Les représentants tchétchènes, réunis le 6 août 2019 devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg, ont adopté la résolution suivante :
Depuis 400 ans, à intervalles de 40 à 50 ans, la Russie mène une guerre d’agression permanente contre le peuple tchétchène, principalement sur le sol tchétchène. Le but principal des dirigeants du Kremlin est :
— Asservir un peuple épris de liberté et d’indépendance.
— S’approprier ses ressources naturelles et le maintenir dans un état servile et famélique.
Pour justifier leurs projets criminels, les autorités russes utilisent les services spéciaux et des agents d’influence tchétchène introduits par le Kremlin dans la société tchétchène afin de provoquer une scission, un affrontement intérieur sur la base de divergences religieuses, politiques et autres.
Cela permet aux criminels russes de « diviser pour régner », de procéder à des opérations punitives comme à l’époque stalinienne et d’anéantir tous droits de l’homme.
Les « services judiciaires » des vassaux de Poutine répriment particulièrement les Tchétchènes résistants au gouvernement prorusse. Le peuple tchétchène est désespéré, car il n’a aucune possibilité ni en Russie ni au niveau international d’obtenir justice.
Violant tous les principes de justice, de moralité et de partialité, le Kremlin reste le procureur du peuple tchétchène et son juge. Le peuple tchétchène n’a même jamais eu l’espoir de faire triompher la vérité et de protéger ses droits légitimes grâce à un système judiciaire équitable.
Lorsqu’un tel espoir est enfin apparu, nous avons étudié les conditions permettant de déposer une requête. Nous avons soigneusement préparé et exposé les faits relatifs aux crimes des forces politiques et militaires de la Russie dirigée par V. Poutine. Le 23 février 2008, pour la première fois dans l’histoire de la Tchétchénie, une déclaration a été soumise et acceptée par les dirigeants de la Cour pénale internationale (CPI).
Mais le procureur général de la CPI, sur la base des preuves irréfutables présentées, n’ose pas de sa propre initiative ouvrir une enquête sur les crimes des forces politiques et militaires russes, et n’utilise pas le principe (motu proprio).
En effet, les criminels n’ont pas ratifié le Statut de la CPI, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas reconnu la compétence du seul tribunal au monde qui a le droit de poursuivre de hauts responsables coupables de crimes graves. De cette manière, les criminels russes « bouclent le cercle vicieux » de leur impunité et créent de nouvelles possibilités pour accomplir d’autres crimes potentiels.
Nous, les participants au rassemblement et de la marche pour « LA PRIMAUTÉ DU DROIT ET DE LA JUSTICE », exigeons du Conseil de l’Europe :
1— de reconnaître en tant qu’actes d’agression l’escalade militaire russe et l’invasion des forces armées russes sur le territoire de la République tchétchène d’Ichkérie en 1994 et 1999,
2 — a) d’ouvrir une enquête objective pour reconnaître comme crimes de la Russie le meurtre de 250 000 civils de la République tchétchène d’Ichkérie dont 42 000 enfants. Ces assassinats ont été commis avec des armes prohibées de destruction massive.
2 b) de reconnaître comme génocide, crime contre l’humanité et crimes de guerre : les bombardements ciblés et délibérés de villes et de villages pacifiques, les massacres et blessures de civils, les tortures et exécutions extrajudiciaires et de nombreux autres crimes contre le peuple tchétchène, commis par les forces armées russes sous les ordres des plus hautes autorités russes dirigées par V. Poutine.
3 de soumettre les conclusions de cette reconnaissance par le Conseil de l’Europe des crimes de la Russie au Conseil de sécurité des Nations Unies et à la Cour pénale internationale.
La résolution a été rédigée par Said-Emin Ibragimov, organisateur du rassemblement et responsable du mouvement pour l’état de droit et la justice. Elle est soutenue à l’unanimité par les participants au rassemblement.