Une année.
Une triste année au terme de laquelle on tirera un bilan lourd pour la liberté de la presse en France. Restons factuels :
- Stephane et Hervé sont détenus depuis le 29 Décembre 2009 quelque part en Afghanistan;
- Le 17 Janvier 2010, le Secrétaire Général de l'Elysée Claude Guéant déclarait qu'Hervé et Stéphane (dont il fallait taire les patronymes à l'époque), avaient commis une "imprudence coupable" en s'aventurant en Afghanistan accomplir leur métier en tournant un reportage pour le magazine "Pièces à conviction". Le même prenait à témoin le contribuable et l'opinion publique français en déclarant que l'Etat avait déjà engagé plus de dix millions d'euros pour les libérer, et que leur "libération coûtera cher"...
- Le 7 Juillet 2010, Xavier Bertrand alors Secrétaire Général de l'UMP agressait verbalement la rédaction de Mediapart en déclarant publiquement que Mediapart utilisait des "méthodes fascistes", s'agissant de révéler les écoutes qui ont fait éclater au grand jour le volet politique de l'affaire Bettencourt...
- le 29 Octobre 2010, le Président de la République Nicolas Sarkozy déclarait à Bruxelles en conférence de presse "Je ne vois pas en quoi cela me concerne" répondant à une question d'un journaliste sur les vols ou cambriolages dont ont été victimes les journalistes du Monde, du Point, et de Mediapart enquêtant sur l'affaire Bettencourt...
- Le 10 Novembre 2010, la radio France Info révélait l'existence d'une note du Premier Ministre François Fillon adressée au Ministère de l'Intérieur, autorité de tutelle de la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) rédigée au mois d'Octobre. Cette note sous forme de rappel à la Loi, citait l'article 20 de la loi de 1991 sur les interceptions de sécurité, qui ne pouvait être invoquée pour recueillir des données personnelles, et notamment plus précisément les "fadettes" (factures détaillées).
- Le même jour, dans son édition hebdomadaire, le Canard enchaîné révélait qu'une enquête interne était en cours à la DCRI afin d'identifier l'auteur des fuites qui aurait informé le journal de la supervision de l'espionnage des journalistes par l'Elysée...
- le 22 Novembre, en marge du sommet de l'Otan lors d'un point "off record" le Président de la République Nicolas Sarkozy répond aux journalistes qui le questionnent sur l'affaire Karachi. Il cherche à faire valoir dans une longue diatribe, le fait qu'il serait victime de propos diffamants, et lance à la cantonade devant les journalistes médusés, que l'un d'entre eux serait "pédophile", qu'il n'en a pas la preuve mais seulement l'intime conviction...
Voici donc quelques faits établis pour le moins choquants qui m'amènent à ces quelques réflexions et une conclusion :
Quel crédit peut-on porter aux efforts qui seraient engagés notamment par Monsieur Gueant, ou sous son autorité en Afghanistan ?
Est-il directement ou indirectement impliqué dans les négociations ? Comment les preneurs d'otages ont-ils interprétés ses propos de Janvier 2010 ?
N'y-a-t-il pas là une forme de provocation, voire une "imprudence coupable" inutile commise à leur égard ?
Les annonces répétées de "libération prochaine" notamment la dernière en date de Madame ALLIOT-MARIE, et les faits relatés plus haut, n'autoriseront pas les autorités politiques à se féliciter de la libération des otages, lorsqu'elle interviendra. Sinon, il faudra souligner le manque de tact, l'indélicatesse et replacer ce "succès" dans son contexte.
2012 se profile à l'horizon... la libération de Stéphane et Hervé je l'espère bien avant cette échéance.
Mais la gloriole médiatique déjà planifiée sur l'aéroport de Villacoublay au millieu des familles, au seul bénéfice du pouvoir devrait être censurée.... par les journalistes confrères de Stephane, Hervé et tout ceux que l'on a cherché à intimider pendant cette année.
Ce jour là, chers confrères de "pédophiles" victimes de vols, cambriolages ou autres écoutes et gélocalisation, posez vos micros girafes, vos caméras à terre, objectifs tournés vers le sol.... Et filmez -vous vous même, censurez les politiques au son et à l'image. En signe de protestation.