Voici revenu le temps des turbulences dans cette construction européenne, toujours promise et jamais accomplie. La Grande- Bretagne va encore nous empoisonner la vie, pendant plusieurs années, en essayant ( et pourquoi ne réussirait-elle pas comme par le passé?...) de tirer avantage de sa situation particulière , un pied dedans et un pied dehors, qu'elle a su imposer à l'Union Européenne . Il y a de cela 42 ans, se rendant compte qu'ils perdraient beaucoup trop en n'adhérant pas à cette Union, nos amis d'outre Manche s'exécutèrent... à la traîne, avec comme seul objectif, le Marché Commun ( Business is business!...)
Aujourd'hui, c'est une réussite indéniable: la City est devenue le Centre Financier incontournable "world wide". et tous les Prime Ministers de Sa Majesté, particulièrement Tories, ont l'insigne avantage d'être populaires auprès des Britanniques en refusant toute proposition de l'Europe ou d'un de ses membres qui gênerait tant soit peu les privilèges économiques et financiers de la Grande Bretagne. Mieux, ils ne reconnaissent aucune des règles de l'Euro Groupe, puisqu'ils n'en font pas partie et pendant longtemps, la première question des Britanniques à l'étranger a été: " Tell me, please, is Sterling has currency here?" (Dites-moi, svp, est-ce que la livre sterling a cours ici?).
Et malgré cela, les Français ont une fascination pour la Grande Bretagne. Cela vient tout d'abord du courage des Britanniques pendant la seconde guerre mondiale, de l'attitude exemplaire de la famille royale et de la ténacité de Sir Winston Churchill qui, quant à la France, imposa De Gaulle aux Américains , ce qui permit à terme d'éviter que notre pays ne devienne un condominium administré par un général américain. La musique, l'art de vivre, les scandales croustillants, la princesse Diana, Kate Middleton ( et sa sœur...), la "kitch fashion" et la dérégulation totale du travail firent le reste...
A cette fascination, les Grands-Bretons répondent d'une part par une attitude pragmatique: Ils traversent le Channel pour se ravitailler en bières, viennent se faire soigner à Calais , prennent leur retraite en France, et d'autre part par une "France bashing" qui n'a pas de limite. Il est vrai qu'il n'ont toujours pas digéré : 1- Que Guillaume le Conquérant ait conquis leur île et imposé le français . 2- Que les principales devises sur leurs blasons royaux soient en français. 3- Que la France leur ait repris l'Aquitaine et la Charente maritime . 4- Contrairement aux idées reçues, qu'il y ait plus de mots français dans la langue anglaise que d'anglais dans la langue française. 5- Que le couple Franco-Allemand existe alors que, nom de nom, les Anglo-Saxons , ce sont d'abord eux et les Germains!...6- Que ces "damned frogs" ( damnées grenouilles) qui sont venues prêter main forte aux rebelles de leur colonie d'Amérique se permettent aujourd'hui de prendre ( parfois) leurs distances vis à vis des USA, alors qu'eux-mêmes , peuple farouche et fier de son insularité, ils sont à la remorque de leur ancienne colonie ( rappelons-nous le sobriquet de Blair : le caniche...) .7- Pêle-mêle, que l'on ne parle pas anglais partout en France, que l'on conduise à droite, que nous ayons encore des ex comptoirs en Inde où l'on parle encore français, qu' Airbus ait son siège à Toulouse, Que le site de lancement soit en Guyane, département français, que la France prenne des initiatives au Moyen Orient ( longtemps chasse gardée des Britanniques), que la dernière coupe d'Europe de rugby se soit disputée entre deus clubs français ( Toulon et Clermont-Ferrand) à Twickenham, sanctuaire de l'ovalie anglaise. Enfin, " cherry on the pie", que nous possédions encore des toilettes à la turc!...
Alors, quand nos dirigeants politiques citent en exemple les réformes de David Cameron, après que celui-ci ait insulté la France en pleine campagne électorale, on ne peut que tirer l'échelle et prier le Ciel ( ou le Hasard pour ceux qui ne croient pas) de ne pas connaître les années de turbulence qui ont suivi la fameuse exigence comminatoire de Madame Thatcher à l'Europe : " We want our money back!..." ( Nous voulons récupérer notre argent!...)
Je précise , pour mes futurs détracteurs: 1- que j'ai été élevé en partie avec l'anglais, dans un protectorat anglais, l'Egypte.2- que j'apprécie les matchs de cricket et que j'en connais les principales règles ( à la grande surprise de mes amis britanniques). 3- que ma mère était d'ascendance écossaise ( c'est vrai, c'est différent, j'en conviens). 4- que la grand mère paternelle de mon épouse était anglaise. 5- que je ne vais pas clamer, comme nos politiques que j'aime et que je respecte le peuple anglais, non...Plus simplement j'ai un penchant affirmé pour la littérature anglaise, pour certaines de ses traditions et de ses exemples de démocratie, pour les côtés cosy, pour les " over statement" et "under statement" ( donner de l'importance aux choses insignifiantes et minimiser les choses importantes) qui sont la base de l'humour anglais. Et puis, j'ai de l'affection pour mes amis anglais.