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Billet de blog 20 décembre 2020

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Le Kazakhstan et le revanchard grand-russe.

Ermek Narymbaï est un opposant au dictateur Narzabayev qui règne depuis 30 ans sur le Kazakhstan. Pour son activité politique, Ermek a été emprisonné deux ans dans son pays. Réfugié en Ukraine, il analyse les prétentions récurrentes des dirigeants russes à propos des territoires du Kazakhstan Nord.

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Ermek Narymbaï © Pierre HAFFNER

Viatcheslav Nikonov, député russe et président du prestigieux comité pour l’éducation et la science, a renouvelé cette revendication : les vastes territoires situés au nord du Kazakhstan seraient russes, cadeau du généreux Nikita Khrouchtchev à la République soviétique socialiste du Kazakhstan, comme il en fut de la Crimée à l’Ukraine soviétique.

Des historiens affirment qu’il n’en est rien. La steppe était le domaine des peuples nomades turcophones et non des Russes sédentaires. Elle s’étend des frontières actuelles du Kazakhstan, au travers du Sud-Oural jusqu’à Astrakhan qui devrait être kazakh.

En 1991, les accords de démembrement de l’URSS avaient été acceptés par toutes les parties et les frontières bien définies. C’était sans compter avec le néoimpérialiste russe revenu. Les revanchards au Kremlin expriment à présent des revendications territoriales envers les anciennes républiques soviétiques, accusées d’avoir dépouillé la Russie de ses marches avant de faire sécession.

Viatcheslav Nikonov est le petit-fils de Viatcheslav Molotov. En 1939, le pacte secret Ribbentrop — Molotov définissait les zones d’influence allemande et soviétique. Il a permis à l’URSS de récupérer des possessions tsaristes : une partie de la Finlande, Pologne et les Pays baltes.

Poutine veut aussi rassembler le « Monde russe », comme Hitler le « Monde allemand ». Ses troupes ont déjà annexé des territoires étrangers pour accomplir cette mission, en Géorgie, en Ukraine. Il pourrait annexer à présent le nord du Kazakhstan comme la Crimée ukrainienne en 2014. La Russie n’attaque que les faibles non membres d’une alliance militaire. Pas les membres de l’OTAN. Le Kazakhstan isolé est en danger.

De son exil de Kiev, Ermek Narymbaï pense que les pays turcophones d’Asie doivent s’unir sous l’égide de la Turquie. Les drones de cette dernière ont fait la démonstration de leurs supériorités devant les armements russes en Libye, Syrie, au Haut-Karabakh. Cette fédération asiatique serait un point de ralliement pour tous les peuples turcs de Fédération de Russie, de Chine, et pour toutes les minorités opprimées par les impérialismes russe et chinois.

Ukraine, Arménie, Biélorussie, Kirghizstan, les révolutions colorées se succèdent sur l’espace postsoviétique. Le 10 janvier 2021, les élections parlementaires pourraient mettre fin au régime actuel du dictateur Narzabayev. Ce serait le signal pour une intervention russe désirant protéger les intérêts de Moscou et entraver le processus de démocratisation. La Russie pourrait alors amputer le Kazakhstan de ses territoires du Nord, en prétextant vouloir « protéger des Russes, la langue, etc. » Les interventions de Viatcheslav Nikonov préparent l’opinion publique à cette future annexion. Tous les chauvinistes applaudiront.  

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