La 2ème édition du Festival du Film Francophone d’Angoulême est terminée. La cérémonie de clôture, au Théâtre, avec Jean Michel Bernard ( Directeur artistique de Ray Charles et compositeur de musiques de films ), accompagné par l’orchestre Poitou-Charentes, reflétait très exactement l’ambiance et l’esprit de ce festival : convivialité, accessibilité, simplicité, originalité. Enfin, un festival sans gardes du corps, avec les artistes, vedettes ou invités qui se promènent dans les rues d’Angoulême et prennent le temps de tailler une bavette avec des inconnus. Il faut dire que cela nous avait agréablement surpris, lors de la première édition. , mais ayant été cueillis à froid, nous attendions avec impatience la seconde édition… Eh bien, nous n’avons pas été déçus , bien au contraire !... Choix intelligent des films, des premiers films, une représentation significative des forces vives de la francophonie, une affluence record ( il a fallu rajouter des salles ) et un contact quasi permanent avec le public( qui bénéficiait de tarifs abordables et de séances gratuites) , car c’est lui en définitive qui décide… Cela, nous le devons aux trois compères Dominique Besnehard, Marie-France Brière et Patrick Mardikian. En ouverture du festival, j’affirmais que Dominique Besnehard était un formidable découvreur de talent , fidèle en amitié. J’ajoute aussi qu’il est sensible et généreux. Le problème avec les personnes sensibles et généreuses c’est, d’une part, qu’elles ne sont pas comptables de leurs émotions, de leur générosité et, d’autre part, que souvent les autres s’imaginent qu’elles ont une arrière pensée. C’est avoir peu d’estime pour la personne humaine que de ne pas croire en ses qualités de cœur. Et Dominique a eu raison de préciser, simplement, sur scène : « Ma famille, ma seule famille, c’est celle des artistes, celle du cinéma, ça l’a toujours été. » Marie-France Brière, silhouette menue mais forte personnalité, veille à tout. Malgré le désappointement de n’avoir pas été aidée pour son propre documentaire, elle reste à la barre du festival en prévenant : « A présent, je serai en ville et Ils vont m’avoir sur le dos en permanence !... » Quant à Patrick Mardikian, discret et efficace, c’est lui le régulateur du festival, qui trouve des solutions impensables auparavant et qui , entre deux personnalités aussi fortes, semble apporter la sérénité nécessaire à une entreprise de cette ampleur. Comme décor, l’Angoulême de tous les jours investie par les festivaliers, par les touristes, mais aussi par ses propres habitants qui sont heureux de recevoir le festival avec ses projections en plein air au Champ de Mars, ses animations dans les quartiers, la littérature et la musique associées à la fête. Manquent les arts plastiques mais , peut-être l’année prochaine ?... Angoulême, c’est aussi la motivation et l’engagement de toute l’équipe municipale, personnel et élus dont, le premier d’entre eux, le maire Philippe Lavaux accompagné de son adjoint à la Culture Gérard Desaphy, car un festival traité de cette manière, c’est bien « l’accès pour tous à la culture et le choix des cultures… » Et ce n’est pas sans signification que le maire fit citoyenne d’honneur d’Angoulême Sandrine Bonnaire, Présidente du Jury du Festival. Magelis, aussi, a réussi son pari d’être le premier contributeur du festival. C’est ce dont s’est félicité son Président, Robert Richard, sachant, à n’en pas douter , que son directeur, Frédéric Cros préparait quelques innovations pour la prochaine édition. L’Equipe de Cinéma Poitou Charentes était aussi sur le pont, particulièrement Pascal Perenes et Michael Saludo, car la symbiose s’effectuait parfaitement entre équipes techniques, artistes, réalisateurs de la région (particulièrement de Charente) et les invités du festival. Au tout début du festival, je vous avais présenté les membres du jury. A présent, voici le palmarès, logique et acclamé : Valois (1) du meilleur film : « C’est pas moi, je le jure » de Philippe Falardeau ( Québec)Valois de la meilleure mise en scène : « Panique au village » Film d’animation de Vincent Palar et Stéphane Aubier ( Belgique)Valois du meilleur acteur : Julien Courbey dans « Orpailleur » de Marc Barrat ( France)Valois de la meilleure actrice : Jacky Tavernier dans « l’Absence » de Mama Keita ( Sénégal)Valois du Public : « L’homme de chevet » d’Alain Monne ( France)Valois de Magelis : ( prix du jury des étudiants des sept écoles de l’image :« Rien de personnel » de Mathias Gorkalp ( France)Mention spéciale du jury : « Une affaire de nègres » film documentaire d’Oswald Lewat ( France) Je ne cache pas, avec bien d'autres, ma satisfaction pour le Valois du public décerné à « L’homme de chevet » d’Alain Monne, beau film grave pour tous les fracassés de la terre qui reçoivent la gràce inattendue d’une rédemption par l’amour. Nous avions déjà remarqué l'excellence du scénario, Philippe Raynal, Claude Pinoteau, Albert Algoud et moi-même aux Ateliers de l'Ile de Ré " Réécrire et Réaliser"(2) . Par la suite Alain Monne a remporté le « Grand Prix du Meilleur Scénariste ». Comme quoi le public a « du nez » et n’est pas maladroit… Enfin, de très bonnes conditions de travail, des artistes accessibles, des soirées originales , gastronomiques mais sans ostentation … De la confidence d’Evelyne Bouix qui me dit avec un sourire juvénile qu’elle aime son mari, Pierre Arditti, à Claudia Cardinale qui s’étonne quand je lui avoue que j’étais stagiaire déco sur un de ses premiers films : « Mais vous êtes trop jeune !... » Et non, cher Claudia, j’ai pris de l’âge, pas vous… …et de Micheline Presle, le réalisateur Bruno Chiche, Pierre Richard aux lunettes kitchissimes (conseillées par son opticienne) jusqu’à ce comédien que l’on a envie de mieux connaître, Marc Roufiol, qui s’occupe bénévolement des personnes soumises à l’addiction aux drogues et à l’alcool, les rencontres, entretiens et débats ne m’ont à aucun moment paru ennuyeux . Ce Festival possède, à présent, une antériorité. Il a acquis du sens. Nous attendons avec impatience sa troisième édition, en 2010.Pierre RATERRON
(1) Angoulême étant la cité des Valois, les récompenses sont les Valois d’or(2) « Réécrire et Réaliser » a été fondé par Philippe Maynial et Barbara Vassiliev à Ars-en-Ré. Cet atelier de cinéma a fonctionné jusqu’en 2007. L’édition de 2008 n’a pas eu lieu faute de subvention suffisante…Dommage, car c’était une pépinière de talents dont plusieurs, par la suite, ont eu le « Grand Prix du Meilleur Scénariste ».
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.