Mesdames Pécresse et Cavecchi, réalisez-vous qu’avec les projets de destruction d'espaces agricoles et naturels, le bruit et la pollution des avions qui, de jour comme de nuit, passent à basse altitude au dessus de nos têtes, l’Est du Val d’Oise est déjà un des environnements les plus saccagés de France ? A en juger par l'inscription au SDRIF (Schéma Directeur de la Région Ile de France) d'un projet autoroutier qui apporterait son lot de nuisances aux huit villes traversées ou longées par cette nouvelle voie rapide, on peut sérieusement douter que le conseil départemental qui pilote le projet en ait pris pleinement la mesure.
L'avenue du Parisis, plus connue sous le nom de BIP (Boulevard Interommunal du Parisis), sera, s'il voit le jour, un lien autoroutier tendu entre le port de Gennevilliers et les zones d'activité autour de Roissy. Cette situation géographique serait la cause d'un défilé continuel de camions qui circuleraient dans les deux sens, profitant de l'aubaine d'une voie rapide sans péage.
Les conséquences prévisibles sur l'impact de cet ouvrage apparaissent dans une tribune de soignants (Le Monde, décembre 2022) qui dénonce l’impact du bruit aérien sur la santé publique : la littérature internationale et les rapports officiels mentionnés dans cette tribune font état d’une incidence accrue de certaines pathologies en conséquence du stress généré par le bruit : hypertension, cancers du sein, diabète, augmentation de la mortalité par maladies cardio-vasculaires, obésité. Ses conclusions sont transposables au transport routier, car quelle que soit leur provenance, les décibels sont tous de même nature.
Egalement dénoncé par le Monde, ainsi que par un article récent de 20 minutes, l'impact du projet sur la santé des élèves et l'apprentissage scolaire. La carte publiée par 20 minutes montre que le BIP passera à moins de 500 mètres d'une trentaine d'écoles avec 10000 élèves concernés. A Soisy-sous-Montmorency, c'est à100 mètres du collège Descartes que le BIP passera. Ce matin, sur le journal de huit heures de France Inter, le maire de Soisy exprimait son soutien au projet car, disait-il, cela réduirait les embouteillages sur le Boulevard Kellerman, qu'il a lui même organisés en faisant passer celui-ci de quatre voies à deux voies. Plutôt que de restaurer ce boulevard dans sa configuration initiale, préférerait-il sacrifier les élèves du collège Descartes ? C'est en réaction à ce genre d'incohérence que, tout au long du trajet, des collectifs de parents d'élèves opposés au projet sont à l'oeuvre, car il n'y a pas besoin d'être un expert pour comprendre que les perturbations du bruit sur la scolarité des élèves peuvent se résumer en une double équation : bruit accru = troubles de la concentration = difficultés d’apprentissage. C’est à cela que nos brillants décideurs entendent soumettre les élèves des écoles qui se partageront les nuisances du BIP. Mesdames Pécresse et Cavecchi, monsieur Strehaiano , en tant que médecin signataire de la Tribune du Monde, je vous dis en face qu’un tel degré d’irresponsabilité est insupportable.
A l'heure où certaines communes - dont Paris - ont amorcé une guerre larvée contre le "tout automobile", le Conseil Départemental du Val d'Oise entend imposer la démarche inverse aux communes concernées, sans tenir le moindre compte des oppositions exprimées dans les motions votées par trois conseils municipaux. Celles-ci, nous dit-on, n'ont aucune valeur juridique. On en arrive à ce paradoxe qu'un Conseil Départemental élu par des électeurs qui, dans leur grande majorité, ne sont pas concernés par les nuisances du BIP aurait plus de légitimité en la matière que les élus des habitants directement impactés par le projet.
Tant pour les nuisances aériennes que pour le BIP, nous avons affaire à des décideurs médiocres et bornés, fermés à tout débat, ne lisant pas les articles qui leur disent qu'au contraire de ce qu'ils croient, cette autoroute aménerait une "circulation induite" qui annulerait les avantages qu'ils prétendent en tirer et qu'a l'inverse, la fermeture d'autoroutes existants peut supprimer des embouteillages. Si la volonté délibérée de ces politiciens était de pourrir la vie de leurs électeurs, ils ne s’y prendraient pas autrement !
Un dernier rempart subsiste : celui du ministère des transports, car Clément Baune a annoncé son intention d'arrêter certains projets autoroutiers. Espérons, sans peut-être trop y croire, que le BIP fera partie de ces projets. Dans le cas contraire, appelons les choses par leur nom : cela démontrerait que nous ne sommes plus en démocratie, mais soumis à la dictature de la bêtise et de l'incompétence à tous les étages du pouvoir.
Depuis deux semaines, une PETITION CONTRE LE BIP, a été mise en ligne. Habitants du Val d'Oise, il vous appartient de manifester votre opposition au projet en y apportant votre signature.