Monsieur le Consul honoraire de Russie à Biarritz, Alexander Miller de la Cerda est mécontent. Il accuse une fraction de paroissiens de bouder l’exemple de la cathédrale orthodoxe de la rue Daru à Paris. Celle-ci, comme l’Institut théologique Saint-Serge, a fait allégeance au Patriarche moscovite, Cyrill, agent des services secrets russes depuis l’époque soviétique.
Monsieur le Consul honoraire accuse ces Ukrainiens venus d’Espagne en masse d’avoir faussé le vote et opté pour le rattachement de Biarritz au Patriarcat de Constantinople. Le paradiplomate biarrot est désolé, car Biarritz ne recevra pas ainsi les fonds russes nécessaires pour la restauration du bâtiment. Moscou est cousu de l’or du contribuable russe, Constantinople, non !
De toute évidence, cette défaite spirituelle lui reste en travers de la gorge. Il s’apprête à assener la propagande du Kremlin jusqu’à la victoire.
Son honneur est en jeu, et pas seulement : le commerce de la côte basque apprécie la clientèle russe venue de Moscou, pas les fidèles à Constantinople qui sont fauchés.
Désormais, tous les services secrets russes de la côte basque, agents d’influence en soutane ou en froc, hommes d’affaires, hommes politiques s’élancent vers une reconquête.
La théologie à Biarritz est une affaire de tourisme et d’argent. L’église orthodoxe russe doit rejoindre le patriarche le plus cossu, celui de Moscou.