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Billet de blog 2 février 2021

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Russie, la bataille de boules de neige est terminée

Gennady Gudkov ancien colonel du KGB et ancien député de la Douma analyse la situation après la répression du 31 janvier au cours de laquelle 5.400 personnes ont été arrêtées. Qui sème le vent récolte la tempête. Poutine ne pourra pas arrêter celle qui se lève sur l’immensité russe.

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Gennady Gudkov © NEWS ADER

Le 20 août 1991, les officiers du KGB, dont Gennady Gudkov, avaient refusé d’exécuter les ordres, de leurs chefs putschistes, de tirer sur la foule rassemblée autour de la Maison-Blanche à Moscou.

Aujourd’hui, Poutine envoie les « OMON », forces antiémeutes, et sa Garde nationale réprimer les manifestations de soutien à l’opposant emprisonné, Alexey Navalny. Elles sont en réalité des manifestations anti-Poutine, autocrate de plus en plus détesté après 21 ans de pouvoir. Poutine pense pouvoir ainsi mater la population par la force. Gennady Gudkov en doute.

L’ancien colonel du KGB pense que le processus de contestation engagé est irréversible. Dans toutes les villes russes, des groupes de jeunes déterminés sont prêts à répondre à la violence par la violence. Des attentats ont été commis contre les locaux du FSB. On se rappelle des « Primorsky partisans » (dans la vidéo « Partisans du littoral »), vengeurs populaires qui ont abattu des policiers et des agents du FSB à leur domicile.  

En province, les policiers locaux ont peur. On constate chez eux une certaine retenue. La Garde nationale, armée prétorienne de Poutine, est insuffisante pour intervenir dans tout le pays. Poutine prévoit d’envoyer l’armée pour écraser la rébellion. Le 31 janvier les manifestants ont lancé sur la police des boules de neige. Ce fut la dernière bataille de ce type. La prochaine, ce sont les Kocktails Molotov qui voleront. Le pouvoir est à l’affût d’une provocation pour débrider la violence dont il dispose.

L’avis de l’ancien colonel du KGB, Gennady Gudkov, est extrêmement précieux. 2011 avait été une année de forte contestation contre Poutine qui se préparait à briguer un troisième mandat présidentiel anticonstitutionnel. Les manifestations de l’opposition faisaient leur plein devant l’immeuble de la Douma, de l’administration présidentielle et à Lubyanka. Ces lieux de pouvoir sont hautement symboliques et stratégiques.

Espérant des concessions démocratiques de la part de Poutine, Gennady Gudkov accompagné du rédacteur en chef de « Écho de Moscou, Alexey Venediktov, et d’autres personnes, toutes dépourvues de mandat de la part des organisateurs, avaient négocié secrètement avec Poutine un déplacement du lieu des manifestations à la place Bolotnaya. Il s’agit d’une île sur la rivière de Moscou isolée de la ville par des ponts. Ce fut un verdict de mort pour l’opposition qui sera totalement éliminé le 6 mai 2012, lors de l’affaire “Bolotnaya” du nom de cette même île fluviale.

Gennady Gudkov porte une forte responsabilité dans cette traîtrise. Honnête, il la regrette publiquement dans cette vidéo.

On comprend la douleur de ce patriote russe. Aujourd’hui, la guerre civile est déclenchée par un pouvoir inflexible à qui il avait fait confiance en 2011.

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