La République est une et indivisible. Et pourtant, un maire mosellan semble la défier.
C'était lors de ses voeux présentés notamment aux nouveaux habitants de sa commune du Nord de la Moselle, à deux pas à peine de Gandrange et de son aciérie fermée depuis 2008, au coeur de la Lorraine industrielle sidérurgique.
Amnéville-les-Thermes dont le Maire Jean Kiffer a édifié cette "ville entreprise" comme il l'appelle depuis 1965, date de son premier mandat. Oui, vous avez bien lu :
- Une ville entreprise, un peu comme le modèle allemand médiéval des villes Hanséatiques (Brême, Hambourg, Lübek) qui réalise un chiffre d'affaires de cent soixante quinze millions d'euros et emploie deux mil salariés, disposant d'un centre de fitness, un golf, douze cinemas, un zoo, un musée de paléontologie, une salle de concert aussi grande qu'à Bercy, et... des pistes de ski artificielles... à deux pas des vallées de l'Orne et de la Fensch sinistrées.
On vient d'Allemagne, du Luxembourg, de Belgique, de France et même d'Italie à Amnéville... puisque pas moins de 6 millions de visiteurs soit 10% du nombre de touristes recenssés en France chaque année, fréquentent ce miracle de la reconversion post-industrielle, imaginé et créé par Jean Kiffer de toute pièce... Une réussite économique incontestable... mais qui semble donner la folie des grandeurs à son génie créateur.
On le sent aigri, s'indignant de l'absence de représentant de l'Etat lors de l'inauguration du "Galaxie" (la salle de concert) la voix chevrotante par moment, pris par un lyrisme démesuré évoquant les agressions de la République subies par sa bonne ville... (lesquelles au fait ?)
Mais là où le Docteur Kiffer (ayant demandé lui-même une expertise psychiatrique...) dépasse les bornes, c'est lorsqu'il s'auto-proclamme "virtuellement" prince de la "Principauté de Stalheim" (le foyer de l'acier en allemand) demandant à la République "de lui foutre la paix". Certes il parle d'une principauté virtuelle, mais son discours s'appuie sur son constat selon lequel "la politique, l'économie, les banques sont virtuelles..." et donc de fait le Maire élu démocratiquement selon les Lois de la République qui n'ont rien de virtuelles, entre en sécession en entretenant la confusion devant son auditoire,
On ne peut qu'être inquiet de cette dérive, là où le Front National a fait 17% et le taux d'abstention plus de 30% aux régionales.
Sous ses faux airs d'Augusto Pinochet, emporté par un lyrisme datant d'un autre âge, Jean Kiffer a voulu faire un coup médiatique.
Car il faut bien faire la publicité de sa "ville entreprise"...
Les applaudissements des citoyens présents au terme de son discours résonnent comme une claque à la République.
Et la CGT locale présente lors des voeux a sauvé l'honneur républicain.
Elle vient d'écrire au Préfet de Moselle pour demander la destitution du Maire virtuellement sécessioniste, "Bouffon" plus que Prince d'une Principauté de Stalheim imaginaire.
Les mots ont un sens. On ne plaisante pas avec la République, les institutions, la démocratie.