Moscou: l’opposition a rassemblé 50.000 personnes
- 11 août 2019
- Par Pierre HAFFNER
- Blog : Chronique de Russie.

Les élections municipales sont prévues pour le 8 septembre. Si le mouvement de protestation continue de progresser au rythme actuel, l’inamovible autocrate Poutine pourrait commencer à s’inquiéter. On sait qu’en Russie, le pic des mouvements populaires et les révolutions ont lieu en hiver.
Deux particularités survenues hier sont à remarquer. Convaincus que le Président décide de tout, des centaines de manifestants ont quitté l’avenue Sakharov et se sont dirigés vers son administration. Ils ont été interceptés par des centaines de « Cosmonautes », c’est le nom donné aux policiers antiémeutes en raison de la forme de leur casque. 178 personnes ont été arrêtées. Les mots d’ordre des manifestants n’exigeaient plus des élections municipales libres à Moscou, mais la libération des candidats arrêtés et des prisonniers politiques en général :«La Russie sera libre», « Poutine voleur », « Poutine, part ! », « Il y en a marre du tsar ! ».
Le pouvoir a tenté d’éradiquer les exigences démocratiques en mettant en place un mécanisme de répression politique. Entre le 20 juillet et le 10 août, la plupart des candidats déchus et autres opposants ont été arrêtés : Alexey Navalny, Ilya Yashin, Dmitry Gudkov, Marc Galpérin, etc. Des articles plus répressifs ont été sortis pour réprimer l’organisation des manifestations non autorisées du 27 juillet et du 3 août qualifiées d’émeutes. Ils visent tous les leaders. Les bureaux du Fond anticorruption d’Alexey Navalny ont été perquisitionnés et une enquête judiciaire a été ouverte pour comptabilité frauduleuse. Une centaine de comptes bancaires de l’organisation et de ses collaborateurs a été bloquée. Et il semble bien que ce soit cette thérapie répressive du pouvoir qui a élargi la contestation et l'ait portée à un niveau supérieur qui lui a permis de rassembler deux à trois fois plus de manifestants, trois semaines plus tard, au même endroit (avenue Sakharova) .
Déjà, les politiques les plus perspicaces se posent la question de l’après-Poutine. On sait que le sort de tels régimes se règle, sans crier gare, en trois ou quatre jours. La chute du dictateur roumain, Nicolae Ceaușescu , avait commencé par un meeting qu’il présidait lui-même, quatre jours après qu’il ait ordonné à la police de tirer sur des manifestants. L’escalade de la répression peut mener aussi à la chute du régime répressif lui même.
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