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Billet de blog 3 août 2024

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Kamala Harris : cent jours pour convaincre

Après le retrait de Joe Biden, les cartes sont rebattues pour les élections américaines. Trump est en face d'une nouvelle concurrente, l'obligeant à revoir sa stratégie, si toutefois il en a une en dehors de ses outrances verbales. Mais les avis demeurent partagés sur les chances de Kamala Harris et, surtout, cela dépendra principalement de la composition du collège des grands électeurs.

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Le premier acte de cette candidature est l'investiture démocrate pour la course à la présidence. Mais il y a peu de doute à ce sujet car les cent jours pour convaincre ne laissent guère de temps pour  un débat sur une autre désignation éventuelle.

Depuis l'annonce de la candidature de la vide-présidente sortante, plusieurs signes montrent que la dynamique s'est enclenchée en sa faveur :  un afflux d'inscriptions sur les listes électorales, vraisemblablement  suscitées par la disparition du choix entre un républicain voyou et un président sortant donnant des signes de sénilité ; plus de 200 millions de dollars en une semaine venant principalement de petits donateurs   Il y a aussi ces 130000 nouveaux bénévoles dans la même semaine: Deux sondages parus cette semaine donnent l'avantage en nombre de voix à Kamala Harris et le pourcentage d'opinions favorables en sa faveur a bondi de 35% à 43% alors que dans le même temps, Donald Trump, qui avait bénéficié d'une percée à 40% après sa tentative d'assassinat, a percu quatre points de popularité. Les bonnes opinions en faveur de Kamala Harris se montent à 88% dans le camp démocrate contre 82% en faveur de Donald Trump dans le camp républicain. Tous les sondages annoncent un renversement de tendance. Selon le journal Le Monde, la dynamique qui porte aujourd'hui Kamala Harris rappelle celle qui a porté en 2008 Barak Obama au pouvoir.

Les américains sont-ils prêts pour autant à élire une femme à la magistrature suprême, de surcroît métissée ? La question ne devrait plus se poser, car il faut se souvenir qu'Hillary Clinton avait plus de voix que Donald Trump en 2016 et que celui-ci n'a du sa présidence qu'à la procédure de l'élection à deux étages. De plus, les deux élections d'Obama ont montré qu'une large partie de l'électorat n'avait pas de préjugés racistes. Alors oui, l'élection d'une femme métissée est possible et les éructations suprémacistes et misogynes de Trump pourraient bien, au final, le desservir, d'autant plus que son colistier multiplie les déclarations incontrôlées.

Mais les élections américaines présentent une particularité : le candidat majoritaire en voix n'a la certitude d'être élu que s'il conquiert aussi la majorité des grands électeurs. Un exemple limité à deux états montre bien toute l'absurdité du système : prenons le cas de la Californie,  et celui de la Floride. Supposons maintenant que la majorité en faveur d'un candidat A soit la moitié plus une voix en Californie et que la totalité des voix de Floride soit en faveur du candidat B. L'absurdité du système réside dans le fait que le candidat majoritaire dans un état remporte tous les grands électeurs de cet état, quelle que soit l'ampleur de cette majorité. Ainsi, le candidat A obtiendra les 55 grands électeurs de Californie tandis que le candidat B, pourtant majoritaire en nombre de voix sur l'ensemble des deux états, devra se contenter des 27 grands électeurs de Floride. Cet exemple, étendu aux 50 états, explique pourquoi un président élu peut être minoritaire en voix d'électeurs. Et ceci est loin d'être anecdotique puisque dans un passé récent, Georges Bush junior et Donald Trump avaient obtenu moins de voix d'électeurs que leurs concurrents démocrates. 

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