Daria Polyudova a déjà effectué deux ans de prison pour son action contre la guerre de Poutine en Ukraine et pour avoir demandé que les régions russes puissent se prononcer sur leur statut par référendum.
Le 31 janvier 2019, Daria Polyudova a fait un nouveau piquet de protestation au centre de Moscou. Elle tenait une affiche : « Îles Kouriles ! Arrêtez de nourrir Moscou ! Vive la République d’Extrême-Orient ! ».
Selon les experts des services de sécurité russes, FSB, en date du 12 août 2019, le texte de l’affiche et la déclaration de Polyudova contiennent une combinaison de signes psychologiques et linguistiques qui incitent (sous la forme d’un appel) les résidents des îles Kouriles et de Sakhaline à faire sécession, à former un État indépendant, la République d’Extrême-Orient. Ils y ont vu également une combinaison d’indices qui projette la dislocation de la Fédération de Russie et la transmission d’un certain nombre de territoires à des États étrangers (violation de l’intégrité territoriale de la Fédération de Russie), provoquant ainsi l’effondrement de la Fédération de Russie, de ses eaux territoriales et de son espace aérien.
13 janvier 2020, le service d’enquête du FSB a ouvert une affaire judiciaire contre Daria Polyudova.
Le 15 janvier 2020, Daria Polyudova a été arrêtée. Des perquisitions ont eu lieu chez à son domicile et à celui de la journaliste Olga Sapronova de Gradus.TV. Kirill Kotov, camarade de Polyudova au mouvement « Résistance de gauche », a été arrêté et interrogé. Kotov et Sapronova ont été libérés et contraints de signer des engagements de non-divulgation.
Le 16 janvier 2020, un juge de Moscou, Anna Sokova, a accédé à la demande de l’enquêteur et ordonné l’emprisonnement de Daria Polioudova jusqu’au 13 mars 2020. Le 10 mars, le même tribunal a prolongé l’arrestation jusqu’au 13 juin 2020.
En 2014, Daria Polyudova avait été arrêtée deux jours avant la « Marche pour la fédéralisation du Kouban » à Krasnodar (la manifestation était prévue dans le cadre d’une action contre la guerre avec l’Ukraine). En décembre 2015, elle a été condamnée à deux ans de prison en vertu d’articles réprimant l’appel public à l’extrémisme, au séparatisme via Internet. L’Union de solidarité avec les prisonniers politiques et le Centre des droits de l’Homme « Memorial » avait reconnu la militante pacifiste prisonnière politique. Polyudova a été libérée après avoir purgé sa peine en octobre 2017.
Selon les associations des droits de l’homme, l’État ne peut pas criminaliser le séparatisme en l’associant sans raison à la propagande d’actions violentes. Daria Polyudova avec son affiche et dans son interview n’a pas appelé les habitants des îles Kouriles à la lutte armée pour l’indépendance. Elle a exprimé son opinion, qui est fondée sur le fait que les résidents des îles Kouriles, ainsi que d’autres territoires, ont le droit de décider eux-mêmes, par référendum, de faire partie d’un État ou d’avoir leur propre État. La criminalisation des appels à un référendum contredit les principes fondamentaux de l’État russe et de sa Constitution du pays. Dans le préambule de cette dernière, il est dit que les fondements démocratiques de l’État sont inébranlables. L’article 3 stipule que « le détenteur de la souveraineté et la seule source de pouvoir dans la Fédération de Russie sont son peuple multinational. Il est la plus haute expression directe du pouvoir exprimé par référendum et élections libres. »
En avril 2019, Daria Polyudova a été reconnue prisonnière politique par l’Union de solidarité avec les prisonniers politiques et Memorial. Daria Polioudova n’a proposé aucune action violente pour mettre en œuvre un référendum dans les îles Kouriles. Son article du 28 janvier 2019 à propos de « la dislocation » de la Russie en plusieurs États ne contient aucun appel ou approbation de la violence.
Daria Polyudova est poursuivie pour ses critiques envers les dirigeants russes. Elle s’est activement opposée à la guerre contre l’Ukraine, à l’annexion de la Crimée et à la répression politique. Daria Polyudova est une prisonnière politique en raison du fait que son emprisonnement est conséquent uniquement de ses convictions politiques exprimées d’une manière non violente.
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