Moscou. Contre la répression

En Russie, des condamnations lourdes commencent à tomber en vertu de nouvel article 212-1 introduit dernièrement dans le Code pénal. Elles peuvent aller jusqu’à cinq ans de prison. Le 7 décembre dernier, Ildar Dadin a été condamné à trois ans de prison pour « violations répétées lors de manifestations ». Il avait fait trois piquets. Ceux-ci consistent à rester debout immobile en tenant une affiche où est inscrit un slogan. Avoir un badge sur la poitrine ou sur son sac est considéré également comme piquet. On risque ainsi 15 jours de prison. Selon ce nouvel article, après trois condamnations, la personne est rejugée, sans avoir participé à aucune autre action, et peut être condamnée à des peines allant jusqu’à 5 ans de prison. C’est ce que l’on appelle en France la « double peine » et qu’il conviendrait d’appeler aussi le « coup de massue », puisque trois « infractions » administratives déjà jugées ne peuvent l’être une deuxième fois selon le droit international. Ce deuxième verdict est totalement disproportionné avec les faits dont la personne s’est totalement acquittée et qui en fait ne sont autres que son plus pur droit constitutionnel, puisque la Constitution russe garantit la liberté d’expression.
Serguy Charov-Delauné, défenseur des droits de l’homme, dit que, souvent dans l’histoire, des lois ont survécu à l’état ou au législateur qui les ont procréées. Le Droit romain a survécu à l’Empire romain. Le Code napoléonien a survécu à Napoléon. Mais, il est peu probable que les lois liberticides de Poutine destinées à faire survivre son régime se pérennisent le dictateur une fois déchu.
D’autres militants de la société civile russe sont actuellement poursuivis selon ce nouvel article du Code pénal, Mark Galperin arrêté une première fois pour avoir brandi une affiche « Je suis Charle-Hebdo », Vladimir Yonov qui a réussi à s’enfuir en Ukraine où il a obtenu l’asile politique.
Le pouvoir craint le mécontentement d’une population outrée par le pillage des ressources naturelles du pays, par la crise économique, la chute du rouble et l’absence totale de perspectives de développement.
La réponse de Poutine, c’est un renforcement de la dictature pour écraser toute contestation populaire. Ces nouvelles lois liberticides visent à renforcer l’autoritarisme en limitant la liberté d’expression, de pensée et de réunion. Elles sont destinées à faire cesser toute critique de la part des citoyens en les effrayant.
Le Centre des Droits Humains « Memorial » a considéré la condamnation de Ildar Dadin illégale et motivée politiquement.