Août 2008, le téléphone s’est arrêté soudain de sonner dans mes bureaux à Moscou. Mon entreprise fournissait du matériel de coupage et de soudage des métaux aux usines de construction métalliques de Russie et de CEI. Mes clients semblaient s’être soudain endormis. Hélas, il ne s’agissait pas d’un phénomène saisonnier. IL s’avérera définitif.
L’intervention des armées russes sur le sol géorgien a gelé l’activité économique en Russie. Les secteurs industriels lourds seront les plus touchés. Les illusions classiques, qu’une relance se produira dans deux ans, ont fini par disparaître. J’ai attendu plusieurs fois deux années jusqu’au moment où j’ai fini par comprendre que le risque industriel majeur en Russie s’appelle « Poutine ». Celui-ci surpasse tous les autres. Pour relancer l’économie russe, il faut tout d’abord que Poutine dégage !
Les choses se sont aggravées fortement en 2014 avec l’annexion de la Crimée. Elle a été prétexte à une nouvelle guerre froide avec l’Occident. Cet affrontement aura les mêmes effets que le précédent. Chacun se rappelle la défaite désastreuse de l’URSS lors de la Première Guerre froide ou troisième guerre mondiale.
Aujourd’hui, il faut savoir gagner la paix et non la guerre. Cela aurait dû être l’enseignement qu’aurait dû tirer la classe politique postsoviétique de ce vaste affrontement géostratégique.
Hélas, le post-soviétisme n’a pas été une désoviétisation, mais un néo-soviétisme. La Russie poutinienne reprend cette politique qui a si magnifiquement échoué par le passé. Faire pareil avec moins de moyens et cela pour mieux réussir ? J’en serais fort étonné.
La Russie ne peut pas s’extraire de cette ornière qui la condamne a revivre son passé. Une nouvelle dislocation guette cet État fédéral né en 1992. On connaît le mécanisme : la fédération se transforme en confédération. Puis des conflits surgissent avec les États confédéraux et concurrents nouvellement apparus jusqu’au divorce définitif.
Un inconnu demeure cependant : Poutine, c’est combien de morts ?