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Billet de blog 6 novembre 2025

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Protection universelle maladie : bon ne s'écrit pas avec un C

Le film "Sicko" de Michael Moore nous racontait comment, toute honte bue, des américains résidant et travaillant dans leur pays allaient se faire soigner à Cuba où la médecine est gratuite. Aujourd'hui, le journal "Le Monde" nous révèle un scandale similaire qui se passe chez nous.

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Le film de Michael Moore incluait une séquence où le cinéaste, voyageant  dans divers pays pour comparer les systèmes de santé publique, terminait son périple en France, décrivant notre pays quasiment comme le paradis sur terre. C'était le moment où je disais que nous n'avions pas à avoir honte de notre médecine, d'un excellent niveau et surtout accessible au plus grand nombre, ce qui n'a jamais été le cas aux Etats-Unis. Sur ce dernier point, je ne suis pas sûr de pouvoir encore dire la même chose aujourd'hui, à l'heure où la politique de limitation des effectifs médicaux instaurée par le numerus clausus porte ses fruits vénéneux - déserts médicaux, fermetures de services, faute de médecins pour occuper les postes, attentes interminables dans les services d'urgence. Mais, au moins, grâce à la sécurité sociale, on ne reste pas à la porte des hôpitaux faute de moyens, comme cela peut être le cas aux Etats-Unis.

A l'heure où l'Assemblée Nationale débat sur les économies de bout de chandelle à réaliser dans le budget de l'assurance maladie au détriment des salariés, le journal Le Monde nous parle d'américains qui ont bien compris la leçon donnée par le film de Michael Moore et qui viennent - eux aussi toute honte bue - prendre leur retraite en France dans le seul but de profiter d'un système de santé plus digne de ce nom que le leur, et ceci sans aucune contrepartie : ils ne paient pas d'impôts chez nous, à l'exception de la TVA et des impôts locaux, ils ne paient pas non plus de cotisations sociales, mais peuvent obtenir gratuitement une carte Vitale au bout de trois mois de présence. Certains d'entre eux prétendent que cela se justifie par une contribution supérieure à la TVA du fait qu'ils dépensent sans compter, ce qui veut dire que seuls des retraités riches ont les moyens de cet exil. Mais toutes ces arguties ne peuvent pas occulter le fait qu'ils bénéficient  d'une pression fiscale très inférieure à celle qui s'exerce sur les français. 

Mais il ne faut pas oublier qu'il y a aussi des américains qui viennent vivre en France parce qu'ils aiment notre pays jusqu'à, dans certains cas, demander la nationalité française et c'est sans doute ceux-là qui sont le plus critiques vis-à-vis de cette situation ubuesque : l'article du Monde rapporte cette appréciation d'une franco-américaine résident à Angers qui déclare, sous couvert de l'anonymat : "C'est vraiment ecoeurant, alors que jamais un retraité français ne serait accepté aux Etats-Unis et il pourrait encore moins entrer dans le système de santé américain" [ce que ne souhaite probablement aucun français ayant toute sa raison !!!]. Une autre ajoute : "la carte vitale, c'est cadeau, alors qu'un américain moyen gagne deux fois plus qu'un français". 

Cet état de choses est la conséquence d'une diposition fiscale qui fait la partie belle aux retraités (pas seulement américains)  qui viennent s'établir en France. Aux Etats-Unis, il s'est même monté des agences qui profitent de cette faille pour organiser l'expatriation de leurs clients. Mais il est temps de rappeler à des profiteurs qui, en d'autres circonstances, nous crachent à la figure que "bon", ça ne s'écrit pas avec un C et de dénoncer cet accord. C'est pourquoi il convient de soutenir l'amendement porté à la loi de financement de la sécurité sociale par le député François Gernigon, du groupe Horizon, en faveur d'une cotisation spécifique qui porterait sur les étrangers titulaires d'un visa long séjour. 

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