Ma grand-mère maternelle, Creusoise, avait coutume de dire: «Prévoir la grande lessive ou le grand nettoyage le jour où nous recevons des invités, c'est indécent et stupide!» En l'occurrence, ces invités sont ce que les technocrates définissent comme une «une entité sociologiquement identifiée et circonscrite» qu'on appelle communément... le peuple.
Nous sommes toutes et tous contre la fraude et les malversations et nous avons à cœur de les combattre. En cela, Arnaud Montebourg (pour qui j'ai de la sympathie, il le sait) a toujours été à la pointe de ce combat avec des enquêtes précises, argumentées et circonstanciées. Mais quelle ne fut pas ma surprise de m'apercevoir qu'Arnaud, qui s'est rallié à François Hollande, lors du second tour des primaires, ne figurait pas dans l'organigramme de son équipe de campagne!
Saluons son habileté et son intelligence qui le font soutenir notre candidat en gardant sa liberté de parole et de mouvement: chapeau! Mais la liberté est difficile à gérer et souvent d'avocat on devient procureur... Le risque c'est l'outrance, le mauvais timing et le souci constant de la trajectoire et de la visibilité personnelles, légitimes certes, mais qui ne semblent pas s'inscrire dans la démarche commune en vue de la victoire à la présidentielle et aux législatives de 2012.
Nous pouvons tout nous dire, entre camarades, à condition que cela ne se transforme pas en une mise en cause publique. La lettre à notre Première Secrétaire était déjà «border line» entre camarades, mais la rendre publique a créé la confusion des genres et la satisfaction de la droite, soulagée: «On craignait que les socialistes aient changé, heureusement ce n'est pas le cas et c'est tant mieux!...» Alors, à quoi bon cette primaire exemplaire?
Et tous ceux qui jouent le «coup d'après», qui se voient déjà ministres, celles et ceux qui ne se préoccupent que de leur avenir personnel aux législatives, font le jeu de Marine Le Pen qui sait manier les thèmes populistes les plus dégradants. De même, ne nous y trompons pas, pour élire Nicolas Sarkozy, la droite sera en rangs serrés, sans doute le dernier carré, mais elle ne fera pas la lessive ou le grand nettoyage pendant la campagne!
Et bien nous, les militants (je suis loin d'être le seul à le penser), commençons à en avoir ras la casquette! Après trois défaites à la présidentielle, nos victoires aux municipales, aux cantonales, aux régionales, la conquête du Sénat, arrêtons de brouiller la perception que le peuple a de nos idéaux et de nos politiques par des actions ou des prises de position parasites. Que notre message soit toujours clair: nous voulons que François Hollande soit notre prochain Président de la République!...