Quelques abonnés du club m'ont fait part de leur soutien s'agissant d'un précédent billet dépublié à la demande du cabinet d'avocats de François de Wendel. Je les en remercie.
Cependant je souhaite ici reproduire le mail que j'ai adressé à la rédaction de Mediapart afin de dissiper tout malentendu : Il n'y a eu aucune pression de la rédaction s'agissant de la dépublication de mon billet. La décision de la dépublication a été prise en concertation.
Voici donc mon mail adressé à la rédaction de Mediapart le 6 Septembre dernier, autocensuré des passages publiés dans mon précédent billet dont François de Wendel demandait le retrait.
"Bonjour,
Je vous remercie pour votre intervention, et n'en voudrais certainement pas à la rédaction de Médiapart d'avoir pris la décision de depublier le billet "Heavy MITTAL contre un nain politique : l'Europe".
http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-peyrard/180810/heavy-mittal-contre-un-nain-politique-leurope
Je souhaiterais également présenter mes excuses à Mr Edwy Plenel, directeur de la publication du journal, qui a été saisi par le cabinet d'avocats de Monsieur François de Wendel. J'en cherche encore aujourd'hui le motif réel : S'agissait-il de dénoncer une calomnie, ou plutôt d'étouffer des faits qui permettraient d'éclairer la position de François de Wendel (son grand-père) sous un jour nouveau ?
Car en effet, sans chercher à lui imputer une quelconque responsabilité, mon interprétation d'un extrait du roman d'Aurélie Filippetti est à l'origine de la confusion dénoncée par Monsieur De Wendel.
Madame Filippetti dans son roman "Les derniers jours de la classe ouvrière" fait référence à un évènement survenu pendant la seconde guerre mondiale en rapport avec son histoire familiale. Il s'agit donc d'une anecdote douloureuse vécue par sa famille, et non pas d'une "romance" pour reprendre un mot à la mode... je la cite :
"l'Histoire retiendra : Les De Wendel faisaient tourner leurs hauts fourneaux à plein régime pour les canons du Reich, les patrons de la Société des Mines des Terres-Rouges, complices des arrestations". Les derniers jours de la classe ouvrière - Aurélie Filippetti, page 23.
Le fait que le nom "de Wendel" soit associé à cette référence historique personnelle, le fait que François de Wendel ait été partie prenante du cartel de l'acier à partir de 1926 avec notamment les industriels allemands, qu'il est établi que les accords du dit cartel ont bénéficié à l'Allemagne dans sa campagne de réarmement alors que la France n'armait pas pendant la même période, que François De Wendel ait également été Président du Comité des Forges, connu pour son soutien financier aux ligues fascistes à l'origine du coup de force de Février 1934, qu'il ait encore soutenu et lancé via le journal "Le Temps" une campagne de soutien à Hitler en 1933, enfin qu'il ait été régent de la Banque de France lui conférant ainsi une position particulièrement puissante au plan de l'influence politique dans le contexte d'avant guerre, ne peuvent laisser indifférent.
A partir de ces éléments historiques incontestés et incontestables, (les sources declassifiées en 1999 sur lesquelles a notamment travaillé l'historienne Annie LACROIX-RIZ en apportant les preuves) le lecteur que je suis du roman d'Aurélie Filippetti se demande où se trouve la part du roman, où se trouve celle des faits replacés dans un contexte historique. J'ajoute que si le nom "De Wendel" pouvait porter à confusion s'agissant d'une éventuelle "intelligence avec l'ennemi", il aurait pu être remplacé par la romancière par un autre. Dans ce cas, pourquoi ne l'a-t-elle pas fait ?
Enfin, le témoignage de ma propre mère née en 1926 à Pont Saint Vincent en Meurthe-et-Moselle rapporte que les usines De Wendel auraient toujours curieusement été épargnées lors de la première guerre mondiale par les bombardements, et "réquisitionnées" pendant la seconde... Il y a eu d'ailleurs de nombreuses polémiques à ce sujet s'agissant de la première guerre mondiale du côté du bassin de Briey (54).
