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Billet de blog 5 novembre 2017

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Russie : 448 arrestations ce dimanche

À Moscou, il y a eu des arrestations massives d’opposants sortis protester à l’appel du Viacheslav Maltsev. Ce dernier a déclaré la révolution. Son objectif : renverser le régime dictatorial de Poutine et rétablir l’ordre constitutionnel en Russie.

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Illustration 1
Arrestation à Moscou © Gazeta.ru

Viacheslav Maltsev a appelé la population à se rassembler le 5 novembre sur la place publique pour voter à main levée par référendum la destitution de Poutine et du gouvernement. Cette journée était en préparation depuis des années avec le slogan : « Nous n’attendons pas, mais nous nous préparons ». Les autorités russes ont déclaré Viacheslav Maltsev extrémiste. Elles l’ont arrêté par contumace, car Maltsev a réussi, début septembre, à se réfugier en France, d’où il continue d’émettre journalièrement ses appels à la révolution sur le canal « Artpodgotovka » de YouTube  

De toute évidence, Viacheslav Maltsev n’était pas le seul à préparer cette journée du 5 novembre. L’ex-directeur du FSB (ex-KGB), Poutine, devenu président du pays à vie, a pris aussi ses dispositions. À l’approche de cette journée, l'activité du site d’opposition « Artpodgotovka » s’est intensifiée. Celle du Kremlin et de sa répression aussi. Les services de censure du Kremlin ont bloqué la diffusion de la chaîne Artpodgotovka sur le territoire russe. Lorsque l’on désire y accéder, un message apparaît : « Cette chaîne n’est pas disponible dans votre pays ». Au cours des deux semaines précédentes, les autorités ont intensifié les perquisitions et les arrestations dans tout le pays. À Moscou, les agents du département de lutte contre l’extrémisme (Centre E), accompagnés de leur collègue du FSB, ont effectué des dizaines de perquisitions au domicile des partisans de Viacheslav Maltsev. Les ordinateurs téléphonent, les littératures jugées extrémistes, insignes et vêtements ont été saisis. Ces opérations se sont répétées à Krasnoyarsk, Krasnodar, Kazan, Samara, Saratov et Sotchi. Elles ont pour but de terroriser les partisans de Maltsev avec des accusations d’extrémisme ou de terrorisme. Ce dimanche 5 novembre, la place du Manège à Moscou était totalement bouclée par la police. Toute personne stationnant en bordure de celle-ci était immédiatement arrêtée pour vérification d’identité. Tout soupçon d’intention politique était sanctionné par l’arrestation. Plus de 400 personnes ont été ainsi arrêtées dans toute la Russie. Il n’est pas permis aux avocats d’accéder aux personnes détenues dans les commissariats. Certaines sont frappées dans les commissariats. Parmi elles, Rustan Kurbanov à Rostov-sur-le-Don.

La veille, samedi 4 novembre, avait lieu la traditionnelle « marche russe » organisée par divers mouvements nationalistes. Le parcours a été préalablement, comme il est de coutume, clôturé par la police. On ne peut y accéder qu’au travers de portiques de détection après fouille des sacs. Toutes les affiches sont alors contrôlées par les policiers. Ils saisissent celles qui comportent des inscriptions inadaptées ou illégales selon eux. Plusieurs dizaines de personnes qui ont protesté contre cette censure ont été arrêtées.

Toutes les pages du Parti nationaliste à Vkontakte, soit environ 70 pages, ont été bloquées sur internet par « Roskomnadzor » : le service de censure du Kremlin.

Illustration 2
Colonel Mikhail Chendakov © Gradus.ru

Le colonel de réserve Mikhail Chendakov est intervenu à la tribune en tenue militaire, revêtu de ses décorations. Il a dénoncé Poutine qui viole journellement la Constitution pour mieux piller le pays. En soirée, il a été arrêté à son domicile. Actuellement, il est toujours détenu. Ses avocats ne peuvent le rencontrer.

Dans la matinée, à Moscou, l’appartement de la famille de l’un des organisateurs de la « Marche russe », Ivan Bielecki réfugié en Ukraine, a été soumis à une perquisition. Pour y accéder, la police a défoncé la porte de l’appartement occupé seulement par son épouse et son enfant en bas âge.

L’opposition russe semble divisée plus que jamais. Après la répression du 6 mai 2012, « Affaire Bolotnoe », elle n’a pas pu s’unir sur un programme minimum : mettre fin à la diсtature de Poutine et rétablir un ordre constitutionnel permettant de procéder à des élections loyales en Russie. Les divergences politiques n’expliquent pas tout. Il y a les ambitions personnelles attisées par la fin probable de Poutine. Chacun appelle séparément ses militants à manifester à des dates et pour des motifs différents. Navalny, le 26 mars et le 12 juin contre la corruption ; Mikhail Khoоdorkovsky, le 29 avril avec le slogan « Il y en a marre » ; les nationalistes, le 4 novembre pour la « Marche russes » ; Viacheslav Maltsev le 5 novembre. D’autres n’appellent à rien. C’est plus simple.

De toute évidence, ils ne peuvent s’entendre sur un mot d’ordre et une date uniques.

Une coalition avec le mot d’ordre : « Fin à la dictature de Poutine » devrait pouvoir tous les rassembler. C’est exactement ce que propose Marc Galpérin, membre de la « Nouvelle opposition ». En vain !

Pourquoi, ce qui était possible en hiver 2011 et au printemps 2012, ne l’est-il pas aujourd’hui ?

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