Avant de publier ce billet, j'ai longuement réfléchi.
Si je devais verser dans l'autocritique, j'avouerai bien volontiers qu'il m'arrive bien trop souvent ici même de parler de moi. De ma musique, de qui je suis ( je suis un étranger d'origine française )...
Cet espace d'expression octroyé par Mediapart est inédit, tant par la liberté d'expression qu'il octroie que par l'échange avec autrui qu'il procure... Lire les réactions à ses billets, rédiger à son tour une contribution à celui d'une ou d'un autre... rire souvent, s'indigner parfois, réfléchir encore, apprendre des autres, se mettre en question même par rapport à ce que l'on tenait pour définitif s'agissant de ses opinions, ses convictions ... Tout cela est exaltant et enrichissant.
Egocentrisme donc, dont acte je l'avoue. Mais, pour ma défense j'avancerai ce mot de mon ami Hugues, qui m'a dit un jour alors que nous dégustions un verre dans son bar à vins :
Médite bien ceci : "Il n'y a que JE qui peut dire JE"... Alors lance ton chant, et vois si son écho porte. Corrige, peaufine, avance... et tu verras que ton JE habité rencontrera d'autres JE qui te ressembleront."
Je jouais pour 200 francs à l'époque dans son bar à vins du Xe arrondissement de Paris. Du Gainsbourg, un peu de Jonasz parfois , de la bossa de Jobim en passant par les Beatles et Vian, bref... l'école du piano bar au milieu des clients attablés. J'avais mon rond de serviette tous les soirs. J'arrivais vers 19 heures avant l'ouverture, je cassais des palettes pour préparer le feu dans la cheminée, puis je servais en salle... avant de me mettre au piano vers 23 heures... jusqu'à la fermeture à une heure du matin.
J'ai conservé des souvenirs nostalgiques de cette époque bohème, entre les types bourrés qui oscillaient au-dessus de mon épaule au piano en exigeant que je joue "la danse des canards", ou un superbe trio de jeunes demoiselles très à mon goût qui connaissaient par coeur le répertoire de Gainsbourg.... J'arrivais juste à payer le loyer de mon studio, en face, de l'autre côté de la rue. Je venais d'arriver à Paris, et mon premier job tout droit sorti de la fac de Lyon II en pleine guerre du Golfe (1991) après un stage à la Direction Financière de la SNCF n'était pas exactement ce que je pensais devoir faire un jour pour gagner ma vie :
- je vendais des assurances décès accidentels par téléphone en fin d'après midi ou en soirée... on appelait cela "téléacteur, ou télévendeur"...
Un jour je suis tombé sur la veuve d'une semaine à peine d'une victime de l'accident d'avion du Mont-Saint-Odile...
Il y a eu un long blanc au téléphone... Grand moment de solitude. J'avais le dégoût de moi en ce moment très précis... Mais il me les fallait ces p.... de 3000 balles ! J'avais même remarqué un truc horrible... Lorsque je travaillais le soir, jusqu'à 20h30, la demi-heure du JT était la plus propice à la télévente. PPDA m'aidait beaucoup à convaincre mes clients... Ainsi va le monde. Alors je courais prendre mon métro, au "Coin de Verre", (le bar à Vins) prendre mon deuxième job... vers 21h.
Télévendeur et pianiste de bar. Un super CV donc.
Puis petit à petit, j'ai fait mon trou... des jobs de commerciaux... dans le transport puis dans l'informatique... Mais ce n'était pas réellement moi. Avec mon premier treizième mois, je me suis acheté un piano électrique... mais... plus le temps de jouer au piano... Quand j'avais du temps je n'avais pas de fric, quand j'avais du fric, je n'avais pas le temps.
Et puis c'est revenu récemment... Je me suis fait viré, parce que j'avais traité mon patron de "raclure de bidet" sur l'open space.... Alors qu'il ne payait plus l'URSAFF depuis six mois, et que nous n'étions plus payés depuis 10 jours... Faute grave. J'ai perdu aux Prud'hommes. Mais je ne changerai rien à ce que j'ai dit, si c'était à refaire. Je n'avais pas les moyens de me payer un avocat, j'ai plaidé seul, et j'ai écrit mes conclusions seul, qui d'ailleurs n'ont semblent-ils pas été lues par le conseil.
