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Billet de blog 19 août 2009

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A propos de la disparition du Parti Socialiste souhaitée par Bernard- Henry LEVY

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Une autre lettre ouverte à Bernard-Henry 13 Août 2009 Par La rédaction Mediapart Edition : Socialisme hors-les-murs

Pierre Raterron est professeur honoraire de l’Enseignement Supérieur des Arts Visuels. Cet artiste plasticien touche à tout ( pluridisciplinaire / note de l'auteur) est également un militant socialiste de longue date (1957). Dans le cadre de notre édition participative des "Assises du socialisme hors-les-murs", et dans la foulée d'une première adresse à Bernard-Henry Lévy par des militants de Montreuil, il nous a envoyé la version intégrale d'une tribune publiée dans la Charente libre le 25 juillet. -----------------------

Lettre ouverte à Bernard-Henry Lévy,

Nous nous sommes croisés parfois et, plus rarement, nous avons échangé quelques mots à l’occasion de comités, pétitions ou au cours d’un jeudi de Solférino organisé par Henri Weber. Nous aurions pu aussi nous rencontrer à Sarajevo, pendant le siège, comme ce fut le cas avec Jean Claude Guillebaud (alors Président de Reporters sans Frontières) à l’aéroport, dans le dédale des containers remplis de sable qui protégeaient des tirs de snipers les chanceux passagers de la fameuse May be Airlines

Vos maîtres ont été Althusser et Levinas, les miens furent Bachelard et Deleuze. Vos révoltes, vos dénonciations sont souvent vivifiantes, au départ, et certaines de vos analyses ont eu le mérite d’être prémonitoires. Je n’éprouve aucune antipathie envers votre personnage, car votre souci d’image, de posture, est très adolescent, gage de longévité. Et si l’utilisation systématique de vos actions ou de vos écrits pour votre propre promotion en agace beaucoup, Mon Dieu (comme dirait Michel Onfray), il faut bien que tout le monde vive de son travail et en tire bénéfice.

Vous vous affirmez de gauche, mais vous déclarez que vous avez voté socialiste «comme tout le monde, par habitude et en ayant le sentiment qu’on essayait de ranimer un cadavre». Pour vous, le parti Socialiste est mort «et il doit disparaître!». Mais d’où parlez-vous? D’une tribune universelle, supra magister de la pensée humaine qui éclaire le malheur des hommes?

Vous êtes de gauche, dites-vous, sans doute d’une gauche planétaire, en relation directe avec le Secrétariat général des Nations Unies, avec les Présidents, avec d’autres intellectuels préoccupés par le bonheur des peuples… C’est là votre domaine (j’allais dire votre emploi, en référence au monde du spectacle). Alors continuez, en prenant garde toutefois à ce que l’ego ne tue pas l’intelligence, mais ne vous proclamez pas de gauche, car un homme de gauche ne vote jamais par habitude. Et ne vous préoccupez plus du Parti Socialiste !

Il est vrai que vous n’éprouvez aucun attrait pour l'aspect social du socialisme et que vous préférez Mai 68 au Front populaire. Il vous est même arrivé de confier à Libération: «Oui, c’est vrai,…je suis un peu sourd à la question sociale. Que voulez-vous, on écrit avec son intelligence et son inconscient…»

Votre inconscient vous regarde, mais votre intelligence nous intéresse car elle a été prise en défaut à plusieurs reprises, comme par exemple en vous laissant comparer avec condescendance le PS au «prolétariat de jadis qui ne parait ironiquement occupé qu’à se nier en tant que tel». Vous avez une vision patronale du militantisme populaire. Votre part d’inconscient? Je ne sais, mais c’est une vraie lacune pour un homme qui s’affirme de gauche. Vous l’aviez compris, je suis militant socialiste (depuis 52 ans) et lorsque j’ai adhéré à la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), c’était beaucoup plus risqué, physiquement, qu’un reportage en Géorgie.

Les militants se refusent à participer à la séance d'auto flagellation qui suit toutes nos défaites depuis celle, emblématique, de 2002. De même, nous ne croyons plus à la ritournelle: «Les Français nous ont fait passer un message, nous l'avons entendu et nous en tiendrons compte...», car elle nous a souvent été chantée par les un(e)s et par les autres sans aucun effet. Mais si nous sommes militants, ce n'est pas pour vadrouiller au gré de nos états d'âme dans des concepts politiques qui sont "tendance" comme par exemple «Le Parti Socialiste est mort, il doit disparaître!» Nous ne sommes pas militants pour appliquer des recettes, mais pour être fidèles aux principes fondamentaux du socialisme, actifs et vigilants, donc en éveil.

Un projet d'avenir ne peut se construire qu'en tenant compte des enseignements tirés des échecs passés». C'est ce que Mendès- France affirmait quand il mit fin à la guerre d'Indochine. Avons-nous tenu compte des enseignements tirés des échecs , depuis 2002? Absolument pas! Mais quand on voit le dévouement, le souci de l’intérêt collectif qu’ont nos élus en régions et la vigilance incisive de nos parlementaires on ne peut que constater qu’ils pratiquent toujours le militantisme populaire.

C’est toute cette force militante que vous avez oubliée (ou ignorée) dans votre diagnostic légiste. Pour paraphraser Jean-Claude Guillebaud, qui s’exprimait à propos des cellules de soutien psychologique, vous êtes «un expert en chagrin» dont le diagnostic est faux.

Oui, Martine Aubry a eu raison de mettre Manuel Valls devant ses responsabilités.

Oui, Bertrand Delanoë a eu raison de déclarer: «Il y a du gâchis de talents, d'idées et de personnalités valables mais elles doivent comprendre qu'elles n'ont aucun débouché seules».

Oui, Ségolène Royal a eu raison de faire part de son soutien à «tous les socialistes, dont Martine Aubry, qui travaillent, qui font des efforts, qui essaient de se relever» et de regretter «qu'on réduise l'avenir politique à gauche à un feuilleton quotidien de petites phrases». Il ne s’agit pas de «caporalisation», comme vous l’affirmez, mais bien de certaines règles que militants et élus se doivent de respecter. Nous avons des droits, mais aussi des devoirs…

Et si, nous militants dans nos fédérations, nous retrouvions notre imagination, non pour refonder, reconstruire ou appliquer d’autres concepts, mais bien pour transformer le Parti Socialiste? Déjà aux Etats généraux de juillet 1993, nous avions essayé de nous faire entendre, avec quelque succès, mais il était trop tôt : les ambitions personnelles étaient trop inscrites dans des stratégies collectives et se nourrissaient encore de soutiens populaires.

Pourquoi ne pas essayer de proposer aux fédérations, d’abord de notre région mais aussi d’autres régions, de préparer et mettre au point des Assises entre fédérations? Les régionales sont bientôt et nous ferons ce qu’il faut pour que notre Présidente de région renouvelle son mandat. Mais en avril ou mai 2010, ce serait possible, D’ici là, nous aurions le temps de travailler à l’échelle de chaque fédération, puis de tenir ces assises, et pourquoi pas en Charente? Ce serait la prise de conscience de notre force militante et de notre volonté de participer à l’élaboration du projet socialiste, en y associant les sympathisants, les syndicats, le monde associatif et, par la suite, nos partenaires de gauche

Il ne s'agit ni d'être nostalgique, ni d’appliquer une recette. Nous sommes des militants bien de notre temps, qui avons besoin d’espoir et de rêve, les pieds bien plantés dans la glèbe et l’esprit grand ouvert, à l’ère du numérique. En somme, «Aller à l’idéal et comprendre le réel…», comme nous l’a appris Jean Jaurès.

 

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