Monsieur de Wendel, petit fils portant le même prénom que son grand père a donc trouvé mon billet calomnieux insinuant que j'aurais laissé entendre que les "De Wendel" avaient "donnés" les quatorze mineurs d'Audun le Tiche à la Gestapo. Je n'ai pourtant jamais écrit cela. Ni cherché à l'insinuer. J'ai simplement écrit que le minerai extrait par les quatorze était utilisé à fabriquer de l'acier, et que l'acier produit en question avait servi à fabriquer les "canons du Reich" comme l'a écrit aussi Aurélie Filippetti. Pourquoi dans ce cas ce fait n'a-t-il pas été contesté s'agissant du livre d'Aurélie Filippetti ? Serait-ce au motif que le genre littéraire du roman permettrait de révéler des faits qu'il n'est pas politiquement correct d'exposer sur un billet hébergé par Mediapart ? J'avoue ne pas comprendre et sollicite votre éclairage à ce sujet.
Pour conclure, les passages de mon billet que Monsieur De Wendel petit-fils du même prénom demandait de retirer étaient ceux-ci :
1) « ..................»
2) « ..................»
Ma deuxième phrase demande peut-être encore explication :
Les deux logiques que j'expose sont les suivantes :
1) Celle qui consiste à se débarrasser des ouvriers les plus embarrassants au plan syndical pour l'entreprise et au plan politique pour l'ennemi (dénonciation des patrons de la société des Terres-Rouges);
2) Celle qui consiste à favoriser des intérêts privés au plan industriel (cartel de l'acier) au détriment des intérêts nationaux français.(De Wendel). Car tout de même, force est de constater que la position De Wendel était difficile à tenir, ses intérêts privés étant contradictoires avec les intérêts nationaux du Gouvernement français. Corrigez moi si je me méprenais... si ma lecture des évènements était erronée.
Alors je pose encore ces questions :
1) De Wendel a-t-il oui ou non contribué activement au cartel de l'acier ?
2) Le journal "Le Temps" détenu au tiers du capital par le Comité des Forges dont François De Wendel était le Président a-t-il lancé oui ou non une campagne de soutien à Hitler en 1933 ?
3) De Wendel a-t-il bénéficié indirectement du système d'amendes pour dépassement des quotas de production des industriels allemands fixé dans le cadre du cartel de l'acier ? Si oui, jusqu'à quand ?
4) De Wendel a-t-il produit de l'acier pour l'Allemagne entre 1933 et 1940 ?
5) Les usines réquisitionnées De Wendel ont-t-elles produit de l'acier pour l'Allemagne après Juillet 1940 ? Si oui, avec quel personnel et quel encadrement ?
6) Pourquoi Humbert de Wendel a-til été épargné, bénéficiant d'un délai de quarante huit heures pour quitter la Lorraine alors que la Werhmacht était connue pour sa brutalité, s'agissant de plus d'un dirigeant d'un site industriel stratégique ?
7) De Wendel avait il oui ou non des sympathies pour un régime politique autoritaire en France ?
8) Qui était André François-Poncet ? Ne représentait-il pas les intérêts du Comité des Forges avant de devenir ambassadeur en Allemagne en relation avec les plus hautes autorités du troisième Reich ?
9) Enfin, comment François de Wendel considérait-il les syndicats de ses usines ? Les qualifiait-il de "partenaires sociaux" ?
Sans être journaliste, ni historien, je cherche la vérité sur ces faits, et ne peut manquer de les mettre en parallèle avec ce qui se passe aujourd'hui, même s'il ne faut pas comparer deux époques, tirer de conclusions hâtives. On peut toutefois rechercher la compréhension de causes pouvant produire de mêmes effets néfastes à la démocratie et à la République, à savoir l'assujettissement du pouvoir politique au pouvoir économique et financier (s'agissant de MITTAL par exemple en Europe).
Je tenais à vous expliquer ma démarche le plus sincèrement possible, et regrette l'incident qu'il a provoqué à l'endroit de votre journal.
Avec mes plus respectueuses salutations,
Pierre PEYRARD"