J’étais présent à la réunion publique organisée au Bourget sur le plan de purification de l’air (PPA) d’Ile de France, sur le thème « la qualité de l’air et le transport aérien ».
Les principales émissions de polluants concernent l’oxyde d’azote (NO2), qui sont à l’origine d’irritation des bronches et les particules ultrafines qui, du fait de leur taille, envahissent l’organisme par voie pulmonaire, avec, en première ligne, l’appareil respiratoire et les risques de cancers pulmonaires. Il faut ici faire une observation : si le transport routier est la première cause de pollution atmosphérique, le rôle de l’aviation est loin d’être négligeable, au moins pour les riverains des aéroports : il est en effet possible de limiter les émissions routières au moyen de pots catalytiques, impossibles à installer sur les réacteurs d’avion. Pourtant, la place de l’aérien est déniée en bloc : dans le document 4 pages de la préfecture distribué à l’entrée (pièce jointe), il est question des différentes sources de polluants : transport routier, chauffage au bois, activités agricoles, bâtiment, etc., mais pas une seule fois le transport aérien n’est mentionné. Cela en dit long sur la volonté des Pouvoirs Publics d’occulter le problème posé par l’aviation.
Pour ADP et la DGAC, la volonté affichée est de limiter les nuisances pour les riverains des aéroports. Mais c’est au cours des mouvements d’avions (décollages et atterrissages) que sont émis 90% des polluants et les mesures proposées ne portent que sur les 10% restants, qui concernent les émissions liées à « l’intendance » des vols. Une des mesures envisagées consiste à réduire les manœuvres polluantes au sol, en particulier en cas de pic de pollution annoncés, mais est-il question pour autant d’annuler les décollages et atterrissages ?
Et, même si on réussit à éliminer ces 10%, les objectifs d’accroissement du trafic – déjà exprimés dans le PPBE de Roissy – donnera encore plus d’importance aux nuisances dues aux vols eux-mêmes et rendra inopérantes les mesures de ce plan de protection et irréalistes les baisses attendues d’émission d’oxyde d’azote (-38%) et de particules fines (-18%) mentionnées dans le document 4 pages de la préfecture.
Les mesures pour dépolluer l’atmosphère autour des aéroports concernent d’abord l’acheminement des passagers vers ceux-ci : il s’agit de substituer, à toutes les voitures qui convergent vers les installations d’ADP, un transfert modal vers les transports en commun. Effort sans aucun doute nécessaire, mais totalement hors-sujet, parce qu’il témoigne, s’il en était besoin, d’une volonté de l’aérien de se défausser sur les autres modes de transport.
En résumé, il s’agit d’un discours visant à exonérer l’aviation civile de tout effort en faveur du climat et de la santé des riverains, comme la DGAC et ADP ont si bien le faire jusqu’à maintenant. Le discours des représentants d’ADP et de la DGAC suscite dans la salle une indignation généralisée, qui se traduit dans les commentaires : les pratiques de l’aviation civile et la complaisance des autorités publiques à leur égard visent à sacrifier la santé et l’espérance de vie des riverains au profit de la croissance de l’aviation et cela, de façon quasi-unanime, est inacceptable pour les participants. Il est rappelé l’exemple d’Amsterdam-Schiphol, un aéroport comparable à celui de Paris dont la Direction, en accord avec les autorités publiques, a décidé de mettre en place une réduction du trafic aérien de 505000 à 440000, l’instauration d’un couvre-feu et l’interdiction des jets privés. Alors pourquoi ce qui est possible à Amsterdam ne le serait-il pas à Paris ?
En attendant d’hypothétiques mesures de désintoxication de l’aviation civile, la seule efficace est la diminution du nombre de vols. Il faut que « décroissance » cesse d’être un gros mot. Les péroraisons d’ADP et de la DGAC ne visent à rien d’autre qu’à nier cette évidence et cette hypocrisie montre, accessoirement, qu’on nous prend tous pour des imbéciles.
Document préfecture