Fabienne Boulin se bat depuis des décennies afin que la Justice soit rendue, et reconnaisse l'assassinat de son père.
A mesure que le temps passe depuis 1983, des éléments concrets, des incohérences matérielles et chronologiques, des vols de scellés, des témoignages ruinent la version officielle du suicide du Ministre du Travail et de la Participation du Gouvernement Barre.
Pour tout citoyen qui s'intéresse encore à la chose publique, cette affaire suscite un malaise indescriptible provoqué par le non-dit officiel. Comme s'il fallait révéler à l'opinion seulement une partie de l'indicible vérité, découverte par petites touches, année après année, sans lui permettre pour autant de triompher totalement en Justice. Tout se passe comme s'il fallait faire en sorte que le citoyen doute de la version officielle sans qu'il sache tout, et notamment ceci :
Qui et pourquoi aurait-on donné l'ordre de faire taire un Ministre en exercice, par tous les moyens jusqu'à maquiller son assassinat en suicide au plus haut niveau de l'Etat ?
C'est précisément ces questions qu'Eric Zemmour posa en Février 2011 à Fabienne Boulin qui présentait son livre "le dormeur du Val" lors de l'émission animée par Laurent Ruquier. Fin connaisseur de l'histoire politique de notre pays, et plus particulièrement de la Droite française, il reconnu bien volontiers que la fille du Ministre assassiné replaçait parfaitement dans son livre « l'affaire Boulin » dans ses contextes idéologique et politique. Il est d'ailleurs aujourd'hui intéressant de constater que le souverainiste qui en appelle souvent au volontarisme gaullien, doutait de la capacité du gaulliste social qu'était Robert Boulin à s'opposer au mouvement naissant de la globalisation libérale (Reagan aux USA, Thatcher au Royaume-Uni), et "qu'il aurait fini par se coucher comme les autres"...
Toutefois, s'il s'est dit convaincu qu'il ne s'agissait pas d'un suicide d'un éminent serviteur de l'Etat depuis 1961, il ne se sentait pas convaincu pour autant qu'il s'agissait d'un assassinat. S'il fallait acter qu'une chaîne de compromissions mouillait certains services de Police, un haut magistrat de la Justice et la police parallèle en charge des basses besognes qu'était le Service d'Action Civique (SAC) pendant la nuit du 29 au 30 Octobre 1979, pour Eric Zemmour, il manquait l'essentiel : Le mobile et le commanditaire.
Une fois encore, la recherche de la vérité dérangea. Car l'émission enregistrée fut coupée au montage. Là encore, ce soir là, quand bien même "on n'était pas couché", "on ne saurait pas tout" de ce qui avait été dit. Bonne nuit les petits.
Pourtant à la question sur le mobile, Fabienne Boulin évoqua les dossiers disparus que Robert Boulin avait sorti du coffre de son Ministère le jour même de son rendez-vous secret dans les Yvelines, afin de répliquer au "chantier" que ses ennemis politiques avaient monté par presse interposée pour le déstabiliser (Minute, Le Canard enchaîné, Le Monde). Ministre pendant seize années, occupant des postes clés notamment au Budget, Robert Boulin en savait long sur le financement des partis politiques, peut-être aussi sur certaines pratiques de la République des copains et des coquins. Le Président Giscard d'Estaing agitait Boulin tel un chiffon rouge, annoncé comme premier ministrable RPR pouvant barrer la route du pouvoir en 1981 à son adversaire politique favori.

Alors Eric Zemmour osa avancer deux noms de possibles commanditaires, comme le révèle le site "Arrêt sur Image".
Peut-être coïncident-ils avec ceux que Jean Charbonnel a déposé au coffre, révélés par Alexandre Sanguinetti.
Ironie du sort : Les deux noms sont ceux d'hommes politiques très connus du RPR, dont Eric Zemmour se réclame aujourd'hui le candidat à l'élection présidentielle...