Dimanche soir, à l’écoute des résultats du second tour des législatives, une adolescente s’exclamait : « Pour un changement, ça change grave! », ajoutant : « Là, on va peut-être mieux nous comprendre et nous, on pourra mieux s’exprimer… » et pour finir : « quel pied !... » Cette réaction m’a paru sincère, loin de tout media, le cri du cœur… En revanche, sur les plateaux télé et chez les commentateurs, ça chipotait ferme dans la soirée : « On nous prédisait un tsunami, à défaut une vague rose, et en fait c’est une vaguelette avec un peu d’écume… » C’est fou comme, en l’occurrence, la métaphore océane est employée à tort… En fait, depuis le 6 mai, avec la majorité absolue de l’Assemblée nationale obtenue par les député(e)s du Parti socialiste, il s’agit d’une gigantesque claque pour les droites. Car il faut utiliser le pluriel à présent : la droite a la culture du chef providentiel. Ce dernier ayant été disqualifié, la pensée monolithique se fractionne et laisse surgir les ambitions sectorielles – qui dévoilent les ambitions personnelles – trop longtemps cadenassées…
Nous connaissons bien ce phénomène à gauche, nous l’avons vécu, un temps, à l’exception majeure près qu’il ne s’agissait pas d’un chef providentiel, mais de débats qui n’en finissaient plus. Heureusement, les choses ont changé et c’est à droite, à présent, que l’on tente de reconstituer le puzzle… Bon courage !
« Une majorité forte et stable… » avait demandé notre Premier Ministre : c’est fait. Un renouvellement avec plus de jeunes député(e)s : c’est fait. Plus de femmes : ce n’est pas le Pérou, mais, il y a un mieux encourageant, alors c’est fait. La gauche en position majoritaire : avec les 10 députés du Front de gauche et les 13 d’EELV, c’est fait. Car, à force de « niniter » ( néologisme qui témoigne de l’impasse dans lequel se trouve le quidam qui ne choisit pas….), Jean-François Copé, déjà à l’ouvrage pour tenir ses troupes et tenter d’expliquer la cohérence de son non-positionnement, nous a servi la plus grande imbécillité de cette campagne : « Le Parti socialiste s’étant allié à l’extrême gauche ( le Parti Communiste), nous refusons le front républicain qu’il propose, comme nous refusons toute alliance avec le Front National !... »
Ben voyons… Qualifier le Parti communiste français d’extrême gauche, c’est nier l’histoire de la République française et la part que ce parti a pris dans ses luttes et ses combats pour la liberté. Et Jaurès, fondateur du journal l’Humanité, que la droite utilise quand cela l’arrange, qu’en font-il ? En 2002, pour barrer la route à Jean-Marie Le Pen, nous avons accepté ce front républicain, de mauvaise grâce certes, mais nous l’avons fait, permettant à Jacques Chirac d’avoir plus de 80 % des votes en sa faveur… La réciproque n’est donc pas possible, à de rares exceptions près.
Cette droite qui se dit républicaine n’est pas fiable face au Front National. Non seulement elle s’éparpille, mais ses « valeurs », inscrites sur du papier buvard, pompent allégrement les « valeurs » du Front National, ce qui ne choque, outre mesure, ni l’électorat de droite, ni ses leaders. Et pourtant, Marine Le Pen, qui avait bien préparé sa campagne à Hénin-Beaumont , a été battue. La « grande victoire » du rassemblement « Blue Navy » est l’élection d’une étudiante de 22ans, nièce de Marine (il y aura une Le Pen à l’Assemblée…) et celle de Maître Collard qui a toujours fait preuve d’un opportunisme nomade… Quant à la déclaration fracassante de ce dernier, lors d’une soirée arrosée, « Je serai le casse-couilles de l’Assemblée !… », elle relève plus de la tartarinade (Tarascon n’est pas loin…) que d’une réelle menace, pour la simple raison qu’un député non inscrit ( il faut être 15 pour constituer un groupe) ne peut s’exprimer comme il le souhaite et ses moyens d’action, à l’Assemblée, sont quasiment nuls.
Alors de qui se moque-t-on ?... A présent que toutes les conditions sont réunies, mettons-nous au travail !...