
Alexei Navalny est en prison depuis le 12 juin, date de son arrestation pour avoir appelé à manifester contre la corruption au centre de Moscou, sur l’avenue Tverskoy. Le leader du comité de lutte contre la corruption devrait finir de purger sa peine de 25 jours de prison et être libéré aujourd’hui. Ses partisans, les reporters et caméras TV du monde entier l’attendent devant les portes de l’établissement où il est détenu. Mais le pouvoir pourrait annihiler cet effet médiatique de deux manières : transporter Alexey Navalny en voiture et le libérer en catimini loin de la prison, comme la dernière fois, où ne pas le libérer du tout. Cette dernière variante est probable. Nous serons fixés ce soir.
Le 29 juin, l’administration d’application des peines avait déjà averti Alexey Navalny que ses condamnations avec sursis concernant les affaires « Kirovles » et « Yves Rocher » pourraient se transformer en prison ferme. Dans ce cas, Alexey Navalny irait rejoindre son frère Oleg qui croupit derrière les barreaux depuis des années. Cela semblerait la manière la plus efficace pour le Kremlin de se débarrasser de l’opposant le plus influent actuellement en Russie. Mais ce serait sans compter avec les partisans de cet internaute talentueux qui a su rassembler et dynamiser la jeunesse russe autour de son programme anticorruption.
Le Kremlin a de la peine à cacher sa nervosité à la veille de cet événement. Hier, ses forces ont fait une descente matinale et musclée dans les bureaux moscovites d’Alexey Navalny. Les policiers masqués accompagnés d’agents du FSB ont sérieusement molesté le veilleur de nuit. Ils ont procédé aux changements des serrures des huissières du local et installé des barreaudages aux fenêtres. Ils ont remis sous tension l’alimentation électrique qui était coupée depuis un mois. Les locaux ont été scellés. Le matériel électoral qui se trouvait dans ces locaux a été saisi.
Vers 12 heures, les policiers ont fait également irruption dans le dépôt principal du comité de lutte contre la corruption à Moscou. Ils ont saisi 205.000 journaux. Il s’agit de résidu d’édition non encore distribué aux régions. À l’heure actuelle, l’enquête se poursuit. On ne sait pour quels motifs.
À Novossibirsk, le 5 juillet, la police a prévenu d’une alerte à la bombe dans les bureaux d’Alexey Navalny. Elle a brisé la porte d’entrée et a arrêté trois personnes. Le jour même, tôt le matin, les policiers avaient tenté d’entrer dans une pièce où était entreposée une grande quantité de matériel destiné à soutenir la campagne électorale de Navalny. Les bénévoles ont réussi à sauver près de 250.000 exemplaires en évacuant une partie du matériel par la fenêtre et à le transporter dans d’autres locaux. La Police a quand même saisi 100.000 journaux.
La veille, le 4 juillet, le siège de Navalny a été attaqué à Krasnodar et dans nombre d’autres villes. Les partisans sont empêchés d’agir en faveur de sa campagne électorale. Le 26 juin, à Rostov, les pneus de la voiture du coordinateur du personnel ont été crevés. À Barnaul, on a tenté d’incendier les locaux.
En général, les représentations de Navalny sont soupçonnées d’œuvrer en faveur de la « campagne illégale » de leur leader. Les autorités locales refusent de délivrer les autorisations administratives indispensables pour effectuer des piquets et autres actions de soutien sur la place publique. La distribution de tracts est déclarée illégale, car en période non électorale. La poste et les sociétés de transport ne délivrent pas de matériel aux représentations régionales de Navalny.
M Volkov, collaborateur de Navalny, fait une relation avec cette criminalité croissante et les déclarations du chef de la commission électorale centrale, Ella Pamfilova. Cette dernière a affirmé que la candidature de Navalny aux élections présidentielles est impossible, sauf miracle.
Hélas, l’opposant Alexey Navalny n’est pas seul à être victime de la répression. Membres de la Nouvelle opposition, Marc Galpérin et Youry Gorsky sont aux arrêts accusés d’extrémisme. Les nationalistes Alexandre Belov et Dmitry Demouchkin ont été condamnés à de lourdes peines de prison pour leur activité d’opposant. Il y a actuellement plus de 200 prisonniers politiques dans la Russie de Poutine. Le militant de « Memorial » Iouri Dmitriev ne creuse plus inlassablement la terre pour exhumer les ossements des milliers de personnes exécutés par le KGB en Carélie. Vladimir Poutine, directeur du KGB et aujourd’hui président de Russie, lui a monté une affaire ignoble dont il a la spécialité pour lui faire cesser ses activités. Youri Dmitiev est aujourd’hui en prison, victime lui même des hommes dont il dénonce les crimes.
Par la répression, Poutine a réussi à mater l’opposition unie le 6 mai 2012. Le miracle dont parle Ella Pamfilova pourrait être le suivant : par la même répression, Poutine pourrait unir enfin ses opposants. Leur cri « La Russie sans Poutine » devient leur cri de ralliement.
Dernières nouvelles. Aujourd'hui, Alexey Navalny a été libéré.