soutien ont émis plusieurs revendications.
Tout d'abord, ils demandent un moratoire contre les expulsions en Afghanistan et un statut légal pour les Afghans déjà sur le territoire belge. Ils souhaitent également un audit sur les violences policières de la zone de police Bruxelles-Ixelles lors d'une marche organisée en septembre. Enfin, ils exigent une enquête parlementaire sur la mort d'Aref, un jeune Afghan débouté, pour déterminer la responsabilité de la Belgique dans ce décès. Aref avait introduit quatre demandes d'asile qui ont été refusées sous prétexte qu'il n'était pas en danger. Aref avait finalement accepté accepté un retour volontaire en Afghanistan, où il a été tué par les talibans.
Envoyée hier soir, Cette lettre, la lettre de Joelle Ducy, la maman d' Anissa Alijii, la jeune gréviste de la faim.
Bonsoir Mesdames et Messieurs qui nous gouverne,
L'image que vous voyez ci-dessous circule sur internet. Vous pouvez vous imaginer l'angoisse que je peux ressentir. La santé d'Anissa se détériorre à vue d'oeil. Elle est en manque de potasium... ce qui pourrait entraîner un arrêt cardiaque, mais en plus elle a un risque d'inssuffisance rénale.
Vous ne trouvez pas que l'engagement de ma fille (et des 3 autres ) est admirable? Ils ont le rêve de vivre dans un monde meilleur, mais pour arriver à leur but, ils n'ont pas hésité à faire la grève de la faim, pour que VOUS vous penchiez sur cette problématique sans répondre directement la fameuse phrase " la loi c'est la loi "!
Est-ce que des jeunes comme Anissa, Clément, Grégory et Selma vous font si peur que vous ne prenez pas contact avec eux ? Je trouve cela désolant, surtout à l'heure actuelle où la majorité d'entre vous ont fait l'hommage de Nelson Mandela en disant que c'est un exemple à suivre !!!!!
Allez vous laisser ma fille, et les trois autres, avoir des séquelles à vie ou vous allez considérer ce dossier comme prioritaire et trouver une solution favorable?
Je vous demande en tant que citoyenne belge et aussi en tant que mère d'Anissa de bien vouloir réfléchir à la situation des afghans et ce sans préjugés. Ces Afghans ne demandent qu'une seule chose, vivre décemment dans notre pays, en travaillant.
Dans ce contexte, je vous demande soit de m'accorder un rendez-vous, soit de rencontrer les responsables afghans et du comité de soutien afin d'arriver à une conclusion positive de ce dossier.
Merci d'avance pour votre futur engagement
Joëlle DUCY
On fait le vœu que l'émoi d'une mère franchisse le seuil de ces forteresses en airain et que cette lutte et ses raisons soient enfin entendues. Entendues, et, reconnues.