Il y a trois semaines, lorsqu’a été publié, dans le Club de Mediapart, mon billet intitulé « Front Populaire ! », appelant à faire front à un mouvement électoral si ample qu'il paraissait devoir tout submerger, je n’imaginais pas la suite…
Comme un puissant coup de vent vers l’extrême droite, après le vote européen, les résultats du premier tour des législatives anticipées, paraissaient nous engager soudain dans un avenir… qui nous renvoyait au pire passé.
Heureusement, le vote de ce beau dimanche 7 juillet semble contredire, voire effacer, le premier tour inquiétant de ces élections à rebondissements.
Il faut pourtant tenter d’analyser le mélange de sentiments et d’opinions qui se sont fait entendre lors de ces scrutins, en juin et juillet.
Certains de ces sentiments ont été manipulés par des entreprises politiques xénophobes qui ont toujours prospéré sur la peur et le rejet de l’autre, de l’étranger. Ils viennent d’être battus en brèche au second tour des législatives par un « front républicain » tel que la gauche a déjà su en organiser dans notre histoire, dès 1934.
D’autres préoccupations ont été bien plus massivement exprimées. Elles concernent l’avenir de la France. La possibilité pour toutes et tous de vivre décemment de son travail. Les espérances de notre jeunesse. La reconstruction de nos grands services publics de l’enseignement, de la santé, de la justice et de la sécurité. La défense et le renforcement des droits et libertés sur notre territoire, et notre action internationale pour le Droit et la Paix dans le monde.
Voilà ce qui mobilise et, désormais, donne espoir aux citoyennes et citoyens de ce pays plus désorienté que désuni.
En donnant une majorité à des forces de gauche alliées non pas seulement pour neutraliser l’extrême droite, mais pour mettre en œuvre un programme de progrès démocratique et social, le vote d’hier, le troisième en un mois, ouvre une perspective nouvelle, qui oblige tous les décideurs politiques.
Pierre Joxe
Magistrat honoraire
Ancien président du groupe socialiste majoritaire à l’Assemblée en 1981