Je connais personnellement le journaliste Eugène Kurakin. En 2016, il avait enregistré la conversation d'un policier qui l’avait arrêté. Le policier avait téléphoné au juge pour lui demander comment rédiger le procès-verbal pour mieux le condamner. Le juge avait donné des explications très précises au policier. Depuis, malgré la publication de ces enregistrements, ces fonctionnaires sont toujours en activité. Par contre, c’est Eugène Kurakin qui a été arrêté lorsque nous sommes allés faire un piquet de protestation devant le ministère de l’Intérieur à Moscou pour dénoncer ces personnes corrompues.

Le 21 juin 2018, Eugène Kurakin a été arrêté à nouveau et condamné à 15 jours de prison. Il s’apprêtait à rencontrer le gouverneur de la région de Moscou. Le gouverneur n’aime pas qu’on lui pose des questions qui dérangent. Ce sont des policiers qui ont rencontré préventivement Eugène Kurakin et l’ont arrêté. Il a été condamné à 15 jours de prison, sentence confirmée en appel. Eugène Kurakin est accusé d’actes de violence commis le 18 mars 2018 envers le président de la commission électorale, jour d’élections présidentielles russes. L’incident se serait produit après que Kurakin ait découvert un brouilleur d’ondes téléphonique dans le bureau de vote. Il s’agit d’outil professionnel SEL SP-165 « blocage-5 » qui interdit les communications téléphoniques et les connexions à Internet dans le bureau de vote. Il empêche les électeurs et les observateurs de communiquer avec le monde extérieur en cas de fraude. Cet appareil a été désactivé et remis aux autorités pour enquête. Mais Eugène Kurakin a découvert un dispositif semblable dans un autre bureau de vote n° 2639. Il a tenté également de le retirer pour le remettre à la police. À ce moment-là, un membre du bureau de vote l’a agressé. Eugène Kurakin a été jugé et condamné le même jour de son arrestation le 21 juin 2018, à 15 jours de prison. L’appel a confirmé la sentence, comme en première instance, à huis clos sans public et accusé. La douzaine de personnes qui s’étaient déplacées n’a pas été admise par les huissiers dans la salle. Elle est restée dans le couloir, le temps des débats, si vraiment il y a eu débat.
Le 18 mars 2018, les fraudes électorales massives ont reconduit Vladimir Poutine à un énième mandat présidentiel, alors que la Constitution limite leur nombre à deux consécutifs.