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Billet de blog 15 juillet 2010

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Monsieur le Président, je vous fais une lettre...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans les pays de culture anglo-saxonne, les concepteurs rédacteurs, chargés de vendre un produit aiment créer un concept formé de deux mots contractés.

La raison en est simple. il faut trouver le message qui percutera le mieux les consommateurs, rien de mieux qu'un néologisme qui accroche les oreilles, pour mieux frapper les esprits.

Madame Lagarde, Ministre de l'Economie et des Finances, nous a vendu récemment la "rilance", mélange de rigueur et de relance. Enfin surtout de rigueur.

J'en ai trouvé un peut-être encore plus.... percutant: la "Ripoublique".

La Ripoublique, c'est un "deal" reposant d'abord sur le viol en bandes organisées des principes de l'équilibre des contre-pouvoirs garant de la démocratie et de l'intégrité de la République (la Res - publica, la chose commune).

Viol en bandes organisées donc ? Et deal ? Un deal suppose deux parties. Quelles sont elles en l'occurrence ?

Ce deal est passé de façon occulte entre de puissants industriels ayant fait fortune, donateurs du "premier cercle" de l'UMP, et le candidat à la "Présidence de la Ripoublique", qui s'engage à favoriser, protéger leurs intérêts au mépris de l'intérêt général, de celui du peuple, en contrepartie du financement de sa campagne électorale, et du financement de son parti devenu majoritaire et puissant pour assurer sa réélection.

Quand ce viol a-t-il eu lieu et où ? Y a-t-il eu des témoins ?

Ce viol s'est produit aux vues et au sus de tous les citoyens français, le 6 Mai 2007, avenue des Champs Elysées à Paris, au "Fouquet's".

Donc ne nous voilons pas la face.

Le désormais célèbre "Paul le poulpe" aurait prédit la victoire de l'argent sur la République. L'argent achèterait donc tout... Tout ne serait que part de marché, marketing, vente, retour sur investissement. L'argent ne serait pas un moyen mais donc une fin, et diffuserait avec sa toute puissance à l'ensemble de la société son message individualiste forcené :

- "Enrichis toi, coopte tes semblables, sinon crève !", en remplacement du triptyque républicain désormais ringard.

Beau résultat, je citerais le dernier en date : A bien y réfléchir, l'équipe de France de football ressemble étrangement à celui qui s'est hissé au sommet de l'Etat en 2007 : Elle est "bling-bling", cynique, intéressée et fait la chasse au "traitre" qui a fuité dans la presse au lieu de s'entraîner pour bien figurer dans la compétition internationale... Eh oui... le G20 de 2011 en France approche... Que vont penser les chefs d'Etat invités de celui qui a dit à Londres "Les paradis fiscaux ? C'est terminé !"...

Peu importe, il est trop tard, "on a changé d'époque", "le monde a changé"... Ah oui, vraiment, le locataire (pas propriétaire) de l'Elysée détiendrait donc la vérité absolue et nous devrions le suivre, admiratifs de l'accomplissement de son destin de despote éclairé au service de ... la France ?

Excusez moi, mais pour ma part, ce sera non.

Boris Vian avait en son temps tenu à s'adresser directement au Président de la République de l'époque pour expliquer les raisons de son antimilitarisme et de sa désertion. Je m'en suis inspiré pour expliquer, celles de mon engagement citoyen républicain en ces jours si particuliers.

Nous citoyens français, agissons ensemble pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce viol, exigeons la justice, jusqu'à l'invalidation de l'élection présidentielle de 2007 si la gravité et la responsabilité des faits étaient vraiment établis. Pour cela il faut une justice indépendante qui travaille sereinement. Les citoyens français doivent exiger et obtenir que la justice travaille sereinement en toute indépendance...Mais là pour le coup je suis d'accord :

Le mal est fait, il est déjà trop tard. Et pourtant, il la faudra bien cette justice indépendante... il faudra bien protéger la juge ou le juge d'instruction qui enquêtera... Voeu pieu ? Naïveté ? Ou constat d'impuissance devant un piège qui s'est déjà refermé irrémédiablement sur le peuple souverain ?

Alors les soupçons pèseront et l'air de la calomnie ne sera qu'un faible rideau de fumée (de cigares ?) dont nous ne saurions être dupes. Je me demande bien qui utilise des "méthodes fascistes" aujourd'hui. Le fascisme, c'est la désinformation, la manipulation des masses et la propagande. Où trouve-t-on ces trois éléments aujourd'hui ? Chez celui qui diffuse sur internet, ou celui qui s'en plaint ?

Je soutiens la liberté d'expression. Je ne suis ni de gauche, ni de droite, je n'appartiens à aucun parti, bien volontiers attiré par l'anarchisme républicain de Proudhon, je ne suis même pas syndiqué.

Non rien de tout cela.

Je suis avant tout un citoyen attaché à la République française et à ses valeurs...

Il me reste encore internet. Il me reste encore Boris Vian. Voici donc ma lettre :

Monsieur le Président

Monsieur le Président

Je vous fais une lettre

Que vous lirez peut-être

Si vous avez le temps …

Je viens d'apprendre ce soir

Qu'il y avait des affaires,

Ma foi pas ordinaires

Encore moins accessoires.

Monsieur le Président

Je ne peux pas me taire !

La République à terre

néglige les pauvres gens !

C'est pas pour vous fâcher

Il faut que je vous dise

Ma décision est prise

Je vais manifester.

Depuis quelques années

J'ai vu l'esprit sectaire

s'emparer des hautes sphères

réduire vos Ministères

au service des puissants

La Justice a souffert

Elle est dedans sa tombe

Quand la presse sort des bombes

Le peuple désespère !

Citoyen prisonnier

On m'a volé ma flamme

On m'a volé mon âme

Et tout mon cher passé

Demain de bon matin

Remplir la cohorte,

Aller prêter main forte

J'irai sur les chemins !

Car beaucoup sont d'avis

Sur les routes de France

De Bretagne en Provence

Dégoûtés par l'argent :

Il est grand temps d'agir

Dénonçons les affaires

Nettoyons au kärscher

C'est à vous de partir !

S'il faut donner l'argent

Allez rendez le nôtre

Vous êtes bon apôtre

Monsieur le Président

Si vous me poursuivez

Prévenez vos gendarmes

Que je n'aurai pas d'armes

Et qu'ils pourront tirer.

Pierre PEYRARD – Juillet 2010

D’après « Le déserteur » de Boris VIAN.

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