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Billet de blog 3 août 2017

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Russie: sauvons le journaliste Ali Feruz !

Par décision de justice, les autorités russes ont décidé d’expulser en Ouzbékistan Ali Feruz, journaliste à « Novaïa Gazeta ». Craignant une déportation dans un pays où il a été torturé, Ali Feruz a tenté de se suicider. Lors de son transport au centre de rétention avant expulsion, Ali Feruz a été electrochoqué et frappé par ses gardiens.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Appel De Dmitry Muratov © Novaïa gazeta

Hudoberdi Nurmatova est un journaliste de « Novaïa Gazeta ». Son pseudonyme journalistique est Ali Feruz. Ali est âgé de 30 ans. Il est né en Ouzbékistan, mais a grandi en Russie, dans l’Altaï. Sa mère, ses frères et sœurs sont citoyens russes. En 2003, Ali a terminé sa scolarité en Russie, dans un village de l’Altaï.

En 2004, pour raisons familiales, Ali est parti en Ouzbékistan.

Revenu en Russie, de 2006 à 2008, Ali a vécu à Kazan, où il a étudié à l’Université islamique arabo-russe. À Kazan, il a épousé une citoyenne kirghize. En 2008, le couple est retourné en Ouzbékistan.

Illustration 2
Ali Feruz © Social Networks

Le 28 septembre 2008, les services secrets ouzbeks ont enlevé Ali à son domicile. Ils ont exigé qu’il les informe de l’opinion politique de ses amis. Ali a refusé. Pendant deux jours, Ali a été torturé. Ils lui ont enfoncé des aiguilles sous les ongles. Ils ont menacé de violer sa femme enceinte, et de le mettre en prison sous de fausses accusations. Ali a accepté de coopérer, puis il a fui le pays.

En février 2012, un an après avoir déménagé en Russie, on a volé à Ali son sac avec tous ses papiers dans un train. Ali a déclaré la perte. Les documents n’ont pas été trouvés. Si Ali était allé demander un nouveau passeport à l’ambassade d’Ouzbékistan à Moscou, il aurait pu être arrêté.

Après différends petits boulots, en 2014 Ali a commencé à travailler à « Novaïa Gazeta ». Il a écrit un article sur l’enlèvement d’un réfugié d’Ouzbékistan dans le centre de Moscou. Puis ses textes ont été publiés régulièrement. Ali parle les langues de toutes les républiques d’Asie centrale. Il a écrit sur les réfugiés, les travailleurs et les groupes vulnérables originaires de ces républiques.

 Depuis la fin de 2015, Ali tente de légaliser son séjour en Russie. Tout d’abord, il a essayé d’obtenir, sans succès, le statut de réfugié. À ce jour, sa demande est toujours en examen. Cela signifie que sa présence en Russie est légale.

Ali n’a commis aucun infraction ou délit. Il n’est pas répertorié en tant que membre présumé de groupe extrémiste ou terroriste.

 Le 1er août 2017, Ali  est allé à un cours de chant. Il y a été arrêté par des policiers en civil et transféré dans un commissariat de police à Moscou. Le jour même, à 23 h un juge ordonna son expulsion de Russie.

Apprenant cette décision, Ali s’est ouvert les veines. Il a dit qu’il préférerait mourir plutôt que de retourner en Ouzbékistan. Ali a été transféré dans un centre de détention provisoire des ressortissants étrangers soumis à expulsion. Lors de son transport, les gardiens l’ont frappé et soumis à électrochocs.  

 Dmitry Muratov, rédacteur en chef de « Novaïa gazeta », s’adresse à ses confrères. Il leur demande de s’opposer à l’extradition en Ouzbékistan du journaliste Ali Feruz. Ce dernier pourrait être à nouveau torturé et disparaître dans les prisons du régime.

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