Le XXIe siècle militaire a commencé au Haut-Karabakh. Les fortifications édifiées depuis 1994 par les Arméniens n’ont pas résisté à l’assaut de centaines de drones destroyers turcs et israéliens. En réduisant en miettes blindés, artillerie, bastions et troupes arméniennes, ces drones ont ouvert la voie aux armées azéries.
La robotisation de la guerre a commencé par les airs. Il ne s’agit pas des drones solitaires vengeurs étasuniens qui éliminent un à un les terroristes pakistanais, ni des drones, correcteurs d’artillerie, utilisés au Donbass, mais de centaines d’aéronefs turcs et israéliens sans pilote au service du dictateur de Bakou. Ils ont réduit en bouillie sur toute la longueur du front au Haut-Karabakh les défenses arméniennes. Contrairement à l’Azerbaïdjan, la jeune démocratie Arménie, au piètre budget militaire, n’avait rien pour faire face à ce type de guerre nouvelle, sinon les armements de son seul fournisseur : la Russie.
Igor Korotchenko, expert militaire russe, comme tous les stratèges du monde entier, a analysé ces hostilités qui se sont soldées par une défaite cuisante de l’Arménie et de ses armements russes. La Russie, unie à l’Arménie par un traité de Défense, a pour sa part pu observer le comportement de son matériel militaire des deux côtés du front, puisqu’elle a livré à l’Azerbaïdjan des armes pour une valeur de cinq milliards $.
Les conclusions de Igor Korotchenko sont les suivantes. La Russie doit s’équiper rapidement de milliers de drones destroyers et kamikazes qui devront attaquer en essaim sur le champ de bataille en cas de conflit avec un pays de l’OTAN. La Russie doit aussi inventer des batteries d’artillerie à obus programmables, car les missiles aériens sont trop onéreux pour être dirigés sur de seuls drones. Igor Korotchenko oublie néanmoins de dire : « Merci à l’Arménie d’avoir démontré à ses dépens l’inefficacité des armements russes dans une guerre moderne ».
On est convaincu que tous les militaires de tous les pays voudront s’acquérir de ces nouvelles armes. Dès lors, une nouvelle course aux armements surgit, chacun voulant, à l’instar du dictateur Aliev, posséder l’arme suprême. Rêve éternel de l’humanité.
Poutine a également donné une bonne leçon à la jeune démocratie arménienne. Sa révolution de velours de 2018 lui avait fortement déplu. L’Azerbaïdjan n’aurait jamais attaqué les Arméniens sans être certain de la passivité du Kremlin. Les Arméniens valent-ils moins que des Syriens, des Ossètes ou des Abkhazes de Géorgie ou des Russes du Donbass ? Pour Moscou, très certainement oui, s’ils ont des élans démocratiques. Pour Aliev et Erdogan également ! Prise dans l’étau des dictatures, l’Arménie a été battue.