J'assume. Et j'en ai payé le prix. Evidemment, la boîte a déposé le bilan avec un passif de 3,7 millions d'euros après un redressement judiciaire improbable. Etonnant non ?
Alors...je me suis retrouvé chez moi avec mon piano et ma colère rentrée.
Envie d'hurler.
Pendant ce temps là, un ploutocrate notoire avait eu le temps de vendre sa soupe "Travailler plus pour gagner plus"...
Alors je me suis mis à écrire... mes propres chansons. C'est comme cela qu'est sortie "Glanductif"...
J'ai posté un vulgaire enregistrement capté avec mon téléphone... sur internet... et j'ai pu constater qu'Hugues avait eu raison...
Des "inconnus du net" se sont mis à m'écrire, à commenter... à vouloir même me rencontrer...
Alors, dix huit autres chansons sont sorties... J'ai investi du temps, un peu d'argent dans un micro, une table quatre pistes... et j'ai fait mon premier album tout seul....comme un grand comme ça dans mon coin.
Ecrire, composer, chanter, enregistrer, mixer, créer la pochette avec une vulgaire photo numérique.... Tout cela est encore loin d'être parfait. C'est un travail d'artisan... je confesse volontiers des faiblesses dans la qualité du mixage.
Puis je me suis renseigné auprès de la SACEM. Il faut déposer au minium cinq titres... et cela représente un investissement conséquent (environ 4000 euros avec les frais de copiste pour les partitions).
Alors tant pis j'attendrais... mais cela ne m'a pas empêché de chercher à distribuer mes mp3.
J'ai trouvé le moyen de le faire, sans passer par une maison de disques, ou un producteur. J'ai donc tout fait de A à Z, et me voila donc sur les plateformes de téléchargement légales... Lastfm, Amazon, et ... Itunes !
Certains de mes amis m'ont dit que j'étais "barge"... que jamais je ne ferai un kopec avec la pochette de mon album et surtout mes chansons. D'autres m'ont dit... "continue... c'est tout toi".
"Trop engagé, trop politiquement incorrect, trop irrévérencieux, pas fédérateur, trop clivant..." Bref, pas assez TF1, pas assez Star'AC, ou à la recherche de la nouvelle tare. Merci, je prends ça comme un compliment.
Je fais ça avec mes tripes. Je ne triche pas. Et je n'ai pas envie de raconter des bluettes "prenons nous la main, le ciel est bleu les oiseaux chantent"... pas mon truc.
Il paraît qu'un individu s'est permis récemment d'insulter les journalistes, en les traitant de "pédophiles"...
Pour ma part, j'ai la ferme conviction que cet individu est un escroc. Même si je n'en ai pas de preuves formelles...
Voici donc mon premier album, diffusé sur les plateformes de téléchargement à l'ère d'Hadopi : "Sarko l'escroc". Un beau titre non ?
Je tiens à préciser, que certains de mes mp3 sont téléchargeables gratuitement sur internet. Je veux offrir le choix. Donner la possibilité de payer pour la totalité de mes chansons ou de télécharger certains titres seulement gratuitement. Je crois que le temps est venu pour les artistes de ré-équilibrer le modèle économique de la musique, d'imposer leur point de vue, et je pense que le retour au spectacle vivant dans les petites salles fera le plus grand bien. Les titres gratuits sont en libre écoute ou en téléchargement ici :
Je chante pour moi, car il n'y a que JE qui peut dire JE. Mais je chante pour vous aussi. Grâce à vous mon JE veut, et peut dire quelque chose. Je profite donc de cet espace pour réaliser mon autopromotion... Peut-être suis-je devenu sans m'en rendre compte d'une certaine façon un.... "Mediapartiste"