Dans les prisons russes, il y a six décès pour 1000 prisonniers, selon le rapport du Conseil de l’Europe. Résultat des mauvais traitements, le nombre total de morts excède 4.000. La Russie est aussi le premier pays d’Europe pour le nombre de personnes privées de liberté, soit 646.000 au 1er février 2016.
Le journal « Novaya Gazeta » a publié aujourd’hui cette vidéo de dix minutes filmée par une caméra individuelle que doivent porter les geôliers. Nous déconseillons son visionnage aux personnes sensibles. Pour elles, voici un résumé de la scène.

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Dans une pièce spacieuse, un homme est maintenu allongé en croix sur une table. Ses mains sont immobilisées par deux personnes. Il y a au mois dix hommes en tenue de camouflage tachetée de gris dans la salle. Ils frappent méthodiquement l’homme crucifié sur les tibias et les talons avec des matraques en caoutchouc. Celui-ci hurle et demande grâce. De temps en temps, on lui verse un seau d’eau sur la tête. Les gens en tenue de camouflage s’essoufflent. Ils essuient leur sueur et enlèvent leurs chemises. Ils disent : « Regardez, sa jambe gonfle ». « Oui, mes mains sont déjà engourdies ! » À la quatrième minute, un commandant en chemise grise saisit une matraque. Il frappe systématiquement la plante des pieds du supplicié. Il sue, s’épuise. Il transmet la tâche à un autre bourreau et dit : « Relève de la garde. »
À un certain moment, les vêtements du supplicié sont arrachés. Il est retiré de la table et mis à genoux. Il est frappé sur le visage. L’un des tortionnaires, en t-shirt noir, commence à l’interroger :
- « Pourquoi m’as-tu traité de chien roux, hein ? »
- « Je m’excuse ! »
- « Quelle excuse ? Comment t’excuses-tu ? Fais attention à ce que tu dis ! »
À ce moment, un homme en débardeur noir relève la tête de la victime en le tirant par les cheveux.
La vidéo se termine exactement à la dixième minute, lorsque l’homme nu est à nouveau posé sur la table. De toute évidence, la torture n’est pas finie.
Le supplicié s’appelle Evgeny Makarov. Il a été torturé le 29 juin, 2017 par les geôliers du pénitencier n° 1 de la région de Yaroslavl. Ses geôliers l’appellent par son nom à plusieurs reprises lorsqu’il perd connaissance.
Il y a un an, l’avocate Irina Biryukova avait été informée que son client Evgeny Makarov ne pouvait plus se tenir debout suite à des tortures. Ses pieds saignaient. Mais l’administration pénitentiaire a refusé de lui laisser rencontrer son client. Il lui a été répondu : « Pour des raisons médicales, il n’est pas en état de parler avec un avocat ». L’avocate a demandé : « Est-il mort ? Apportez-moi un certificat ! »
Après plusieurs jours, ayant réussi à pénétrer dans la prison, l’avocate a vu un spectacle terrible. Elle a décrit cela dans un procès-verbal.