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Billet de blog 15 septembre 2020

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Les services secrets russes chez les Gilets jaunes.

Place Wagram, le 12 septembre, parmi les Blacks-blocs, des casseurs très spéciaux. Visage dissimulé par un foulard, lunettes de piscine et batte de baseball. Ils parlent russe. La police, le contrespionnage français ne voient rien.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
GRU place Wagram © Pierre HAFFNER

Parmi la foule jaune et noir, le regard de colosses aux yeux bleus et bridés a attiré mon attention. Je me suis rapproché de ce groupe de six hommes, tous étaient étrangement tatoués. J’ai reconnu une langue qui m’était familière sur le bord de la Volga. Mais nous étions sur les rives de la Seine.

 Depuis le 1er décembre 20018, je savais que les services secrets russes étaient assidus des manifestations des Gilets jaunes. Il n’est pas question du très officiel média « Russian-Today », chargé de collecter des images des manifestations parisiennes. Projetées sur les écrans nationaux russes, ces scènes d’apocalypse démontrent que l’Occident est décadent. Elles autorisent Poutine à poser la question à son public effrayé : « Voulez-vous que ce soit chez nous comme à Paris ? » Bien sûr que non ! La Russie restera stable grâce à Poutine. Il protège la Russie.

Illustration 2
Tatoué place Wagram © Pierre HAFFNER
Illustration 3
Tatoué place Wagram © Pierre HAFFNER
Illustration 4
Tatoué place Wagram © Pierre HAFFNER

Mais la Russie ne fournit pas que les caméramans de « Russian Today ». Elle procure aussi secrètement des acteurs très particuliers à ces manifestations. Le 12 septembre 2020, je les ai vus et entendus place Wagram. Le groupe s’est équipé en ma présence pour le combat. Ses membres ont chaussé comme un seul homme lunettes de piscine. Ils se sont caché le bas du visage avec un foulard et ont sorti une batte de baseball. Je l’ai vue. Les fragments de tatouages, qui débordaient de leur vêtement, m’ont informé que j’avais devant moi des mercenaires. Ces graphiques sont typiques du monde criminel russe et de l’organisation « A U E », « Арестантское Уголовное Единство ». Elle est apparue dans les années 1990. Elle formait les adolescents au crime. Depuis elle a été interdite, mais ses membres sont toujours contrôlés par le FSB. Ces hommes ont un passé criminel et mafieux. Je me suis approché le plus près d’eux pour les écouter. Malgré le brouhaha de la foule, les accents slaves étaient audibles. A un moment l’un d’eux a élevé la voix et a dit : « Что ты делаешь » soit « Que fais-tu ? ».

Les consignes s'exécutent simultanément. © Pierre HAFFNER

Ils sont venus à Paris, missionnés par les services secrets militaires russes, GRU, non pas pour visiter une exposition culturelle, mais pour en découdre dans les manifestations. Ce ne sont pas des espions du GRU, car les espions n’ont pas de tatouage pour ne pas se faire remarquer. Mais le GRU recrute pour ses basses besognes dans les Spetsnaz et le milieu qui porte de tels tatouages. L’assassin présumé du Géorgien Khangosvili arrêté à Berlin est tatoué. C’est un ancien des spetsnaz Vympel. Le GRU utilise les mercenaires de la Compagnie militaire privée « Wagner ». Leurs exactions sont tristement célèbres au Donbass et en Syrie. Ce 12 septembre, en fin de manifestation, ils se sont regroupés pour retourner au bercail. Compte tenu de toutes les maladresses qu’ils ont accomplies, il s’agit de criminels de bas étage recrutés sur contrat par les services secrets russes. Ces derniers ont besoin de Blacks-blocs supplémentaires dans les manifestations parisiennes.

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Tatoué place Wagram avec lunettes et foulard © Pierre HAFFNER
Illustration 7
Sur le mlajeur droit "l'anneau du voleur" © Pierre HAFFNER

Le samedi 1er décembre 2018, j’avais déjà été informé des activités des services secrets russes dans les manifestations parisiennes. Un ami russe, qui ne parle pas français, s’est égaré. Incapable de retrouver son hôtel, il avait demandé en anglais son chemin à des manifestants. Il s’est adressé à des hommes d’apparence slave et à l’allure sportive.   Ces personnes lui ont répondu en anglais, mais avec un fort accent russe. Lorsque mon ami a compris que ses interlocuteurs étaient des Russes, il a reposé la question en russe. Cela a provoqué immédiatement la disparition de ces quatre personnages qui de toute vraisemblance ne voulaient pas être identifiés en tant que Russes à cette manifestation de gilets jaunes. Mon ami, expérimenté, m’avait dit : « Ces hommes sont des agents russes ».

Dès 2018, j’avais communiqué les informations, dont je disposais, aux RG de Bayonne. Plus tard, j’ai rédigé un dossier que ceux-ci ont refusé. Ils m’ont renvoyé au commissariat qui n’a rien compris à ce que je disais et m’a renvoyé aux RG. Ces derniers refusent toute information par E-mail, par clé USB. Ils ont peur des virus. Bien sûr, ils lisent ma page Facbook et mes articles. Mais je ne peux pas tout publier contre Poutine par confidentialité. Comme je suis têtu, je suis revenu sonner à leur portail. Ils ont refusé de descendre, et seul le concierge au travers des barreaux de la grille a pris les documents que j’avais imprimés en me promettant de leur remettre.

Par contre, leurs collègues espagnols d’Irún sont plus accueillants. Je les avais appelés pour les informer que j’avais des informations de Russes sévissant en Espagne. Ils m’ont communiqué une adresse E-mail. Ils ont accusé réception de mon courrier et m’ont remercié.

 Le bide de la sécurité nationale.

Le pouvoir français a mobilisé des moyens énormes contre les Gilets jaunes. Toutes les forces de polices, de gendarmerie, tous les services secrets du pays sont sur les dents depuis bientôt deux ans, et les agents des services secrets militaires russes agissent impunément à leur barbichette en plein jour à Paris.

Peut-être que tout ce beau monde a besoin de désordre à Paris pour des raisons différentes. Ces exactions donnent à la police française l’impression de servir à quelque chose, Macron les utilise pour diaboliser l’adversaire social et politique et Poutine peut, grâce à elles, se prévaloir comme garant de la stabilité en Russie face à un occident décadent. Services secrets et médias organisent ce spectacle.

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