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Billet de blog 28 août 2009

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Stupide malentendu:

Hier soir, dans le brouillard d'un buffet- rotisserie en terrasse de la Cité Internationale de la Bande Dessinée, j'étais au côté de Vincent Lindon. Tout en dégustant une brochette de crevettes, je lui dis tout le bien que je pense du film "Mademoiselle Chambon" des interprètes et de la réalisation . Après m'avoir écouté attentivement:" Ce que vous me dites me touche, mais c'est à Stéphane Brizé , le réalisateur, qu(il faut dire ça, aussi,... tenez, il est juste à côté..." Il le hèle et nous laisse en présence l'un de l'autre. Ayant été bien élevé par mes parents, je me présente. Et là, mon interlocuteur, d'une voix assez forte pour être entendu à la cantonnade, explose:" Ah c'est vous sur Mediapart!... Vous racontez la fin du film, c'est pas un article ça!..." J"en passe et des meilleurs... On peut dire qu'il m'a saisi à froid...Je laisse passer la bourrasque et lui réponds le plus calmement possible: " D'abord, ce n'est pas un article et je ne suis employé par personne, ensuite, il s'agit de mon blog sur Mediapart dans lequel je traite les sujets qui m'intéressent, comme je l'entends , tout en respectant la charte rédactionnelle de Mediapart. Je n'ai pas raconté le film, j'ai donné des repères d'autant que c'est une adaptation d'un roman qui a eu de nombreux lecteurs . Enfin, si votre agent vous a fait parvenir d'urgence mon texte, paru ce matin, c'est qu'il pensait qu'il était de bonne augure pour votre premier film!... Vous avez un sacré talent, je l'ai écrit ,mais je n'ai plus envie de poursuivre la conversation!... Mes rencontres ou le travail avec Cocteau, Chahine, Chabrol, Pialat, Claude Pinoteau ou Oliver Stone ont toujours été de plein pied et empreints de courtoisie ..." Il s'apaise et, enfin, nous pouvons échanger...

Ce stupide malentendu m'amène à essayer de tordre le cou à des idées reçues: dans la presse spécialisée, dans les quotidiens, périodiques, presse people et dans les émissions où la promotion d'un film est faite, les uns et les autres n'en finissent pas de raconter ou de demander le"pitch" en ajoutant, avec une sublime retenue complice; " Mais je ne vous raconterai pas la fin du film..." Prendrais-t-on les spectateurs pour des imbéciles?...Alors, comme ça, toute cette lourde entreprise, coûteuse pour le commun des mortels, toute cette synergie de talents artistiques, techniques, économiques ne serviraient à rien parce que le spectateur potentiel connaitrait la fin? Film et polar de gare, même combat?...Et que fais-t-on du talent des réalisateurs, des scénaristes, des interprètes, des décorateurs, des directeurs de la photo, des ingénieurs du son , des chefs-op. et que sais-je encore?...On les récompense parfois par des Césars ( pas toujours...) mais ils ne valeraient plus rien parce que le spectateur potentiel connaitrait la fin du film?...A ce compte là, par exemple les nombreux lecteurs d'Eric Holder devraient être interdits de salle..Et même si la fin dans l'adaption ne correspond pas à celle du roman, quelle importance?....Expliquez-moi pourquoi des spectateurs deviennent cinéphiles et vont voir le même film plusieurs fois? Ils connaissent pourtant la fin. Serait-ce parce qu'ils n'auraient pas compris la première fois, la deuxième, la troisieème etc...Une oeuvre, parceque c'est de cela qu'il s'agit, doit être ressentie dans son ensemble avant d'être comprise et être "vierge de la fin du film" n'intéresse que les consommateurs qui répondent à leur agence de voyages: " L'Afrique, nous l'avons faite l'année dernière, n'est-ce pas chérie?..." Il en faut, certes, mais ce n'est pas l'essentiel.

Pierre RATERRON

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