A quelques jours d'une manifestation des taxis parisiens à la Gare du Nord, j'ai souhaité évoquer ici un des enjeux majeurs du taxi de demain :
Le "taxi partagé" et plus particulièrement l'organisation qu'il suppose.
Mais revenons un instant sur le mouvement des taxis du lundi 3 Décembre prochain :
Concentration de la demande, congestion de l'offre.
Les gares sont des zones à forte concentration de demandes de transport terminaux (bus, métro, taxi, automobile). Elles nécessitent de penser en amont des dispositifs de stationnement pour les taxis en adéquation avec les pics de fréquentation que provoquent l'augmentation du trafic ferroviaire à certains horaires. La Gare du Nord, avec son complexe ferroviaire régional, national mais aussi international connecté au nord de l'Europe (Angleterre, Belgique, Pays-Bas, Allemagne) a connu un développement important ces dernières années, qui méritait certainement mieux en terme de desserte des taxis.
L'exaspération des chauffeurs d'aujourd'hui s'explique par la concentration des procès verbaux qui leur sont dressés pour stationnement non réglementaire, dans un contexte de congestion urbaine à proximité de la gare qu'ils subissent tout comme leurs clients !
On ne peut pas reprocher d'un côté le manque de taxi à Paris, et de l'autre verbaliser les chauffeurs lorsqu'ils affluent pour servir leurs clients à l'attente comme à la dépose !
Le taxi partagé, une piste à explorer.
Alors comment faire ?
A court terme, il faudra probablement réaménager la station de taxis à la gare.
Loin d'être la panacée, le "taxi partagé" est une piste qu'il convient d'explorer sérieusement tant il apporte des bénéfices au plus grand nombre :
- structurant, il permet d'organiser la demande de taxi dans le temps et l'espace, et donc de fluidifier le trafic. J'y reviendrai plus loin...
- économique, il permet de partager le montant d'une course de taxi à une époque où le pouvoir d'achat s'érode et les frais généraux des entreprises diminuent;
- écologique, il participe d'un effort commun de réduction du rejet de CO2 dans l'atmosphère bénéfique à l'environnement;
Mais c'est également un outil de relance de la demande pour les chauffeurs de taxi confrontés en ce mois de Novembre 2012 à une baisse d'activité notoirement remarquée de tous...
Cependant, pour qu'il soit efficace et convivial, le taxi partagé nécessite une organisation. Afin d'éviter les palabres interminables sur la clé de répartition du partage du montant de la course, entre Monsieur X et Madame Y, ou les temps d'approche des uns, stressant les autres déjà dans le taxi l'oeil fixé sur la montre craignant le retard à la gare, l'aéroport ou à leur rendez-vous, la meilleure solution consiste à fixer des points de rendez-vous ainsi que des points de destination communs afin de créer des "tronçons de parcours communs" par taxi (TPC).
Des infrastructures pour organiser le taxi partagé déjà existantes
Ces points de rendez-vous pour la prise en charge des clients, connus, remarquables de tous existent déjà en région parisienne ! Ils ne nécessitent aucun investissement nouveau de la part des pouvoirs publics : ce sont les bornes Velib.
La densité de ces stations réparties sur le territoire des vingt arrondissements et des communes limitrophes offre un potentiel de partage de la capacité de transport des 17 000 taxis parisiens unique en Europe :
- 1237 points de rendez-vous pour des clients covoitureurs de taxis qu'il reste à codifier par destination et faire connaître au plus grand nombre pour créer un système de taxis collectifs hors pair. Rien de plus simple, le dernier chiffre terminant le numéro identifiant chaque borne fera l'affaire.
Et pour la Gare du Nord à l'arrivée des trains ?
La solution consisterait à organiser le dispatch des voyageurs à l'arrivée des trains en amont. Celles et ceux qui sont encombrés par leurs bagages, personnes à mobilité réduite, ou qui voyagent avec leurs enfants et des bagages, iraient en priorité à la station, en espérant qu'elle soit plus grande à l'avenir afin d'accueillir davantage de taxis, quitte à en créer une nouvelle si besoin était...
Celles et ceux qui voyagent léger, iraient quant à eux se présenter aux bornes Velib alentour... à quelques centaines de mètres de l'arrivée des trains. Et commanderaient leurs taxis partagés en fonction de la destination...
C'est dans le train, bien en amont pendant le voyage que se prépare l'organisation à l'arrivée de la désserte d'un tel dispositif.
C'est aussi par le partage de taxi, que l'on parviendra à juguler pour partie la congestion des taxis à la dépose.
Mais une chose est certaine :
Sans coordination entre les professionnels du taxi, la SNCF, l'autorité de tutelle (Préfecture de Police de Paris) et les services de la voirie de la Mairie de Paris, rien ne sera possible.
En attendant, partout à Paris et dans la petite couronne, chacun pourra déjà faire des économies, changer son mode de consommation et être éco-responsable : partagez votre taxi !