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Billet de blog 31 janvier 2017

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Sauvons les journalistes ukrainiens!

Le journalisme est une profession à haut risque en Russie. Surtout si le journaliste est de nationalité ukrainienne. À la pierre Solovetsky, symbole du Goulag sur la place Lubyanka à Moscou, des militants procèdent mensuellement à l’appel des prisonniers politiques du Goulag de Poutine. Hier, les premiers mots prononcés par Véra Lavreshina ont été consacrés aux journalistes ukrainiens emprisonnés.

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Meeting à Lubyanka © B l,

Le KGB est revenu au pouvoir en la personne de son ancien directeur Vladimir Poutine, et avec lui le GOULAG. Le nombre de prisonniers politiques en Russie ne cesse de croître.

Véra Lavreshina, journaliste et militante des droits de l’homme, reprend la tradition des dissidents soviétiques débutée par les prisonniers Kronides Lioubarskii et Alexei Murjenko dans un camp en Mordovie. Le 30 octobre 1974, ils avaient organisé un jour de désobéissances afin d’exiger le respect des normes du droit international à leur égard et de plus être traités comme des prisonniers de droit commun.

En 1991, la Journée des prisonniers politiques était devenue une Journée de commémoration du goulag. Après la chute du régime communiste, nous avons cru naïvement que la démocratie s’était installée définitivement en Russie et qu’il n’y aurait plus de prisonniers politiques. Nous avons eu tort.

En 2000, le KGB (FSB) est revenu au pouvoir en la personne de son directeur Vladimir Poutine. Aujourd’hui, pour des prétextes les plus extravagants, l’arrestation des opposants politiques et leur condamnation sont devenues chose familière. Les peines infligées sont très lourdes.

Après les Tchétchènes, les Géorgiens et les agents de l’étranger, les Ukrainiens sont les nouveaux ennemis de Poutine. S’ils sont journalistes et entreprennent de publier des informations et opinions contraires à la propagande du Kremlin, ils vont en prison.

L’arsenal de lois liberticides adoptées dernièrement par la Douma, que beaucoup appellent « l’imprimante emballée », permet de poursuivre toute personne en disgrâce au Kremlin pour des prétextes les plus divers : extrémisme, terrorisme, séparatisme.

Le journaliste ukrainien Roman Sushchenko, accusé d’espionnage, est actuellement emprisonné en Russie. Il a été déclaré « colonel du renseignement ukrainien » par les autorités russes. Elles ont qualifié d’espionnage les raisons de son voyage en Russie. Kiev a rejeté cette argumentation et exige la libération immédiate du journaliste. Le « tarif » appliqué par Poutine, pour les Ukrainiens qu’il retient ainsi en otages en Russie, est vingt ans de prison.

Le journaliste Nicolas Semena est accusé de séparatisme pour avoir contesté dans les médias la légalité de l’annexion russe de la Crimée. Selon la législation russe, modifiée par Poutine après l’annexion de la Crimée, il s’agit d’appels publics visant à violer l’intégrité territoriale de la Fédération de Russie. Nicolas Semena est retenu à Simferopol en attente de son jugement.

Le tatar de Crimée Nidem Khalilov a entamé une grève de la faim pour protester contre sa déportation en Ouzbékistan, pays où il est né de parents tatars déporté par Staline de Crimée en 1944. Il se trouve actuellement dans un camp de rétention dans la région de Rostov en Russie en attente de sa déportation. Les forces d’occupation russes de la péninsule ont pris la décision de le déporter pour son action militante en faveur du peuple tatar de Crimée.

La manifestation mensuelle du souvenir des prisonniers du Goulag à Lubuyanka a été troublée comme d’habitude par des provocateurs et par la police venus intimider les militants.

Véra Lavrenshina et ses compagnes refusent que les souffrances, endurées dans les camps soviétiques, sombrent dans l’oubli. Elles luttent contre leur retour actuel.

Le meilleur moyen de ne pas revivre les horreurs du passé est de se les rappeler.

Ne pas oublier le Goulag, pour ne pas le revivre !

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