Dans la vaste Fédération de Russie, pas une seule autorité musulmane, à l’exception du président tchétchène Kadirov, n’a soutenu la décision de Poutine d’appuyer militairement, par des bombardements, Bashar-al – Assad. Tous les musulmans russes et de l’ex-URSS sont sunnites. Comment réagiront-ils alors que l’aviation russe tue des musulmans sunnites en Syrie ? Intervenant en Syrie, Poutine a décidé de rentrer dans la coalition des radicaux chiites et de prendre part à une guerre religieuse de type moyenâgeux. Il risque ainsi de s’opposer à 1,5 milliard de sunnites soit, 85 % du monde musulman. Cela n’augure rien de bon. Ces événements rappellent la guerre russe en Afghanistan, 1979 – 1989, qui a précédé l’effondrement du pays intervenant : l’URSS. Mais dans le cas de la Syrie, la situation est pire. Avec l’Afghanistan, l’URSS avait une frontière commune. Pour la Russie, la Syrie est un pays d’outre-mer. La guerre a détérioré radicalement les relations de la Russie avec la Turquie. Erdogan, le président turc, a très clairement dit que la Russie payera cher son renoncement à l’amitié avec la Turquie. La Turquie peut interdire les détroits du Bosphore et des Dardanelles aux navires russes. La Turquie est membre de l’OTAN. L’Alliance est tenue de protéger sa souveraineté. Un conflit de la Russie avec la Turquie pourrait se transformer en conflit avec l’OTAN. La Russie bombarde l’opposition modérée à Basha-al-Assad, alliée de la coalition occidentale. Poutine a pris la décision d’intervenir dans cette aventure complexe à l’issue incertaine sans consulter aucun expert du monde arabe et du Moyen-Orient.
Sortir de ce conflit sera beaucoup plus difficile que d’y entrer. Moscou est dans une impasse. Quitter la Syrie tant que l’État islamique reste en place et sans rétablir le pouvoir de Bashar-al-Assad sera reconnaître l’échec. Aprés le Caucase et l'Ukraine, la Syrie sera-t-elle la nouvelle guerre inachevée de Poutine ? Comment réagira intérieurement la Fédération de Russie, multinationale et multiconfessionnelle, à toutes ces épreuves ? Voilà la question.
Musulmans priant à Moscou.