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Une trentaine de candidats ont été interdits d’élections municipales à Moscou. Elles se dérouleront le 8 septembre. La saison estivale n’est pas le meilleur moment pour une campagne, mais le calendrier électoral est ainsi en Russie. Un filtre impose aux candidats de recueillir des soutiens, sinon leur candidature est invalidée. La commission électorale effectue une expertise « graphologique » des signatures. Elle les invalide sous des prétextes les plus futiles. Par exemple: le zéro (0) absent, que ne recopie pas le programme « Exel » lorsqu’il est situé en tête des dates ou des numéros des pièces d’identité, les erreurs effectuées par la commission elle-même. Les conclusions des experts, dont on ne connaît pas la qualification, priment malgré le témoignage des pétitionnaires. Le procédé de vérification n’obéit à aucun protocole. Il est totalement opaque.
Au cours de la semaine écoulée, des manifestations spontanées ont surgi sur la place Trubnaya à Moscou. Samedi dernier, un meeting autorisé par le pouvoir a rassemblé plus de 22.000 personnes sur l’avenue Sakharova. On n’avait pas vu cela depuis 2012. Le pouvoir est resté relativement passif, mais pas pour longtemps. Alexey Navalny et Marc Galpérin ont été condamnés à 30 jours de prison pour avoir appelé à manifester le 27 juillet devant la Mairie de Moscou, Alexandre Archagov à 10 jours, Oleg Stepanov à 8 jours.
Des rassemblements ont eu lieu spontanément devant le bâtiment de la commission électorale qui réfute les candidatures. Accusés de bloquer le travail de cette dernière, des militants sont poursuivis avec des articles plus répressifs du Code pénal. Sont recherchés pour interrogatoire Alexandre Saveliev, Ivan Zhdanov, Nikolay Balandin, Julia Galyamina et Dmitry Gudkov. Son père, Gennady, ancien député de la Douma d’État, a déjà été interrogé. Lioubov Sobol a été arrêtée hier soir ( vidéo). Une voiture de police stationne au pied de l’immeuble de Ilya Yashin qui a eu la sagesse de ne pas retourner chez lui pour le moment. Les autres candidats écartés qui insisteraient pourraient non seulement ne pas pouvoir se présenter aux élections, mais se retrouver en prison.
En écartant les candidats contestataires, le pouvoir entrave l’entrée des opposants au parlement de Moscou. Ils deviennent du gibier pour la machine répressive destinée à intimider toute contestation. Mais nous ne sommes plus au zénith du pouvoir de Poutine en Russie. Dans le contexte actuel, la terreur pourrait se retourner contre ceux qui l’ont déclenchée.