Pierre Desproges en son temps avait écrit une lettre au Trésor Public.
Je ne résiste pas au plaisir de la reproduire ici :
TRESOR PUBLIC
Trésorerie Principale
Paris Cedex 09
Mon Trésor,
Merci de ta gentille lettre P14B 7624, elle m'a fait bien plaisir.
Pour les 2,25 francs que tu me dois, tu serais sympa de les virer à mon compte bancaire le plus vite possible.
Ce serait pour acheter une demi-baguette à 1,90 francs avant que ça augmente encore.
Avec les 35 centimes en trop, je pourrais avoir un roudoudou ou deux carambars, à moins que je décide d'aider la recherche contre le cancer.
Ici, il fait un temps dégeulasse. J'espère qu'à Cedex 09 vous avez beau temps.
Je te prie d'agréer, Mon Trésor, l'expression de mes sentiments distingués.
Pierre Desproges
Autre temps, autre époque, voici une version soutenue par l'actualité récente.
Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant éxisté serait totalement possible :
"Mon trésor,
Souffrant de phobie administrative, me voilà frappé à nouveau d'une rechute :
Je suis contribuable négligent pour la troisième année consécutive.
Et c'est avec un courage non dissimulé dont la presse se fait largement l'écho que je fais face depuis une semaine aux conséquences de mes maux.
Tu prendras donc bonne note mon trésor, que je ne cherche pas à me dérober malgré cet affaiblissement, que je ne suis pas un fraudeur.
Confusion des genres ! Car, tout au plus ai-je rejoint les "frondeurs" ... du fisc sur les bancs de l'Assemblée Nationale.
J'ajoute pour mémoire, que ma maladie chronique m'avait également frappé il y a quelques années, sous une autre forme :
j'avais oublié de régler chaque mois, le loyer de mon appartement parisien situé dans le cinquième arrondissement, et ce trois années durant.
Cela m'a valu quelques désagréments, notamment la réception d'un avis d'expulsion... et quelques complications dont tu peux imaginer l'embarras, conclues par une convocation au Tribunal d'Instance.
Je te remercie toutefois de ta bienveillance en m'ayant permis de régulariser ma situation par l'envoi récurrent d'un avis à tiers détenteur à l'adresse de mon employeur, qui n'est autre que la représentation nationale, la maison du peuple,
Je te remercie également d'accomplir ta tâche sans relâche, avec zèle et dévouement auprès de mes chers compatriotes eux mêmes contribuables, sans qui avec ton concours, je ne pourrai percevoir mes indemnités parlementaires... Comme tu prends soin de moi mon trésor !
Je sais que tu ne ménages pas ta peine, en ces moments difficiles que notre pays traverse. Et à maintes occasions je l'ai rappelé :
il est bien naturel que chacun contribue à l'effort du "redressement" national.
Grâce à toi comme chaque année, encore plus fort dans nos boîtes aux lettres à cette période : "le changement c'est maintenant".
Mais permets moi cette confidence, puisque nous nous connaissons si bien désormais :
J'avoue n'avoir pas compris pour quelles raisons au juste de tous bords on me harcèle !
Te rends tu compte ?
Il m'aura fallu démissionner, alors que personne à l'Assemblée Nationale n'a cru bon d'avertir le Premier Ministre qu'il n'était pas très inspiré de me nommer Secrétaire d'Etat au Commerce Extérieur.
Et puis toi mon Trésor ?! Me négligerais tu aussi ?
M'aurais tu oublié ?
Ah la boulette !
Sinon, j'ai arrêté de jouer au scrabble sur les bancs de l'Assemblée... Et ici, le temps vire à l'orage...Il fait vilain.
Je t'embrasse bien fort, mon trésor.
signé : TOTO.