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Billet de blog 7 décembre 2025

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Soutien à Sophie Binet

La secrétaire générale de la CGT est aujourd'hui mise en examen pour une soi-disant injure publique envers le patronat, au cours d'une émission radio datant du mois de janvier.

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Voici la phrase litigieuse qui sert de prétexte à traîner une syndicaliste en justice, en réponse à Bernard Arnault qui brandissait la menace d'une délocalisation : "ses propos sont à l'image du comportement des grands patrons aujourd'hui qui coulent le pays", qui "n'en ont plus rien à faire de la France (...). Moi, j'ai envie de dire : les rats quittent le navire."

On croit rêver : une dirigeante syndicale trainée en justice pour avoir usé d'une métaphore passée dans le langage courant. Car il s'agit bien d'une métaphore et non d'une injure qui signifierait que les patrons concernés sont réellement des "rats". On voit là tout le ridicule d'une plainte que le Ministère Public aurait été mieux inspiré de classer sans suite !

Car cette affaire n'est pas la marque d'un état de droit : cela fait des décennies que les grandes entreprises pratiquent ce qu'on appelle pudiquement "l'optimisation fiscale", que leurs dirigeants se rebellent contre toute mesure  (proposition Picketty ou taxe Zucman) visant à rétablir une justice sociale et fiscale, que leurs actionnaires pratiquent l'évasion fiscale en créant des holdings, que les plus grandes fortunes refusent aujourd'hui de participer à l'effort budgétaire, soutenus par l'Etat qui a la hantise de délocalisations massives. On peut aussi dire que, dans les faits, ces mêmes dirigeants refusent toute participation fiscale au réarmement nécessaire pour faire face à la menace russe. Alors, au risque d'être moi-même attaqué pour avoir soutenu ces propos, j'affirme que la métaphore utilisée par madame Binet est une expression de ce qu'elle (et moi aussi) a de bonnes raisons de penser être la réalité : les dirigeants des grandes entreprises font bien figure de rats qui menacent sans arrêt de quitter le navire et ils sont bien mûs par l'appat du gain, au moins pour rétribuer leurs actionnaires aux dépens de leurs salariés. Et, dans un état de droit, on ne menace pas de condamner un(e) citoyen(ne) pour exprimer une opinion, surtout, encore une fois, quand il s'agit d'une métaphore passée dans le langage courant. 

Faut-il voir dans cette affaire, comme l'affirment certains, une tentative de criminalisation de l'action syndicale ? La réponse est dans le camp de ceux qui ont intenté cette action et, s'ils veulent répondre par la négative, le seul moyen convaincant est de retirer immédiatement cette plainte, qui n'aurait jamais dû être déposée. 

Une pétition est en cours pour soutenir Sophie Binet et, quoi qu'il puisse penser par ailleurs des idées que défend la secrétaire générale de la CGT, il faut considérer que l'affaire dépasse sa personne. Tout lecteur de ce billet est donc invité à la signer pour les raisons exposées ci-dessus.

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