L’article 212.1 du Code pénal s’appelle aussi l’article Dadin, du nom du premier opposant russe condamné à trois ans de prison pour participations répétées à des manifestations pacifiques. Selon cet article, trois infractions administratives, déjà jugées et dont la sentence a été exécutée, se transforment automatiquement en délit pénal si le contrevenant est jugé une quatrième fois. Il est passible de cinq ans de prison.
Constatntin Kotov a été de nouveau arrêté le 10 août dernier à Moscou, alors qu’il participait à la manifestation pour des élections libres. Cette dernière protestait contre le rejet des candidats de l’opposition aux élections de la Douma de Moscou. En. lisant le verdict, le juge a énuméré les infractions administratives précédentes dont Kotov s’était rendu coupable. Il a conclu que l’accusé poursuivait ses activités, « sans avoir tiré les conclusions nécessaires » de celles-ci. Verdict : quatre ans de prison ferme. La veille, le procureur avait requis 4 ans et demi.
Plus de 100 personnes étaient présentes au tribunal pour soutenir le militant. Parmi elles, la candidate interdite de candidature Lioubov Sobol, l’écrivain Lev Rubinstein, ainsi que des personnes poursuivies pour leur participation aux manifestations de cet été.
Le public rassemblé pour soutenir Kotov a protesté en criant « Honte ! », « Liberté pour Kotov ! » Les gardes ont bousculé les gens vers la sortie. Deux femmes ont eu un malaise.
Le procès a été expédié en deux jours. Le juge a refusé d’interroger les deux tiers des témoins cités par la défense. Il a refusé de joindre à l’affaire toutes les vidéos présentées par la défense. Elles démontrent que les agissements de Kotov sont uniquement pacifiques. Tout semble indiquer que l’enquête a été faite avec une photocopieuse. Les protocoles d’interrogatoire de cinq policiers sont absolument identiques, mot pour mot, à l’exception de la partie introductive et de la date.
Le pouvoir est aux abois. Il bloque l’accès de l’opposition aux assemblées en imposant un filtre électoral. Il ressort les articles de loi les plus liberticides. Ses tribunaux contrôlés par le FSB font la sale besogne répressive. Voilà la réalité de la Russie de Poutine que ne sauraient masquer des images que tente de diffuser vers l’Occident la propagande du Kremlin.